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jour fixé pour commencer la pêche. U n mois après
les pêcheurs viennent continuer leur pêche aux
environs de Bookènes où ils demeurent fept fe-
maines. De-là ils's’approchent à la hauteur de Y ar-
mouth, oh la pêche continue pendantfoixante douze
jours. Ce trçûfiéme période écou lé , lés pêcheurs
jettent leurs filets .vers la fin de novembre ail voifî-
' nage des côtes de Hollande, ou. ils fîniflent d'ordinaire
l’année. L e hareng qu’on prend depuis la
St. Jean , jufqu’au 15 jililie t , eft encaqué avec du
gros Tel, & on ne peut en vendre que dix jours
après cette opération. L e hareng qu’on prend au
commencement d’août eft feulement foupoudré en
nier , & enfuice , lorfqu’on le porte à terre , falé &
encaqué avec beaucoup dé foin , afin qu’il' foie en
état de fe conferver mieux & plus long-temps. Il eft
ftatué d’ailleurs par les ordonnances, que les harengs
foient bons & falés à tems , que le fel foit de la
qualité requife & en quantité fuififante ; enfin, que
les barils où on les encaque , lefquels doivent être •
marqués, n’aient, aucun mauvais goût. Il eft défendu
aUx pêcheurs d’en vendre fur mer aux étrangers , &
d’entrer dans un autre port que celui de leur armement.
Il y a des peines très-rigoureufes contre- les
pilotes , les pêcheurs , les encâqnemrs & tonneliers
de harengs, qui feront convaincus d’avoir vendu
aux étrangers leurs uftenfiles ou leurs barques pour
cette pêche , ou de s’être engagés à leur fervice
pendant un tems quelconque.
• Tout le monde connoît le hareng & fait fans:
doute que .e’eft un poiflon de paflage qui marche
en troupes innombrables ayec une célérité fuprenante;
il fe montre vers le folftice d’ été fur les côtes d’E-
cofle , d’ou i l s’approche enfuite de celles d’Angleterre,
& en part à là fin de l’année pour les atterrages
d’Irlande ; de-là il va jetter Ton frai dans la mer
du Nord , & y refte jufqu’à l ’année fuivante. Les
bâtimens dont onfaitufage pour la pêche du hareng,
nommés Bu y fe s & Hockèrs^ font du p.prt'-de vingt
à. trente lafts, ayant pour tout équipage treize à
quarterze perfonnes , le pilote y compris & pour-
uftenfiles de pêche environ' quarante-cinq filets. L e
nombre de buyfes & de hoekers qui s emploient
à préfent à la pêche du hareng ne va pas au-delà
de deux cents , dont chacune fait par an deux où
trois voyages ; & il y a toujours une vingtaine dé
jà g e r s ô ù de vieille?' buyfes'qui fuivent les bâtimens
pêcheurs’ pour tranfporter lé hareng que
prennent - ceux-ci dans plùfîeurs ports des Provinces-
Unies , où les premières arrivées vendent extrêmement
cher ce poiflon.
■ Il feroit inutile de faire une plus longue digref-
fion touchant la pêche du hareng & le commerce
qui' s’en fait en Hollande. L ’une eft allez connue ,
& l’autre eft- rriaintenant d’une trop petite importance
pour mériter que nous en parlions davantage.
I l eft-' bon néanmoins que, -nous, difions, un
mot d’une autre- pêche de hareng, qui fe fairùans
. le' Zùiderzée-, dont la préparation eft différente de
ce lle de * la grande pêche des côtes d’Angleterre.
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Elle confiée à fumer ce. poiflon’, dànS1 un degre*
convenable & qui ne puifle lui donner aucun
mauvais goût. C ’eft furtout à H a rd e rw y k , quon
excelle dans cette partie ; & malgré la grande réputation
des harengs qu’on prépare aux environ?
jde Yarmouth en Angleterre } les harengs-fores,
tel eft le nom qu’on donne au hareng fume, .'de
Harderwyk , font tout aufîi bons . 8c auffi délicats.
L a morue- que les Hollandois nomment Cabiljau
lorfqu’elle eft fraîche , Stokvis lorfqu’on la ^ fait
lécher, & Aberdaan quand e lle eft Talée, fe peche
à la hauteur dé lTflande, ifle dé la mere du Nord
appartenant au Dancmarck. Cette morue eft à peu
près femblable à celle que les François & les An-
glois vont pêcher fur les bancs de Terre-Neuve dans
l ’Amérique Septentrionale j & ‘qui eft connue fous
les noms de morue fech e & de morue verte , fui-
vant la préparation qu’ on fait -fubir a ce poiflon. Il
part pour ces p êch es , de divers ports des Provinces-«
1 U n ie s , un centaine de bâtimens , une année portant
l’autre, y ayant eu des années où le nombre a
furpaffe '1 50 , & d’autres où il a été au-deffous de
50. Cette pêche , de même que celle du hareng,
telle qu’elle a lieu aujourd’hui , fe confervera toujours
a peu près dans le même état,’attendu que.-les
habitans des Provinces-Unies en font eux-mêmes la
plus forte confommation. Il m’en fera pas de meme
delà pêche de la baleine qui eft fulceptible d’accroif*
fement ou de diminution en raifon .des cîfconftancës
& fur-tout des progrès , petits ou grands, que d’autres
nations peuvent Taire dans le même genre d’induftrie.
Voyons maintenant les gradations de cette pêche en
Hollande depuis fon origine.
Les peuples qui habitent la Cantabrie Françoife
& Efpagnôle, connus fous les noms ‘ de Bdfques
& de B îfca y en s , parmi lefquels nous comprenons
principalement les h'abitans de la province de Guy-
puzeoa, Turent lès premiers' Européens qui entreprirent
la pêche de la baleine , 'pëu dè çems après
la découverte de l’Amérique , ou peut-être même
avant : toujours eft—il vrai qu’ ils furent' feuls en
pofTeflî011 de, cette pêchejufqu ’au commencement
du dix-feptiéme fiécle , qu’il fe forma en Hollande
& en Zélande diverfes Tociétés de négocians qui
armèrent pour cette pêche , après s’être, procure
des Bafques & des Bifcayens eux-mêmes , les ren-
feignemens requis. Les premières entreprifes réuf-
’ firent parfaitement ; ;ce qui porta les états-généraux
à former -une compagnie à laquelle ils accordèrent
un oétroi en .15-14 j qui fut enfuite renouvelle
en M pour quatre ans 5 en 16zz , pour douze
ans j & en 1633 , pour huit ans. A chaque renouvellement
d’oétroi , leurs hautés-puiflances faifoient
une nouvelle défenfe à tout particulier d’entrepren-
dfe la même pêche pour fon compte. Maigre cette
faveur & les autres encouragemens que la compagnie
du Nord reçut de l ’état elle ne put fe foutenir
long-tems, &-fut obligée de fe diflbudre laiffant
ainfi aux fpéculateurs la liberté de continuer la
pêche. Dès-lors elle prit une nouvelle activité î p^a“
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lîeurs fociété des.négociais s’unirent pour la faire à
. frais communs-, & le commerce qui s’enfuivit acquit
une fplendeur où il s’eft Tou tenu, à quelque chofe
prés, pendant plus d’un fiécle, on verra ci-
après; ;
L a baleine fe pêche dans les régions les plus fep-
tentrionales, telles que les côtes de la nouvelle Zemble,
de Groenland, de Spitzbergue-, & de l’ifie des Ours.
Elle eft nommée baleine où cachalot fuivant l’ef-
pèce à laquelle elle appartient. L à baleine proprement
dite n’a pour défenfes qu’une longue ' barbe
qu’on nomme fan on s don t il le fait un grand commerce;
au lieu que le cachalot eft pourvu de longues
dents qui reftemblent à l’ivoire & qu’on emploie
a divers ufages. O n tire de la baleine & du cachalot,
outré les fanons & les dents,' de l’huile , qui eft
l’objet principal de cette pêche , 8c le fperme , dont
le commerce eft plus profitable qu’utile. Les plus
grofles baleines fe prennent à la hauteur de Spiczé-
bergue , celles de Groenland & du détroit de
Davis n’étant pas à beaucoup près fi grofles. On y
pêche aufli.le narval qui eft iinmonftre marin de
la grandeur 'du boeuf. I l eft recherché à caufe de
deux grandes dents dont fes mâchoires font garnies,
qui font aufli eftimées que l ’ivoire pour la blancheur
- ainfi que pour la finefle. L a pêche du chien marin
a egalement'lieu, dans les- mêmes, parages , moins
pour l’huile qu’on en tire, que pour .les peaux
de ces monftres dont on fait grand cas.
On divife la pêche de la baleine en deux parties ,
dont la principale eft comprife fous le nom de
pêche de Groenland ; l’autre eft la pêche du détroit
de Davis. Les navires qu’on emploie à ces deux
pêches , font des flûtes & des galiotes du port
depuis T 00 jufqu’à i 5o lafts. Ils font pourvus chacun,
de quatre , cinq ou fix chaloupes, & montés d’un
équipage d’environ quarante-deux hommes, y compris
le capitaine qui eft nommé commandeur. Les ;
navires âeftinés pour le détroit de Davis j mettent '
a la voile à la fin de février & au commencement
de mars ; les autres ne partent qu’en avril. L e retour
de ces navires a,ordinairement lieu aux mois d’août
& feptembre. Comme cette navigation eft fujette à ’
de grands dangers , & le fuccès de la pêche très- \
, incertain , attendu que quelques navires peuvent |
périr dans les glaces ou revenir fans avoir pu prendre
des baleines", ordinairement les foéculateurs dans '
cette pêche ’ s’intéreflent fur divers arméniens afin,
Pêche de Groenland.
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de divifer les rifques de l’expédition , à moins qu’ils-
n’aiment mieux Te faire couvrir de ces rifques par
quelque aflùrance.
L a république a tâché , en tout tems & par
tous les moyens poflîbles , d’encourager la pêche
de la baleine , qui fît des progrès fenfibles dès
qu’elle eut été affranchie des entraves'du privilège
exclufif accordé à la compagnie du Nord. En 1675 -
les états-généraux jugèrent àufli convenable d'abolir
le droit ae deux pour cent impofé fur les retours
de la pêche faite pour le compte des fujets de la
république par navires Hollandois ; & ils ordonnèrent
, au contraire , la levée d?un droit de quarre-
pour cent fur les produits de la pêche d e là baleine
qui pourroienc être’ importés pour compte & fous
pavillon étranger Hans les Provinces-Unies. I l eft ,
au re fte , expreflément défendu aux habitans de
celles-ci, fous diverfes peines pécuniaires, de fréter
aux étrangers des navires pour la pêche de la baleine,
& de s leur prêter même des chaloupes , harpons ,
futailles & autres chofes quelconques propres pour
cette pêche. Ils font déplus obligés de faire les retours
du produit de leur pêche dans quelque port de la
république.
Les villes des Provinces-Unies qui font ordinairement
les équipemens pourlay>e^e de la baleine,
font Amfterdam & Rotterdam, & les villages de
Sardam , Ryp & plufïeurs autres de la N ord-Hollande
, ou Frife-Orientale. L e nombre des navires
qui partent de ces endroits ppur la pêche, varie
beaucoup d’une année à l’autre , & ces différences
marquent aflez les révolutions auxquelles eft continuellement
fujet le commerce relatif à cette pêche.
Rien ne nous a paru plus propre à jetter du jour
fur cet important objet queK les liftes qui vont fuivre.
Dans Tune Ton voit le nombre des navires retournés
de la pêche de Groenland, dans les Provices~ U nies9
celui des baleines qui y ont été prifes & dépecées ,
& la quantité de futailles de lard qu’on en a retirées ,
enfin les prix qu’a valu l’huile depuis 1669 jufqu’en
1 7 18 .L ’autre lifte contient les mêmes objets relatifs
aux deux pêches de Groenland & du détroit de Davis
depuis 1715 jufqu'en 1779. Nous avons feulement
ajouté dans cette dernière lifte , la quantité du plus
ou mois de futailles d’huile qu’a rendu le lard apporté
par les navires de l’une & l ’autre pêche. V o ic i ces
deux liftes.
Pêche de Groenland.
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Ann. Navires Baleines F u ta ille s P r ix de A nn. Navires B a le in e s F u ta ille s P r i x de
revenus, dépecées. de lard. Vhuile. revenus. dépecées. de lard. Vhuile. .
Ù69 138 p z i 47,949 fl. 2,8 à 30-5 1677 145 78 4 7 1
0
3i-j à 3 2 I
1670 148 794 32,574 .2 8 à 30 1678 I ÏO ig p jy p 45,148 . 25-j à 2S
*<>71 158 t,-©'8'3 -j 45,38:6 . 231 à 28 1679 125 791 3 7,57a ■ 31 ! à 31
16 7 1 ,7 5 & 74 il n’y eut peint dé pêche.,-. i 58o U i 1 ,^ 7 7 7 51,431 . 2 7 I à 28
*675 149 900- 38,721^ . 37 à 3 9 ‘ 1 1681 176 88 5 f 30,609 •. 35 7 à 35:
*676 145: 81 z j 34,915 . 36 à 31 i i 58z 19 % i 3454:| 61,488 . 2 § i à 281