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4e coton , & d'autres marchandifes dés Indes &
d’Europe , où les habitans vont fe fournir de ce
cju’ils ont befoin 3 fur quoi la compagnie fait un
aflez grand, profit.
Les vivres , les munitions , & les marchandifes ,
q u i , comme on 'l’a dit , y viennent de Batavia,
font apportés chaque année par deux jjaiflèàux de'
la compagnie , qiii pour tout retour ,Te chargent
uniquement de H o u , qui quelquefois eft en fi
grande quantité , qu’on eft obligé d’en bniler , ou'
d’en jetcer line partie dans la fner j cé qui provient
du traité-que les Hollandais ont’ fâit avec les- habitans,
de'prendre tout leur clou ^u' prix, convèriu.
On compte à jlmboine plus de 60,000 hàbitans ,
dont la moindre partie eft Hollandoife , en forte
qu’il faut les ménager , & entretenir de girofles gar-
aifons, pour les tenir en refpeôt , fi on ne leur
dônnoit pas fatisfaélion fur la réception |ie leur
clou.
On a vu ei-deflus par combien de dépenfes & de
guerres la compagnie de Hollande s’èft afluré le
commerce des épiceries , & avec quel foin , &
quelle jaloufie elle s’applique à fe le conferver ;
cependant il eft certain qu’elle n’a pii jufqu’i c i , &
qu’elle ne pourra jamais empêcher qu’il ne s’en faflè
un allez grand déverfement , même par fes propres
officiers , en plufieurs lieux des Indes , fur-tout du
clou de girofle,
Il-éft vrai qu’il eft défendu aux matelots des vaif-
feaux qui vont aux if]es des épiceries , auïfi-bien
qu’aux capitaines 8c fubaltemés qui les comman-.
dent , d’en apporter plus que pour leur propre
filage -, e’èft-à-dire , une livre ,- ou deux : mais il
eft rare que les -uns 8ç les autres fe réduifent' à
une pacodille fi modique 3 & il n’arrive .guères
de batiment chargé d’épiceries pour ‘Batavia , qui
avant que d’y aborder, ne laifle à terre , en quelque
endroit. fur , une bonne quantité ou de muf-
çade., ou de girofle , dont les directeurs généraux
n’ ont aucune cpnnoiffancecsu du moins qu’ils feignent,
d’ignorer.
Une autre manière de tromper la compagnie ,
particulièrement pour le, g iro fle , que pratiquent
aflez ordinairement'les comman dans’ & marchands
qui font fur les yàifléaux , eft d’en vendre aux
navires des autres nations qu’ils rencontrent en mer,
& de mouiller le refte , afin que le nombre des
bahares, ou quintaux de cette marçhandife qui fait
leur cargaifon , s*y trouve toujours 3 ce qui peut
aller à 10 & 15 par cent, (ans que les commis des
magasins qui le§ jrecoiyent à Batavia, puiflènt s’en
apper devoir,
T i m o r & S o i o r font encore deux ifles de l’A rchipel
oriental, entre la pointe de l’ifle de Cele-
b e s , & les ifles F lore s , où les Hollandais font aifffi
quelque commerce , & ont des forts.
A Timor,'on négocié des efçlaves, de la cire &
du bois de fental. On peut tirer chaque année environ
ip o o barres, de fental, à ?6o livres poids de
Hollande la barre 3 8c ç-eft principalement pour
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ce bols que la compagnie confefvô Cét établifle*
:ment, à caufe du grand débit qu’il a dans la Chine ?
la cire y eft à bon compté. -
L e commerce de Soior'eü encore moins confîdé-
rable que celui de Timor : on en tire les mêmes
chofes, & outre cela ce qu’on appelle en médecine là pierre de S o io r , qui eft une efpèce cjç bézoard
qu’on croit fouverain contre des poifons.
ISLES PHILIPPJNES, ou M AN IL L E S . (Cora-<
merce des )
L e fameux Magellan a qui on doit la découverte
du déti ■ oit qui porte fon nom , éft le premier des
Européens qui a eu connoiflanCe des ifles P h ilip pines
, mais ce fut aufli où il finit fes découvertes
& ‘fâ v ie , ayant été tué dans un combat contre les
hàbitans de Cebut, o u , comme d’autres le rappor-
ten t, dans un feftin où il avoir çtç convié par les
itïfirlàires.
Cette découverte fe fît en iç z o j les Efpagnols
cependant .ne s’y établirent qu’en 1^64 , fous' le
régne de Philippes Ï I , de qufcesifles ont pris leur
: nouveau nom , les grandes guerres qui .occupèrent
Charles-Quint jufqu’à fa retraite ne lui ayant pas
permis de penfer à étendre fes conquêtes de ce
côté-là.
Ce fut Louis ‘Vedafco , Viceroi de la nouvelle
Efpagpe , qui ordonna l’àrmëment dèftiné à cette
entreprife, dont il confia la conduite à Miguel Lopès
de Legafpi.
Les guerres inteftines qui troubloient alors la
plupart des ifles L u ço n , f'les"Irjdieiîs nbmmhut ainfi
les P h ilip p in e s ., ). aidèrent beaucoup, les^Efpa-'
gnols à s\en rendrë maîtrès 5 cependant dès':dëus
grande^ , qui font- M a d ïllé '8e. f Mintfonât»- ,Hls. ne
purent s’emparer que de la première, les hàbitans
de l’aütre n’ayant jamais pu être fournis' , & jotiif-
fant’encore de leur ancienne liberté , mais aufli de
leur barbarie.
Ces ifles font fltuées dans la mer des ind'es., entre
la Chine &fles Moliiqüés, à 100 lieues des côtes dé
Camboÿa & de Champa, & à zoo des ifles Marian-
nes ; elles comppfent un des cinq Archipels de
l’océan oriental,... ..
Quelquesmnsiïe domptent qu’ ôiïz'e cent ifles dans
cet Archipel , mais d’autres .y en mettent jufqu’i
ijT’OQ, e’e Semble avec; un peu d’exagération , quand
même on ÿ joindroit tôüs lés éciieils 8ç les rochers
de cette mdr.
L ’ifle M an ille , ainfi nommée de (à' capitale , eft
la plus confidérable dé toutes ' celles qu’ôcctipenf
les Efpagnols , & le centre de leur cormiverce qu’ils
étendent d’un côté jufqu’à la Chine , &' deTautra
fur les côtes de J’Amérique, qui font fur Ja mer du
Sud,
Cette ifle, quoique fitiréè fous la zottè tôrtide,
aufli-bien que lé refte des P h ilip p in e s , jouit d’un
àir fain 8c aflez tempéré , malgré la' réputàtiori
qu’elle avoit eue d?abqrd 'de dévorer les Efpagnols
qui s’y habituojent, T l l ç eft la -plüs feptçùtrioùalé
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4e- toutes, les M an ille s , & n’a guères moins de.
400 lieues de tour.
Mindanao, qui au contraire eft la plus méridionale
de ces ifles ne cède guères en grandeur à celle,
de M anille ; mais fes habitans font en quelque forte
un commerce à-part, foie avec les Efpagnols.mêmes,
quand ils ne font point en guerre avec eux j foit à
la Chine , où ils envoient des champans de leurs
chefs y foie enfin à l’ifle de Bornéo & a u x autres ifles
de la Sonde l, ; où ils portent diverfes denrées de
leurs p a y s , & en rapportent les ùiarchandifes dont
ils ont befoin.
. Ils avoient aufli une efpèce de commette réglé
avec les ifles Moluques, avant que les Portugais ,
& enfuice les Hollandais s’en-fufient rendus maîtres.
Le s marchandifes que ces peuples portent' dans,
tous ces lieux , font de fo r , qu’ils recueillent dans
leurs montagnes ,, & dans leurs rivières , particulièrement
dans celle de Bacuani. 3 de la cire , du
r is , du fagu , des1- étoffes d’écorce d’arbre , des
noix de coco , de. l’huile de fefamme & de lin,
qu’ils nomment Lihby 3 du fer , de, l ’acier , du
îafran. On tire aufli de cette ifle quantité de bois
de charpente , & les Efpagnols s’en fervent pour
bâtir des galions plus grands que ceux qu’iis font
conftruire en Europe : enfin elle fournit .plufieurs
milliers de peaux d’animaux, particulièrement
de cerfs 8c dé buffles , qui font propres- au négoce
du Japon.
L ’on peut mettre au nombre des marchandifes du
cru de. cette ifle, la mufeade , le clou de girofle, le
b etel, le cacao , & le poivre : mais à l’égard de ces
deux premières épiceries, les Infulaires non, cultivent
guères qu’autanc qu’il leur eft néceflaire pour leur
ufage , de peur que s’ils en plantoient davantage
cela né déterminât les Holland ois avenir chez eux
&,a-tacher de fe, rendre maîtres de ce négoce , comme
ils, ont fait dans les Moluques , & dans les ifles
de Banda, ainfi qu’on l’a dit ci-deflus.
Prefque tout le commerce des Efpagnols fe fait
comme on l’a dit, dans la ville de Manille.
Cette capitale, rëfidence de l’archevêque & du
viceroi , eft fituée â 14 dégrés m minutes de latitude
, dans la partie la plus méridionale de l ’ifle..
Son havre ,eft très beau , très fpacieux , 8c très fur.
.C’eft là qu’arrivent tous les ans les deux galions qui-
fe chargent à Acapulco , ville de la nouvelle.Efpa-
g n e ,'p °u r les M anilles ; & d’où partent les.deux
vaiffeaux qui tous les ans auffl , mais dans des inoif-
fons^ différentes, vont des Manilles à Acapulco.
Ce ft aufli à Manille qu’abordent fans cefle ce.
grand nombre de jonques , & d’autres bârimens
Chinois & Japonôis , qui , pour ,ainfi. dire, y apportent
toutes les richefiès de leurs empires , pour
es y échanger contre cel.es . du nouveau monde ,
dont cette ville eft comme l’entrepôt pour fOrient.
_ Ces nations y fout, ordinairement leur commerce
epuis décembre jufqu’en avril j & alors on y Voit
toujours 30 ou 40 de leurs gros bâtimens à la rade ,
n y én ayant guères moins; pendant le refte de l’an-
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née , de quatre.à- einq cent de toute, grandeur, qui?
appartiennent, aux Efpagnols & aux Chinois habitués
aux. ifles-, avec lefqnels ils font le négoce.de,
;C.et Archipel.
Les Portugais y font.auffi un bon négoce c’eft:.
prefque le feul où. iis faflent des. gains- confidérables-,
depuis, qu’ils ont perdu celui du Japon., .
; Enfin de toutes les nations, foit d’Europe.,,foie.,
jdes I n d e s i l , n’y a que les Anglois & les Hollan- ’
■ dois qui. foient exclus des Manilles ; encore les,
premiers y. font-ils une efpèce de négoce précaire ,
'fous le nom & fous le pavillon Irlandais.
L ’excluuon des. Hpllandois femble aflez bien,
fondée , cette nation ayant fait plufieurs tentatives’
;p:our. s’emparer de eps ifles., particulièrement l’en- ,
• treprife de 164P, qui. ne-leur réuflit pas 3 8c ayant -
la réputation dans les Inde s,,de n’ être pas'fcrupn-.
leux , 8c- de’ fe fervir. volontiers du droit de bien-;
(féance , pour fe mettre en polleflion. du bieu d’au-,
trui., quand d’autres prétextes leur manquent.
De. toutes les nations qui; trafiquent aux Manil- .f
l e s , ce font les- Chinois qui y font le plus grande
'commerce 3 foit ceux qui y réfidenc, qui font corn-
une- les ' faéteurs- des autre s. 3 foit ceux qui y. vien-
neht. tous les ans & qui. y apportent les marcha«** ?
difes.
Les Chinois .habitués dans- ces-ifles , font au nom-
‘bre de plus de vingt- m ille , & ce font eux qui y-,
exercent prefque tous les arts & métiers: , dont la
-fierté naturelle des Efpagnols ne leur, permet, pas
de s occuper.
Le s marchandifes que les Chinois &- les autres-
mations- y pportent, font des étoffes de foie &, de
coton de toutes couleurs , .des foies écrues& filées,
fflu coton en bourre 8c en fil , de la poudre à .ca—
'mon , du foufre ,; du fer , de l’ac-ier- , du vif-argent ,
du cuivre, de la farine de froment , des n o ix , des,
châtaignes , du bifeuit , des .dattes , des porcelaines-,
des cabinets , des écritoires , des bahuts de lacque
8c de vernis:, du ris 3 toutes fortes-de drogués 3 du
falpêtre , des toiles de coton, d’autres de lin , Man«»-
*ches & de couleur , des coeffures de femmes de
, raifeau ,, des voilçs à leur ufage ,• de l’étain & plu-
;fieurs’uftenfilës de ménage qui en- font faits 3 des:
■ franges de foie , du f il. de plufieurs façons 3 enfin
idiverfes merceries & quincailleries de la Chine &
•'d’Europe , & plufieurs mafTes de veroterie &-.de
jrafade j qui font bonnes pour l’iflë de Mindànào. "
Om tire- des - philippine s, une partie de mar-
chandifes-qui fe fabriquent & qui fe trouvent au-
Pérou , au Chily dans la nouvelle^ Efpagne , & fur.
toutes les côtes Efpagnqles:-de la mer. du .Sud , qui
font apportée^-à Manillei par les'vaiffeaux d’Aca*-;
pule0-3- mais principalement de l’or 8c< d e l’àrge-nÉ,.;
que les min.-s du Potofiôc du Chily. fou mi fient ea
abondance pour l’Orient, malgré'la grande quantité
que la flotte 8c les galions,en tranfportenc chaque
année en occident. ’
Les marchandifes du pays,font l’o r de Mindanao,
la c ixe, t a miel ., le. tabac 8c. le facre , que les