
724 I N D
IN D E O R I E N T A L E , ou plutôt IN D E S
O R I E N T A L E S . C’ eft cette grande partie de
l ’Afie qui comprend non-feulement l’ Indoftan, ou-
l ’Inde proprement dite, mais encore les deux Penin-
fules deçà & delà le Gange , toutes les ifles de l’O céan
Indique, celle de Ceylan , les Maldives , les
îfles de la Sonde, les Moluques, même a Chine & le
Japon ; enfin tout ce qui eft au levant de la Pe r fe ,
& au midi de la grande Tartarie jufqu’à la mer du
Sud. V o y e \ , pour le commerce des Indes , les articles
A n g l e t e r r e , D a n e m a r c k , E s p a g n e ,
F r a n c e , H o l l a n d e & P o r t u g a l .
INDES O C Ç ID E N T A L E S . On donne ce nom
à l’Amérique. Voye\ pour le commerce de çètte
partie du monde, Les articles-ci-dejfus indiqués.
IN D E . Ëlpèce de bois propre à la teinture.
L e bois d'.inde eft le coeur- du tronc d’un arbre
qui croît en abondance dans plufieurs ifles de l’A mérique
, particulièrement dans celles de Campê-
che, de la Jamaïque & de Sainte-Croix , d’où i l eft
appellé communément bois de La Jamaïque & de
Campêche.
L ’on tire trois fortes de marchandifes de cet arbre,
toutes fort eftimées 3 fon bois , fes feuilles & fon
fruit.
Son bois eft folide & pefant, & fouffre le poli ;
mais fon plus grand ufage eft pour la teinture en violet
ou en noir : l’on diftingue ce bois par la coupe ,
& le meilleur eft celui de la coupe d’Elpagne , c’eft-
à-dire, dont les bouts font , hachés , ce qui fait con-
noître qu’ il eft vrai Campêche , les Angiois de la
Jamaïque fciant ordinairement leur bois dinde , ce
que ne font pas les Efpagnols; il faut prendre garde
qu’il ne foit point pourri ni outré d’eau»
; Les feuilles de Yinde peuvent quelquefois tenir
lieu d’épicerie , & elles donnent un goût très-relevé
aux viandes & aux fauces où l’on en met, ayant une
odeur de lau rier, mais plus douce. On s’en fert
auflji en médecine , foit en fomentations pour guérir
la paralifie & autres maladies' provenant de caufés
froides , foit dans les bains pour fortifier les nerfs
foulés' & deffécher l’enflure qui réfte aux jambes
après les-fièvres malignes : l’on peut même l ’employer
utilement dans toutes les compofitions où l’on
fait entrer le fo lium indùpi.
■ Enfin, le fruit de cet *arbre que les Angleis appellent
poivre de la \Jamaïque ,* les Hollandois ,
amomi ; & quelques François bien qu’impropre-
ment, graine de girofle ; eft un véritable aromat,
& peut tout feul fuppléer au girofle, à la mufeade
& à la canelle, ayant quelque ehofe de tous les trois
enfemble.
INDEMNISER. Dédommager quelqu’un des pertes
qu’il a fouffertes. Vous avez perdu avec moi fur'
les dernières toiles que je vous ai envoyées , j’aurai
foin de vous en indemnifer ; il y aura beaucoup à
gagner fur celles que vous recevrez par la première
v.oiture.
S ’i n d e m n i s e r . Se dédommager. Ce marchand
1 N D
perd fur les petits marchés, mais il fçait bien s’en
indemnifer fur les marchés de.conféque'nce.
IN D EM N ITÉ . Dédommagement ou promeffe de
dédommager. Je ne crains rien dans ce commerce,
je fuis fur d’une indemnité, c’eft-à-dire,4 d’un dédommagement'.
Je n’ai prêté que mon nom dans
cette entreprife , dans cette manufacture ; j’ai l'in demnité
des marchands qui en font les entrepreneurs.
Ce qui fîgnifie un acte par lequel les vrais
propriétaires de la manufacture promettent d’indem-
nifer & garantir de toutes chofes celui qui en paroît
l ’entrepreneur , quoiqu’il ne le foit pas..
IN D EX . LeSvnégocians & teneurs de livres nomment
ainfi un livre compofé de vingt-quatre feuillets
, qui fe tient par ordre alphabétique , dont on
fe fert pour trouver facilement fur le grand livre ,
ou livré de raifon , les folios,' où font débitées &
créditées les différentes perfonnes avec lefquelles on
eft en compte ouvert.
IN D IEN N E . Toiles de coton peintès de diverfes
couleurs & figures, qui viennent des Indes orientales
, ou qui fe fabriquent en Europe.
IN D IG O . Drogue propre pour la teinture. On
la nomme aufli indè.
L ’arbriiïeau ou plante d’où fe tirent ces deux
drogues vient de graine, & croît environ de deux
pieds & demi de haut ; fes feuilles font petites , rondes
comme celles du buis, & de couleur d« verd naif-
fant tirant un peu fur le jaune quand elles approchent
de la maturité ; fa fleur qui eft - rougeâtre ,
femblable à celle des pois , produit des gôiiffes' longues
& recourbées, en faucille qui renferment une
petite femence de verd d’olive.
I l vient de Y indigo des Indes orientales, & des
Indes occidentales , & c’eft apparemment d’où cette
drogue a pris fon nom. Le meilleur eft celui à qui
on donne le nom de Sarqu ijfe , d’un village fitué à
quatre-vingt lieues de Surate , proche d’Amadabat,
ville importante de l ’empire du grand-mogol. Il s’en
fait aufli aux environs de Biana, d’indou a & de Coffa
près d’Agra; celui-ci s’appelle inde en murons..
Il y en a encore d^ns le royaume dé Golcoiide,
& les Hollandois en apportent de Brampour &' de
Bengâle : mais c’eft le moindre des indigos qui fe
fabriquent dans les Indes orientales.
Pour,ce qui eft des Indes occidentales, i l -»’y
fait de Y indigo dans plufieuts endroits de la T erre
ferme, mais particulièrement dans les ifles Antilles
: les meilleurs font ceux qui viennent de Gàu-
timala, de S. Dominguç & de la Jamaïque.
Pour bien choifir Y indigo, il faut le prendre en
morceaux plats , d’une épaiftèur raifonnable, moyennement
dur, net, nageant fur l’eau, inflammable * de
belle couleur bleue ou violet foncé, parfemé en dedans
de quelques paillettes argentées , & qui paroifle
rougeâtre en le frottant fur l’ongle.
Lorfque Yindigo eft trop pefant par rapport a
fon volume, il faut s’en défier & chercher à s e-
claircir fur fa véritable qualité. Les fraudes qu on
y peut faire font j i° . de trop battre la plante dans
. I N S
la trempoire, afin de confommer entièrement les 1
feuilles & l’écorce dé la plante ; 20. d’y mêler des 1
«cendres, de la terre , du fable ou de l’ardoife. L a
première fraude fe découvre par la couleur qui eft
noirâtre, & - p a r l e poids qui augmente conudéra-
bjement. Pour découvrir la fécondé fraude il faut
en diiToudre un morceau dans . dé l’eau ; s’il eft pur
il fe diffout entièrement ; au contraire la matière
étrangère coule au fond du verre quand'il eft mélangé.
L ’inde ou Yindigo fert aux peintures & aux teinturiers
ces derniers l’emploient avec le paftel &
le vouede pour faire leurs bleus. Il leur eft permis
de mettre fix livres d indigo fur chaque balle de paf-
tél dans la bonne cuve',- on d’en réferver une partie
pour le premier réchaud , ou pour tous les deux
réchaux, afin qu’ils puiffent plus facilement faire
leurs petites couleurs: ils peuvent aufli mettre'une
livre d indigo fur un cent pefant de vouede , pourvu .
qu’orçj^es mette enfemble dans la bonne cuve ; mais
il leur eft défendu d’employer Yindigo fe u l, ni fans
etre préparé avec la cendre gravellée. -
IN QUANT. Vieux terme de commerce qui lignifie
"ce qu’on entend préfentement par vente a
Vencan. On s’en fert encore en quelques provinces
de F rance, particulièrement en Bretagne, ou Ion
dit inquanter, pour dire , vendre à l’enchere.
IN R AM O . Coton inramo. Sorte de coton en
maffe & non filé qui fe tire du Levant & d’Egypte
par la voie du Caire : il fe vend fix ou (gpt piaftrés
les cent dix rotpls.
IN SO L V A B IL IT É . Impuiflance de payer fes
dettes. Les banqueroutes ont été eau fe de Y infoh-
vabilité de ce marchand ; mais Vinfolvabilité de,
celui-là ne vient que de fa mauvaife conduite & de
lès débauches.
IN SO L V A B L E . Qui n’a pas de quoi payer. Le
bénéfice de la ceflion de biens à été introduit en
faveur des perfonnes devenues infolvables, pour
les fauver de la perfécution & de la dureté de leurs
créanciers. Il y a cép^idant des cas où » tout in-
folvab le que l’on fo i t , on ne peut pas même jouir
de cette,trifte reffource.
IN SP E C T EU R . Celui qui eft commis pour avoir
foin de la conduite de quelqu’un ou de l’exécution
de quelque chofe.
L es i n s p e c t e u r s des ma nu f a c tu r e s , que l’on
nomme aufli en quelques provinces commiJfaLr.es
ou commis , font de s .pe r fonnes prépofëes de la part
du r o i , pour a v o i r inlpeCtion fur les ouvriers ,qui
travaillent en étoffes ou en toiles, foit fur les métiers
'des manufacturiers , foit fur ceux des particuliers.
L ’établiffement des infpecîeurs eft du à M. C o lbert
, fur - intendant dés arts & manufactures de
France.
Ces infpecîeurs des manufactures de France , de’
voiènt, entr’autres ch o fes, veiller exactement à ce que
les ouvriers fe confbrmaflent a<ÿc arrêts & réglemens
Concernant les largeur & longueur des étoffes qu’ ils
I N S 725.
fabriquoient, le qu’ils n’y employaient que les matières
ordonnées & permifes. .
Ils dévoient, autant qu’ils le pouvoient, être pré-
fens aux vifîtes & marques qui fe faifoient, ou fe mec-
toient par les maîtres & gardes, ou jurés & efgards
des marchands & ouvriers , foie fous les halles & les
marchés, foit dans les maifons des manufacturiers.
Depuis qu’on a fenti le vice radical de tous réglemens,
injonctions & prohibitions, le gouvernement
plus éclairé fur la néceflîté de Lifter aux
manufactures la liberté fondée fur: les droits de la'
ju flic e effentielle & imprefcriptible , qui eft la première
lo i , autant que fur Y u tilité , qui eft le fécond
objet de toute bonne & fage autorité , avoit changé
l’efpèce de jurifdiCtion, aufli aveugle qu’impérieufe,
des anciens infpecîeurs; du commerce, en follicitude
paternelle d’ inftruCtion & de protection ; fi les préjugés
favorables à la- routine introduite en 1680 }
ont fait faire en apparence quelques pas rétrogradé?
vers le nouveau fyjleme rég lementaire , la force
des principes conformes à l’antique & primitive {implicite
naturelle , femble les faire triompher de plus
en plus, l’expérience ayant prouve qu avec 1 inftruc-
tion & la liberté, l’indultrie Françoife eft capable
d’opérer de plus heureufes révolutions.
IN S P E C T IO N . Se dit'du foin que l’o n 'à de
veiller à la conduite des perfonnes ou a la fabrique
de certains ouvrages.
Les juges de police ont in fp e c tion fur les P°Jfls
& me fa res , & celle-ci eft de la plus grande utilité.
Les maîtres & gardes ; jurés ott efgards des corps
& communautés , ont droit de vifite & infpection
fur les marchands1 & ouvriers de leurs corps & communautés.
Les commiffaires des manufactures ont infpection
fur ce qui regarde la fabrique des étoffes & des toiles
, .& nous avons expofé ci-deffus ce qu on doit
penfer de ces deux fortes de- furveillances. Voye\
j u r a n d e s ;
IN S T A R . A Yinjlar. Terme latin .qui fignifîe
à T im itation , à la rejfemblan.ee d une chofe. L a
manufacture des draps de Sedan a ete établie pour
en fabriquer en France à Yinjlar de ceux de Hollande.
Les.ferges de G ou rn ay, de Seignelay, de Bou-
’flers, &c. fe font à Yinjlar àe celles de Londres.
IN S T R U C T IO N S . Préceptes, enfeignemens, ordres
que l’on donne pour 1 execution d^une chofe foit
verbalement , foit par écrit.
Les marchands, n-égocians, banquiers , entrepreneurs
de manufactures, & autres telles perfonnes
qui font engagées dans un grand commerce, & qui
demande néceflairement des relations & des corref-
.pondances avec quantité de commis, de garçons,
d’agerits , de faCteürs , de c.ommillîonnaires & de
conducteurs d’ouvriers, font fouvent obligés de donner.
de ces fortes d in firu clious , particulièrement
par éc rit, foit pour les achats ,-ventes & envois de
marchandifes, foit pour lès remifes d’argent , la réception
, acceptation & paiement de leurs lettres de
change 5 foit enfin po-ur la conduite des fabriquans 9