
les beftiaux qu’on y élève font la meilleure partie
de fon commerce ; le menu bétail de la baffe Breffe
fe mène & fe vend aux foires du p a y s , & le gros
bétail de la haute fe débite pour la ville de Lyon.
. Deux autres branches de fon négoce font les grains
& les chanvres. Les grains, qui confident particulièrement
en froment & en feigle , s’enlèvent par
les marchands de Ly on ; les chanvres fe réfervent
pour les magafins du roi à Toulon & a Marfeille.
Quelques-uns pourtant fe débitent pour les cordages
néceflaires au fervice & au tirage des bateaux
de fel.
L e commerce du poiflon y eft auffi très-confidé-
rable , particulièrement dans la Brefîè méridionale ,
à caufe de la grande quantité d’étangs qui y font.
L a principale partie de ce poiflon s’enlève pour
L y on où il fe voiture par la Saône.
L e pays de Bugey éleve quantité' de beftiaux dans
fes montagnes , & recueille un grand nombre de
chanvre dans fon plat pays. Les beftiaux font des
çhevaux , des vaches & des bêtes blanches, qui s’enlèvent
par les marchands des provinces voifines ; les
moutons entr’autres font deftinés pour la Franche-
Comté.
Pour ce qui eft des chanvres , la plus grande
partie va pour l’ordinaire en Languedoc & en Dauphiné.
L e Bugey a auffi des vins & des bleds , mais a
peine aflez pour la nourriture de fes habitans.
L e commerce du pays de G e x eft très-peu con-
fidérable , il ne masque pourtant point de plufieurs
productions utiles , comme dès bleds , des v in s , des
b o is , des charbons ; mais comme tout ce négoce ne
fe peut faire que par charrois , le tranfport en étant
difficile , il ne s’en fait pas un grand débit au dehors.
Ses fromages, qui font aflez eftimés, s’envoient
néanmoins a G eneve, où il s’en fait une affez grande
eonfommation. Il fe fait auffi quelque trafic de gros
& de menu bétail.
Pour achever de donner une idée aflez jufte du
commerce de la généralité de Bourgogne , on va
ajouter i c i , comme on l’a promis , un état des fabriques
d’ étoffes de laine , & des autres manufactures
qui y font établies.
Ma n u f a c t u r e s d e l a g é n é r a l it é
de Bourgogne•
En général il fe fait , année commune, dans le
département de l 'infpetteur des manufactures de
Bourgogne , i z à 13000 pièces d’étoffes toutes de
laines du pays.
L a récolte de ces. laines y peut monter à trois ou
quatre cent mille livres pefant , auffi par an , dont
il s’y en emploie z 60000 , le refte fe vendant &
s’employant en Champagne.
I l y a fuffifamment de tannerie pour fournir ce
qui eft néceflaire de cuirs a la province.
L e s chapeliers ne travaillent guères que pour le
payfan , ce qu’il en faut davantage venant parties«
fièrement de Paris.
I l y à trente-deux forges dans la province & huit
papeteries.
D IJO N . I l fe fait dans cette capitale de \nBour-
gogtie un très-grand commerce des draperies de la
province qui s y vendent prefque toutes ; il y en
vient auffi quantité des autres provinces , 8c il s’y en
marque huit à neuf mille pièces de ce lle -c i, & cinq
â fîx mille des autres.
L a feule fa b r iq u e d’étoffes de laine , qui foit éta-'
blie à D i jo n , eft celle des ferges qui ont deux tiers
de large ; il s’en fa it , année commune , deux cent
pièces ; elle occupe onze à douze facturiers 8c deux
moulins à foulons. Les ferges s’y font de laines du.
pays , qui y font bonnes pour la teinture & pour la
foulure. Auprès de la ville il y a de la terre à dé-
grailler, qui eft excellente.
On recueille aux environs quelques ingrédiens
propres à la teinture. Le paftel fur-tout y réufliroit
a merveille , mais on en a négligé la culture.
I l y . a fept maîtres teinturiers , plus employés
encore aux étoffes du dehors qu’à celles du dedans ;
les unes & les autres fe débitent dans la province, la
Franche-Comté & la Lorraine.
I l fe tient chaque année à D ijo n deux foires très-
confidérables , ou fe vendent la plupart de ces étoffes.
' Il y a deux manufactures établies dans l’hôpital,
l’une de b a s , qui en fournit trois mille cinq cent
paires, & l’autre de dentelles façon du Havre , dont
il fe'débite beaucoup en Franche-Comté.
M a r c y . On ne fait que des ferges drapées dans
cettt fa b r iq u e , elles portent deux tiers de large , &
font très-bonnes.
Plus de cinquante maîtres facturiers font employés
à la fabrique de ces ferges , & il y a trois foulon-
niers- qui ont chacun un moulin pour y donner les
apprêts. Ce lieu eft d’autant plus propre pour une
manufacture , que les eaux y font très-bonnes , & la
terre très-propre au dégraiflage.
L e produit dè cette fab riq ue va de deux à trois
mille pièces d’étoffes par an.
V i t a u x . Les deux fab riq ue s de ce lieu font
des draps & des toiles.
Le s draps paffent pour draps de Setnur, ils font
très-bons , & ont une aune de large. Il ne s’y en fait
que cent pièces par an , qu’on porte fouler à Semur.
I l n’y a que trois facturiers.
Les toiles font des toiles d’étoupes de trois quarts
de large , qui fe vendent en écru aux marchands de
T ro y e s , qui les font blanchir & le s vendent enfuite.
I l s’y recueille huit à neuf milliers de laines très-
bonnes , dont quelques marchands du fieu font le
commerce.
S em u r . I l y à Semur deux fab riq ue s d’étoffes
de laine , l ’ une de draps d'une aune de la rg e , ,&
l ’autre de g ro s droguets , qu i ne font p ropre s qu?aux
I vêtemens du p e u p le , particulièrement des payfans.
I II s’y fait fept a huit cent pièces de draps, de feir-
I lement cent vingt-cinq pièces de droguets.
L a fabrique de ces étoffes occupe environ vingt-
einq facturiers pour les faire en toiles , & deux
moulins à foulon , pour leur donner les apprêts du
dégraiflage 8c du foulage. L a terre à degraiffer n y
eft pas mauvaife.
Sept marchands y font le commerce des drape-
peries, qui y font vifitées & marquées deux fois ,
l’une au fortir du métier par les jurés facturiers , &
l ’autre avant la vente que font les marchands par le
juré de leur corps.
Quoique cette fabrique foit aflez confiderable ,
elle pourroit encore être plus forte , fur-tout parce
qu’il s’y recueille des laines aflez bonnes & en aflez
grande quantité.
S a u l i e ü . I l s’y fait des draps d’une aune de
large , mêlés de laines du p a y s , qui font tres-
bonnes , avec celles de Champagne , qui font aflez
groflières.
Il s’y fait auffi des droguets de laine , de demi-
aune demi-quart.
Et des toiles de trois quarts, & trois quarts &
demi de large , & de quarante à quarante-cinq aunes
de long.
Mo ntbart. Les draps qui s’y font , font dune
arme de large v, un peu gros ; on n’y emploie que
des laines du pays. On y en peut faire deux cent
vingt à deux cent cinquante pièces par an , dont
une partie fe débite à Semur.
On y fait auffi quelques droguets de demi-aune
de ’large.
Onze maîtres facturiers & deux moulins à foulon
travaillent pour ces. deux fab riq ue s .
Ro u v r a y . Cette fabrique .a cinq maîtres facturiers
, qui font par an cent vingt à cent trente
pièces de draps façon de Semur, qui ont comme
ceux-ci une aune de large , & qui font comme eux
fabriqués, de laines du pays , qui font fort bonnes.
A vallon. Les laines y font un peu groflières ;
cependant on ne s’en fort point d’autfes dans les
fa b r iq u e s de draps & de droguets qui y font établies.
Les draps font d’une aune de la rg e , aflez forts
& aflez bien travaillés ; on en fait environ deux cent
pièces. L e produit des droguets ne va guères qu’à
cinquante.
Douze facturiers & trois moulins à foulon y fou-
tiennent ces deux fa b r iq u e s . L e foulage des étoffes
n’y eft pas bien b o n , ce qui vient plus de la faute
des eaux qui n’y font pas propres, que de celle des
foulonniers.
A u xe r r e . Les fab riq ue s n’y font pas confidé-
rables, celles des draps fourniflant à peine cinquante
pièces d’étoffes ,1 & celles des droguets environ quarante.
Les draps ont une aune de la r g e , & fe font
àuflî-bien que les droguets de laines du pays , qui
font aflez groflières ; trois feuls maîtres facturiers
y travaillent.
I l fe fait encore dans l’hôpital de cette ville des
ferges façon de Londres , qui fe confondent ordinairement
avec celles de Seignclay.
S e iGk e i a Y . Les fciges qui fe fabriquent dans
cette manufacture , font de celles que l’on nomme
fe r f e s fa ç o n (Le Londres j il n y en a point dans le
royaume qui imitent fi bien les véritables Londres.
On peut voir à l’endroit cité ci-deffus l’établiffe-
ment de ces fabriques en Fran c e , 8c la préférence
que celle de Seignelay a toujours confèrvée fur les
autres.
- Par le traité que le fieur Roufleau avoir fait ave*
les fermiers généraux, qui fur la fin du dernier
fiécle s’écoient chargés de cette manufacture , il s y
devoir faire neuf cent pièces de ferges par an ; mais-
il y eft arrivé depuis du.changement.
Les laines qu’on y emploie font des laines de
l’A u xo is , qui font très-bonnes , 8c que cependant
on fait exactement laver & degraiffer avant que de
les mettre en oeuvre. Outre ce qui fe Confomme de
ces fortes de laines dans la manufacture de Se ign
e la y , les marchands de Troyes & de Rheims en
tirent encore quinze à vingt mille livres par an.
N uits. I l ne s’y fait que quarante pièces de draps
d’une aune de large par an , & foixante ou quatre*
vingt pièces de droguets. I l y a trois facturiers 9
un moulin à foulon.
B e a u n e . Les pauvres de l’hôpital de Beaune
font des ferges drapées de deux tiers de la rg e ; elles
fe font de laines de l’Auxois. Cette fabrique fournit
environ deux cent pièces d’étoffes.
Les facturiers de la ville travaillent en draps d’une
aune de large & en ferges drapées , & du rebut des
laines qu’ils y employent, ils font des droguets. Ces
laines font laines du p a y s , qui ne font pas mauvaifes. .
Les trois fabriqu es ne donnent toutes enfemble que
cent cinquante pièces par an.
Il y a à Beaune cinq ou fix marchands qui vendent
toutes fortes de draperies , & cinq maîtres facturiers;
trois foulons, un teinturier, & un fondeur,
pour le fervice des manufactures.
Les eaux font très-bonnespour la teinture, mâis
trop froides pour le dégraiflage & le foulage, la
terre à degraiffer y eft excellente.
A r n a y -l e -D u c . Ses fa br iqu e s font des ferges
drapées 8c des droguets qui fe font de laine du pays,
qui ne font pas extrêmement fins. Il fe fa it , année
commune , douze cent pièces de ferges, & deux
cent cinquante de droguets.
Ces manufactures.occupent vingt maîtres facturiers
& quatre foulons : comme la terre & les eaux
font propres au foulage , & que cependant il n’y
eft pas excellent, quelques-uns en rejettent la faute
I fur la négligence des foulonnkrs,
C h a sl o n s . I l n’y a aucune manufacture dans
cette ville ; cependant il s’y marque par année juf-
qu’à douze cent pièces d’étoffes qu’on y apporte
de toutes les provinces; auffi s’y fait-il un commerce
fort confidérable de draperie , fur-tout de
celles de Languedoc , qui fe vendent aux deux
foires qui s’y tiennent tous les ans; l’une, à la
Saint-Jean, & l’autre , dans la première femafce