
Outre les cres, i l fe fabrique à M orla ix, les
toiles qu’on appelle de M o r la ix : elles fe confom-
ment toutes dans le royaume.
Les hauts-brins fe font à Dinan ; les V itré, à Vitré
Kiemer, dont elles portent le nom. V oy e^ ci-
après le commerce de V it r é $ à Fougères 8c dans
quelques villages de l’évêché de Rennes : enfin, les
fleurets fimples , les fins fleurets, les londeaux , les •
ufels & les dalineres, dans celui de Tréguier. Ces
dernières font ainû appellées des lieux où elles fe
fabriquent.
I l le confommè auflî une a fiez grande quantité de
f ils , en bas , en chauffons 8c en gants, en divers
lieux de cettè province, fur-tout a Rennes & aux
environs. Cette bonneterie fe débite dans les prov
in c e s voifines , & s’envoie même jufqu’à Paris.,-; ,
6°. Il y a quelques mines de fèr en Br e ta gn e ,
8c plufieurs forges : trois dans l’évêché de Nantes ,*
une dans celui de Saint-Malo , & une autre dans
l’évêché de Dol. On y trouve auflî d’affez bon charbon
de terre : & il y a plufieurs moulins à papier
dans leveche de Leon , & dans celui de Tréguier.
L e papier qui s’y fabrique , fe porte à Morlaix ,
où les Anglois viennent le charger, quand le commerce
eft ouvert.
7°. L a pêche de la (ardine 8c celle du maquereau
, qui fe fait au Port-Louis , Belifle , Concar-
nau , Àudierne & quelquefois à Breft, fait aufli une
partie du commerce de Bretagne , qui n’ eft pas
méprifable ; s’ en falla it chaque année plufieurs
milliers de banques , q u i.fe portent en Efpa-
g n e , en Portu gal, en Provence & dans toute la
Méditerranée.
8°. Enfin, on peut ajouter environ'huit cent métiers
, où il fe fabrique di ver les petites étoffes de
laines ; comme étamines ,’ droguets , fermes , molletons
, crefpons, & petits draps de laine du pays.
Les principaux lieux où l’on y travaille, font ,
N antes, Rennes, B ou rg , Dinan, Saint - Brieux ,
Lamballe , Chàteau-briant, N o za y , Redon , Joffe-
lin , le Guay de Plela nt , Sainte - Croix , A u r a y ,
Vannes , Maleftroit, Rotchefortj Château - neuf,
Longonna. 8c Herviliac.
- V o ilà à-peu-près toutes les marchandifes du cru
de la Br eta gne, ou celles que peuvent fournir fes
manufaétures , dont il fe fait quelque commerce ,
ou au-dedans ou au-dehors de la province.
A l’égard de celles qui lu i viennent par la navigation,
l’on ne mettra pas du nombre, ces riches
retours d e là mer du Sud, qui, dans la feule année
1709 , apportèrent à Saint-Malo trente-fîx millions
en efpèces ; ce commerce , depuis la paix d’Utrecht -,
ayant été interdit aux Malouins, ainfi qu’aux autres
nations de l’Europe.
Des marchandifes que les vaiflèaux Bretons rapportent
du dehors, la morue,, foit la verte, foit la.
lèch e, n’eft pas la moins confidérable. L a pêche
s’ en fait par les Nantois & par les Malouins j ceux-
là envoyant ordinairement depuis trente jufqu’à quarante
bâtimens en Terre-neuve, & ceux-ci jufqu'â
foixantè & foixante-cinq.
L a morue verte que rapportent les N an to is ,.
fe*jjleftine pour Paris , l’Auvergne , le Lyonnois, &
quelques autres provinces : leur morue feche eft
pour Bordeaux, la Provence & Marfeille. Les
marchands de cette dernière, ville l’embarquent
enfuite pour, le Levant, l’Ita lie, l’Efpagne 8c le
Portugal. .
L a deftinàtion de la pêche des Malouins, fe fait
autrement : le poiffon du Chapeau-rouge le porte
à Bordeaux 8c à Bilbao; 8c celui du petit N o rd ,
dans les pays du côté du Midi, comme la Provence,
le Languedoc , l’Elpagne & l’Italie.
Il fe tire auflî du foie de la morue r une huile
particulière.
Les retours du commerce que les Bretons font
dans les ifles Françoifes- de l’Amérique , confiftent
principalement en fucres .bruts , ou mofconades; 8c
comme il ne leur eu pas permis de les porter à l’étranger
, ils les rafinent en partie chez eux dans >
les rafineries de Nantes, 8c en partie dans les rafine-
ries d’Angers , d e ’Saumur, 8c- d’Orléans. Ils en
rapportent auflî des fyrops de fucre , 8c des fucres
blancs, dont le négoce eft confidérable.
C’eft particulièrement des ifles que leur viennent,,
par leurs vaiffeaux, l’indigo , le gingembre, le rocou
, le caret ou l’écaille de tortue , les cuirs 8c les
divers b o is , foit pour la teinture , foit pour la tabletterie
8c marqueterie : mais de ces diverfes drogues
8c marchandifes , il ne s’en répand guères en
France; la plus grande partie paffant en Suède , en
Pologne 8c partout le Nord , fur les vaiflèaux de
Hollande , de Daiiemarck 8c de Hambourg.’
Enfin, les A nglois , Hollandois Sc H ambourgeois,
y apportent quantité d’autres efpèces1 de marehan-
difes , comme des planches, des mâts , dû,chanvre,
du goudron, des fromages, des épiceries, du plomb,
de l’étain, de la couperofe, des noix de g a lle ,
des huiles 8c fanons de baleine , des harengs , Scc.
mais prefque tout fe confbmme dans la province ,
8c c’eft peu de chofe que le trafic q u i i s en fait
ailleurs.- - , ‘ , , ^ '
Nantes 8c Saint-Malo étant les deux villes de
Bretagne \ du plus grand commerce , on va entrer
dans un détail plus circonftancié de celui qu’elles
font tant au-dedans qu’au dehors du royaume ,
après qu’on aura dit auflî quelque chofe du négoce
de Rennes.
C o m m e r c e d e l a v i l l e d e R e n n e s . ,
Il y a quelques manufactures dans la ville de
Rennes 8c aux environs, qui lui donnent quelque
relation avec les étrangers, 8c qui y attirent un
commerce affez avantageux ; l’une'eft la manu^
facture des toifes noyalles, 8c l’autre celle des fils
retors. ; * '
A l’égard de la première, ces toiles font de trois
fortes ; fçavoir, celles defix fils , celles de quatre &
celles de fimple fil. Ces dernières, qui font los
moindres
^moindres de toutes , s’appellent communémerït
JafspLes f i s de la première forte.
L e nom de Noyalles leur vient de la paroiffe
,de Noyalles ,» fituée à-deux lieues de R en n e s , où;
d’abord cettè fabrique a été établie. Préfenrement il;
s’en fait à Rennes même, 8c dans huit ou dix
paroilïes des environs. Leur üfiigé eft pbûr faire j
des ivoilès de navires.- Voÿ:e\ l’article des tôiles y \
-où il eft parlé de celles'de Bretagne.
Ce commerce étoit autrefois très - confidérable ,
Sc il en. fortoit.,. année- commune* pour plus de!
trois à quatre cent mille francs. Préfentement , *
les meilleures années, ne vont pas à cent' mille
livres*, h ï , u--.- ■ •- -r- , r.:'/.;. tny. v • • ;
Deux raifons ont contribué à la diminution de ce
négoce; l’une qui vient des étrangers , & l’autre de
fa France même. L a première eft que les Anglois"
Sc les PI0lia 11 dois ont établi chez eux plufieurs manu7-
factures de ces toiles, en force qu’ils en ont fuffifam-
ment, 8c pour eux & pour leurs voifins ; outre qu’ils
.les eftiment mieux travaillées 8c meilleures que lès •
poyalles Bretonnes* ce qui pourtant n’eft pas -Po-.;!
pinion de tout île monde.
L a fécondé raifon eft , que le roi pour la commodité
de fes arméniens de mer, a fait faire dés''
écabiiffemens de ces manufactures auprès de fes '
ports principaux , comme Rochefort & Breft , pour
lefquelles même on enlève les chanvres qui croif-,
fent dans les pairoiffes de ffennès’, ce qui fait qu’on
ne tire que rarement de véritables noyalles pour les
ports de fa majeftë , & feulement au defaut de celles
des manufactures royales^ -
Les Malouins font préfentement ceux qui en font
• le plus de confommatisn , foit pour eux , foit pour
les envoyer à l’étranger, particulièrement en Elpâcme.
L a fécondé manufacture qui foutient lç commerce
de la ville de R emies, n’a pas eu Je fort de
la première, & fes fils retors ont d.11 débit autant que
jamais, foit au-dedans, foit au-dehors du royaume.
Ces lïïs fervent à la couture. Ils fe retordent & fe
teignent èn toutes couleurs à Rennes, mais ils font
ordinairement filés dan« quelques villages de l ’évêché,
particulièrement ;aux environs dè la ^petite ville dé
Bercherel : on en dire:auflî de Dinan.
Les marchands qui en '• font commerce ont foin
de raniaffer ces fils dans les lieux où s’en fait le;
filage , & les donnent aux teinturiers de Rennes ,
les apprêtent 8c les retordent par le moyen’
.d up moulin fait à peu près comme ceux dont on fe
•fert pour le Imoulinage de la fo ie , après quoi ils
.leur donnent toutes les fortes de couleurs qu’on leur
.demande.
Les marchands de Paris , ' de' Rouen , 8c des autres
principales villes du royaume, tirent "beaucoup
.de ces fils , 8c il s.en envoie auflî quantité dans les
pays etrangers, particulièrement en Efpagne 8c en
Angleterre.
..Ce commerce peut aller , année commune , à
pris de trois cent mille livres. .
Commerce^ Tome I I . P a r t . I f
C o m m e r c e de N a n t e s .
I l n’y a guères de ville de France plus heureùfê-
ment fituée pour le commerce ,. que la ville de
Nantes. L a mer lui ouvre une Communication avec
toutes les nations du monde ; 8c l a Loire lui fait
pénétrer dansles plus;riches provinces du royaume,
8c même jufqu’à Paris, parles canaux qui la joignent
à ;la Seine.
Il eft vrai que Nantes n’eft pas proprement fitué
fur la mer; mais la rade, de Paimbeuf, qui n’en eft
éloignée: que de huit lieues , . où le s plus grands
.vaiflèaux font en fureté ; 8c. la facilité de faire in c iter
jufqu’à h . fofle par la rivière, des barques de
cinquante ou foixantè tonneaux 8c les gabares qui'
fervent à décharger les niarchahdifes des vaiflèaux ,
lui donnent là commodité des villes qui font entièrement
maritimes.
L e département de Nantes comprend Paimbeuf,
Boarneuf, Pornic j.. le Croific 8c le Pouliguen ; & c’eft dans .tous ces ports que les marchands Nantois
font leurs armemens , foit qu’ils les faffent en leur
propre nom , foit qu’ils foient. intéreffés avec les
bourgeois.-de ces cinq petites villes.
► On emploie par an environ cinquante navires
dans ce département , depuis cinquante jufqu’à
trois cens tonneaux , pour le commerce des colonies
de l’Amérique : fçavoir, vingt-cinq ou trente
pour la Martinique ; huit ou dix pour la Guadelo
u p e ; un pu deux pour la pêche de la tortue
qui pgfîent enfuite dans ces deux ifles : autant pour
Cayenne : 8c huit ou dix pour la côte de Saint-
Domingue.
L a cargaîfon d’un vaiffeau de cent vingt tonneaux
, peut revenir à près de quinze mille liv re s ,
fans y comprendre les marchandifes qui paffent à
fret , & qui vont fou vent au double.
-Cette-cargaifpn doit confifter en cent eînquanrç
barils de boeuf d’Irlande , trente quarts de la rd , dix
quarts d’eau-de-vie , cinquante quarts dé farine
dix tonneaux de vin | dix mille aunes de groffe
toile pour habiller les nègres , cinq cem aunes de
toile Nantoifejpour le ménage , mille livres d’huile
à brûler, autant à manger: en cuivre 8c ferrerie
pour les moulins à fucre , pour fîx cent livres :
mille livres de chandelle , quinze cent livrés de
beurre, vingt: bariques de lèl : du tuffeau, des
• briques 8c des Irdoifes poux bâtir , en tout, pour
f trois cent cinquante livres : des pots 8c fourmes
pour terrer 8c blanchir le fucre, pour deux cent
livres : deux cent paires de fouliers de toutes fortes
: quatre ou cinq douzaines de chapeaux fins
8c com m u n sn ip e s , hardes 8c étoffes de fo ie , ou
laine , pour mille livres : vaiffelle d’étâin , 8c autres
ùftenfiles de ménage , pour fix cent livres :
fix fufils de boucaniers, deux çent livres de poudre
fine ; cinq cent livres de plomb, en plaques ,
baffe« Sc dragées : quatre cent bariques* en bottes
avec les cercles 8c l’ofier pour les monter: & une
barque en fagot de hui* 4 di* tonneaux.
S f