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bottes , & la fleur comme elle a été cueillie ; par
çpnféquent , fuivantles mains par ou elle a paffe ,
quelque,fo,is très-propre , & quelquefois très-fale;
L a fleur doit fe choifir vermeille & la plus nouve
lle 'q u i l eft po/ïrbjLé. Pour le jonc il doit être
blond, .bien entier, & approchant du goût de la
fleur.
J U N T E , JO N T E ou J U N T A . On appelle
en Portugal la ju n ta , ou jo tite du commerce ,
une aflèmblée ou confeil compofé de plufieurs com-
miiTaires, ou fe traitent toutes les affaires du négoce
de la nation , particulièrement ce qui concerne
celui des Indes orientales & du Bréfif.
Ce confeil fut d’abord établi fous le régne de
'Jean IV \ foïis le titre de convoi pour le Bréfil ;
çiais ayant été réformé par le roi Alphonfe V I ,
i l fut uni à la couronne. C'eft proprement le con-
fèil de. la marine , où néanmoins les affaires du
commerce font portées comme autrefois..
Les Portugais ont auffi un confeil ou jo n te du
tabac, où l’on traite de tout ce qui concerne la
bdnhe fabrique du tabac , & les droits qui en retiennent
au foi. C ’eft plutôt une âffèmbîée de fermiers
, qu’un confeil de çommiffaires du roi. Cette
fon te eft affèz nouvelle, 8c n’a été établie qu’en
Ï671 p a r le roi Pierre II. Elle eft compofée -d’un
préfident 8c de fix confeîllers.
■ IV O IR E . V o y e i Y V O IR E .
JU R A N D E . Charge ou office de juré.
Cette charge fe donne par élection dans les corps
8c communautés des marchands ou des arts & tpé-
riers de la ville de Paris. Ce font ordinairement les
plus anciens qui font nommés à la pluralité des
v o ix , en prélençe du procureur du roi au châtelet.
Ceux qui exercent la jurande indiquent les a£-
femblées des communautés^ y préfident, recueillent
les voix, dreffent les ^libérations , reçoivent
lès apprentifs, font préfens à leur, ch ef - d’oeuvre ;
quand ils afpïrent à la maîtrife , les reçoivent maîtres
, font les vifites dans les boutiques ou magafîns, ;
faififfènt les ouvrages ou mal faits ou défendus , font
chargés dest deniers communs du co rps , en font
obferver les réglemens & les ftatuts, en un mot,
ont foin de çoutes les affaires de la communauté.
On a beaucoup agité dans lés derniers temps , ;
|es queftions d’économie politique relatives aux cor- :
poratipns & jurandes. Un édit de 1776 les avoit i
fupprimées ; un autre les. a rétablies, mais fous
une forme nouvelle. Nous croyôns faire plaifîr à
pos leÇteurs, de placer ici pour leur inftruétipn,
premièrement , un ouvrage de feu M, Big o t de
S a ïn tEtC r o ix , préfident aux-requêtes du'palais âi
Roiien , dont lê but etoit de démontrer les abus des
corporations 8c jurandes.; fècondemënt ,J l’Édit de
fuppreffiou de ces communautés ; trôifiémement
pgfta , çeftù qui les a rétablies ^yèç mo^çâtjpn»
T R A I T É DE LA L I B E R T É G É N É R A LE
; ' C O M M E R C E E T DE L’ I N D U S T R I E ,
Qu i démontre les abus des anciennes corporations
& jurandes•
C H, A P I T, R E P R E M I E R .
D e la liberté du commerce & des privilèges,
e x c lu fifs . L ,
La liberté générale du commerce & de tin d u s trie
n’eft que le retour.au droit naturel , dont
l’exercice eft reftreint dans la foqiété par des prohibitions
& par des privilèges. On peut la çonfidé-
rer fous un double point de vue. Par rapport aux
agens du commerce & de l’induftrie, c’eft la f a cu
lté de f e livrer au genre de travail ou de traf
i c , qui convient à leur goû t & à.leur s ta len s ,
de le borner , de Vétendre, d’en changer à leur
g r é , d’en réunir p lu fie u r s , ou analogues ou contraires
, (Fexercer en un mot te l art ou te l négoce
qu’i l leur p la î t , & comme i l leur p la î t , fa n s
avoir d’ autre loi que leur in té r ê t, & fa n s que
perforine a it le privilège de les y troubler. Par
rapport aux propriétaires & aux confomniateurs,
c’eft le droit d’acheter & de vendre à leur g r é , de
fa ir e ufage des denrées & marchandifes qui leur
conviennent, d’ avoir le ch oix libre de ceux que
dans quelque genre de travail que ce f o i t , ils
veulent employer & mettre en oeuvre, fa n s qu'aucun
réglement p r o h ib itif puiffe les empêcher d'e
fuivre leur volonté propre dans l ’emploi des çhor
f e s & des perfonnes.
Suivant les économiftes modernes , la première
loi des fociét-és politiques doit être d’affurer â tous
les citoyens le plein 8c entier exercice de cette liberté
, qui ne peut paroître dangèreufe qu’aux yeux
de l’ignorance & du préjugé. Elle -tient eftentielle-
ment au droit de propriété, dont elle eft en même-
temps l’effet & la garantie. La puiflance foüveraine
n’eft elle-même établie que pour la maintenir, &
le prétextefouvent fpécieux du bien public ne peut
jamais autorifer d’y • mettre des bornes. C’eft le
fyftême des prohibitions qui a créé l’intérêt- particulier,
ou plutôt l’oppofirion qui paroît naître dans
l’état aCtuel entre les divers intérêts particuliers ,
& l’intérêt public, n’eft que l’ouvrage de l’exclu-
fion & de la contrainte. Rètâbliffèz l’ordre de la nature
en rendant la liberté 'générale, & il n’y aura
dans le commerce ni fraudes, ni contraventions ,
ni furventes; le projet de nuire-fnppofe l’intérêt &
la poffibilité de le faire , qui ne„ peuvent; fe reh-
'contfer dans î’ctat‘dé libre concurrencé. Quelle eft
la, fource desi fraudés '& des manoeuvres ? Ce font les
'prohibitions & les privilèges,, -qui livrent les con-
fommateurs à la cupidité des ouvriers & des ■ marchands,
Tcstit privilègeJ ‘ ‘exrfufif détruit plu s "ou
moins
J u K moins la concurrence. O r , le monopole exîfte par- j
tout où la concurrence eft détruite.
Qu’un homme ait obtenu le privilège e x c lu f if j
de me vendre telle marchandife, , c’eft lui des ce
faut que je
t employer
il me taxe
à fon g r é , & je ne puis lui refufer le falaire qu’il
exige."Rendez-moi ma liberté, & le monopole
celle. Ce n’eft pas moi qui devient le maître du
prix ; c’ eft la concurrence qui l’affigne ; c’eft elle
qui décide fouverainement du prix auquel je dois
acheter, & de celui auquel on doit me vendre. La*
concurrence entre les marchands, régie le prix de
toutes les chofes commerçables, & les réduit à leur
jufte valeur ; la concurrence encre les ouvriers &
fabriquants, met au rabais leur falaire & leurs travaux.
Tous s’offrent à l ’en v i, & s'efforcent d’obtenir
la préférence, en fe bornant d’eux-mêmes au
feul gain néceflàire & légitime; l’éqüité devient la
lo i commune de tous ; & c’eft ainfi que le bon marché
eft la fuite néceflàire de la liberté du commerce
8C de Vindufirie.
L a loi de la concurrence eft la feule qui puifle
réduire les profits énormes des agens du commerce
& de l’induftrie, & remettre leurs gains au niveau
des moyens du coufommateur, & des revenus des
propriétaires. On n’a pas été jufqu’ici affèz conr
vaincu de la néceffité de borner le prix des travaux
& des 'ouvrages de l’înduftrie. On a confondu l’intérêt
particulier du commerçant, avec Fintérêt public
, comme fi la fplendeur d’une nation agricole ,
dépendoït de la-richefle de fes marchands, & de
I opulence de la claffè ouvrière & commerçante !
II eft évident au contraire que tout ce qui peut être
épargné fur les frais .du commerce, & fur le prix
de la main-d’oeuvre, eft un gain pour chaque particulier
& pour la nation. Avec le même revenu,
je me procure plus de jouiffatices, lorfque chacune
d éliés me Coûte moins. Je fuis donc en effet plus
riche : la diminution des dépenfes eft pour moi une
augmentation réelle de richeffes. Voilà un avantage
inconteftable pour chaque individu ; celui qui en
refulte pour la fociété entière n’eft pas moins frappant.
i° . Moins il en coûte pour les façons & les ouvrages
de 1 induftrie , & plus on eft en état d’acheter
de confommer. Plus on confomme dans un état,
1 & plus les cultivateurs trouvent de débit des denrées
& des matières premières,; de-là l’encouragement
des travaux productifs de la culture , 8c l’ac-'
croiflement du revenu territorial.
z°. L a diminution des frais & le bon marché des
travaux de l’induftrie , procureroient aux cultivateurs
une grande épargne fur les avances de la culture.
Moins il leur en coûte pour les dépenfes
d exploitation , & plus ils font ae profits. Ils font
des-lors en état de faire de plus fortes avances, &
par conféquent d’obtenir plus de productions. En
fuppofant même qu’il n’y eût aucune augmentation
Commerce. Tonte I I . Part* 11%
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dans la mafle des richeffes produites , ils en feroienc
toujours plus riches de tout ce qu’ils auroient épargné
fur les .frais. Cette épargne , en répandant plus
d’aifance fur les cultivateurs , tourneroit néceffai-
rement au profit des propriétaires, dont la richeffè
eft la feule & véritable, richeffè de la nation. L a
jufteffe & l ’importance de ces ob{èrvarions feront
fenties par tous ceux qui connoiffènt les détails de
la culture, & qui ont approfondi les caufes de fa
dégradation.
Il eft démontré qu’une nation agricole eft. toujours
intéreffee â diminuer les frais du commerce &
de tous les travaux de l’induftrie j qui ne font que
produire une augmentation de dépenfes dans l’état,'
fans profit pour l’é ta t , & qui ne tendent qu’à en-!
ricbir le marchand ou 1 artifàn , .des dépouilles des
cultivateurs & des propriétaires. O r , il n’y a d’au--
tre moyen de baiffèr le prix des fer vices, des façons
& des ouvrages , que de donner au commerce une
pleine & entière liberté , & d’établir la concurrence
entre les agens du commerce 8c de l ’induftrie, par
la fuppreflîon de tous les privilèges.
On a prétendu qu’il failoit admettre quelques
exceptions à ce principe ; qu’il étoit d’une admi-
niftration, fage d’accorder des privilèges e x c lu fifs
pour favorifer les grandes e n t r e p r i fe s l’établiffè-
ment des nouvelles manu factures, ou l’introduérion
d’une branche de commerce dans le royaume, pour
récompenfer les auteurs des découvertes , pour
attirer des ouvriers étrangers par l’appât d’un bénéfice
prompt & rapide. Il feroit facile de prouver
que tous ces prétextes le plus fouvent illufoires
ont donné lieu â de grandes furprifes faites au vou!
vernement ; que fans le fecours d’un privilège , le
premier auteur d’une entreprife eft toujours affuré
d’y trouver d’affez grands profits , & qu’il doit être
fufpeâ:, dès qu’il redoute la concurrence. L ’expérience
ne prouve t’elle pas d’ailleurs tout le danger -
dépareille conceffion ? i° . Des* privilèges deviennent
perpétuels & forment ^e patrimoine de quelques
familles. Nous en avons plufieurs de ce o-enre
qui entraînent deux grands inconvéniens. L e premier
eft de foutenir les marchandifes â un prix fou-
vent trois fois au-defîus de leur valeur. L e fécond 1
de détruire l’émulation & d’arrêter les progrès des
arts 8c du commerce. Donnez des concurrèns à c e
pofleffèur tranquille d’un privilège e x c lu f if Quelle
diminution fubire fur le prix des marchandifes 1
Quels efforts pour atteindre à la plus grande perfection
& s’affiner la préférence des confommateurs î
Que l’ on faffe cet eflài relativement aux glaces , 8c
à la fabrication de plufieurs efpèces d’étoffes dans
le royaume, on pourra juger en peu de temps des
effets de la liberté.
Ce feroit un ouvrage vraiement curieux que celui
qui préfenteroit l’énumération exafte des pr iv ilèg e s
e x c lu fifs , qui de toutes parts enchaînent l'industrie,
& renchériffènt les travaux &'les falaires. O n
feroit un volume des définitions feules des différens
privilèges , dont les diffinétions , les diftributions,
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