
H? F O I
■ ^ a, à & v ë â S É â â fait à l’ouverture de cha-
4ue f ô f e > dans, les halles, boutiques } étaux &
autres lieux , .011 doivent s’établir les marchands ,
tenir leurs marchandifes & les expofèr en vente,
pour voir s’ils y font avec toute la commodité &
la fureté convenable..,
■- L â viute des prudjhommes qui doivent être deux,
où au moins un.de .chaque .corps ou communauté,
poru jugè r.. de . la Rature , . qualité &
honte, des dràjps,- épiceries,. éordouans ou autres
marchandifes, que les marchands font entrer en
fo ir e ; & les faire faifir & arrêter , fi elles font dé-
feétueufes : mais c e , feulement du confeil de fïx ,
cinq, ou quatre des plus notables defdits métiers, i
ap pelés avec eux , pour enfuite en rapporter aux I
gardes & chancelier, & en faire juger par eux la
défeéhiofîté, & condamner , fi le cas y écheoit,
ceux à qui elles appartiennent à une amende arbitraire.
P o lic e des changes , obligations & paiemens
f a i t s en fo ir e .
I l eft permis aux marchands j tant François q u e -
trangets , de lHpuler dans les .con tra tsp romeflês ,
Jeur font faits "pour le paiement de leurs. ;mar-
chandifes.Rendues en fo ir e - que lefdits paiemens fe
feront en efpèces d’or ou d’argent, ayant cours
lors de la pafiation defditfs_.piomeftès & obligation
s, fans qu’aucune ordonnance fur le fait des
monnoies puiffe préjpcftcier à cette convention arr
rêtee entre les marchands fréquentant lefdites fo ir e s .
N u l marchand, s’il n’a réfîdençe aftuelle en
foires, y ne. peut ufer du fcel -& - obligation défaites
fo ir e s , ni s’aider des privilèges , franchifes &
libertés d’icelles.
Toutes lettres , actes, contrats & obligations
touchant le fait & action des. fo ir e s , font de nul
effet, fi elles ne font palpes fous le fcel defdites
fo ir e s .
Lprfqu’il.fe fait. pr^ts,.& .créances: pour marchandifes
vendues,‘en f pires , & pour les paiemens en
être faits ^ foire. :en.fo ir e , c’ eft-àr-dîre, fix fois. )
en l’an ; le change, prêt ou intérêt, ne peut être
plus haut de 15 livi pour cent ; fçavoir, cinquante
lois pour chaque fo i/ e : bien entendu que les obligations
ne foie'nt faites pour prêt de deniers , au- j
quel cas elles, font déclarées ufuraires.
Il eft défendu, en faifant renouveller les obligations,
faites- en fo ir e , d’y, comprendre les inté
rê:s avec le principal.
I l eft pareillement fait défendes, fous peine de
fau x , tant contre le notaire , q|ie contre le créanc
ie r , de pafïèr où faire palier hors de foires , des
obligations dans le ftile de celles qui fe paffent en
f o ir e y 8e -comme, fi elles y étoient. faites ; afin -de
jouir induement, par cette fauffeté, du privilège
des fo ir e s . , / • - -
Enfin, pour abréger les paiemens des fo ir e s .,
& ôter toute occafion de longs procès, il eft ordonné
aux gardés, ou juges confervateurs, de fta-
F O I
tuer feulement fur le principal, des conteftations
portées devant e u x , fans avoir égard à aucun ac-
ceffoire , déclinatoire , dilatoire , ou autres, à la
refèrve néanmoins des péremptoires.
C ’e ft , comme on l’a dit ci-devant, fur ces franchifes,
, difcipline & police des fo ir e s de Champa-
: & de B r ie , qu’ ont été réglées toutes les autres
fo ir e s établies depuis en France ; mais non pas
toutefois fi exactement , & pour ainfi dire , fi ler-
vilement, qu’on ne s’en foit quelquefois éloigné,
fui ant que le temps, les lieux & les cireonftàn-
ces l’ont demandé : ce qu’on pourra obferver dans
ce qu’ on va dire dans la fuite de cet article , des
principales f o ir e s , qui font préfentement dans le
royaume.
F O I R E D E S A I N T - L A U R E N T .
L ’établiflement- de cette fo ir e y ainfi nommée ,
parce qu’elle fe tient dans le fauxbourg & près de
l’églife de Saint-Laurent, eft très-ancien , & fi ancien
qu’on n’en fçait pas l’origine ; tout ce que l’on
en fça it , c’ eft qu’elle a au moins cinq cens ans
d antiquité, puifqu’il en eft parlé dans quelques titres
du douzième fîécle.
Autrefois elle ne duroit qu’un jour , & lorfque
' la.nuit étoit venue, il étoic permis aux fergens du
châtelet, qu’on appelle fergens à la douzaine , de
venir renyerfer les échoppes.& brifer les marchandifes
des marchands qui n’avoient pas encore détalé ;
u fa g e . ou plutôt détordre que les lettres patentes
des ro iy, particulièrement celles de Philippe- de
Valois, , 8c enfuite celles du. roi Jean, eurent bien
de la peine à fupprimer & à arrêter.
L a place où cette fo ir e fe tenoit n’a pas toujours
été la même. D’abord les marchands étaloient entre
Paris & le Bourget, dans une prairie'de trente-fix
arpens, appellée pour cela le champ de S a in t-
Laurent. Dans la fuite on la rapprocha de la v ille ,
& elle fe tint dans la grande rue du fauxbourg.
En 165 6 , on .propofa de la tenir dans la ville, dans
un lieu enfermé & couvert, dont on avoit déjà
donné des deflins & dreffé des plans ; mais ce projet
ne pafla pas la propofition. Enfin ^ en l’année
\66i , les prêtres de la mifiion, qui avoient pris
la place des prieur & religieux de Saint-Lazare ,
ayant repréfenté au roi que leur .foire embarafloit
extrêmement le fauxbourg, & ayant demandé la
permiffion de la transférer dans quelque endroit de
leur domaine & de leur féigneurie , ils obtinrent des
lettres patentes de Louis X I V , enregiftrées au parlement
en i66z , en vertu defquelles ils la tranf-
portèrent dans le lieu où elle fe tient préfentemept.
Ce nouvel emplacement qui qft tout entouré de
murs , & qui contient environ fix arpens , eft fitué
.un peu aij-deffus de l’églife dé Saint-Laurent., entre
lie.fauxbourg du même nom( Sc celui de Saint-Denis,,
jaboutiflant d’un bout vis-rà-vis Saint-Lazare , \& de
l’autre, devant les ré.coîets. Une partie de cet enclos
eft découvert & fert â la marchandife de grefïerie
& autres ouvragés de- terre , qui dans les premiers
F O I
temps fâifoient le principal étalage de la f o ir a L e
réfte- - en' eft entrecoupé par de’ belles & larges rués
tiréés iaü cordeaù & bordées dès deux* côtés de
loges 8c boutiques bien bâties & bien couvertes, qui
avec- des arbres qui forment entr’eux dès allées,
donnent un coup d’ceilriant & agréable, mêhie dans
fétat aétuel, qui n e 1 fùbfifte que depuis un petit
nombre'd’ânnéës, la ■ f o i fe Saint-Laur ent a y a iif
foutfei-t une1 âflez longuè interruption, fous M. dé
la : V r illiè rë, qui l’avéît fait transférer à la placé
dé Louis X V . ■ • •
Les marchands qui fréquentent cette fo ir e , font
principalement les orfèvres & les marchands nié Liciers
, qui font la joyailleriè & lé • bijoutàgè ; lés
petits: inerciers qüi vendent les éoîifiehets; & jonéts
d’ênfâns ,ies peintres, les lhigères ,i. lès fimohadifers,
lés' tablettiers, les fayanciers , les confiféurs :, lés-
marchands du palais, enfin les*pains d’épiciers &
ceiix-sqiîi"font là petite méréerie.
Il y vient- atifti- des marchands d’Amiens, de Beauvais
, de Reims 8c de quelques autres endroits de
Picardie & de= Champagne , qui y apportent de
petites étoffes qui fe fabriquent daii-s ces deux provinces
, entr’àutres des 'étamines* unies & raÿéès ,
& dés camelots7’dé toutes façons, -h-1
On a dit ci-demis que dans le premier établit
fement de cette fo ir e y ' elle ne duroit-qu’un jour ,
qui étoit le jour de la fête de Saint-Laurent : peu
à peu on s’àccont-ûmà dé la tenir auffi la veille de
cette fête , ce qui duroit encore au commencement
du dix-feptiéme fîécle.
71 En -1616 j fa tenue s’augménta c.onfîdérablement,
& fut de huit jours ;r depuis elle alla jiifqu’à quinze ;
éftfuite jufqù’à un mois-, & préfentement elle paffe
riiême deux mois , s’ouvrant en juillet, le lendémâiri
dé la fête de Saint- Jacques-Sadnt-Chriftophe , & ne
finiffant qu’à la Saint-Michel.
L ’ouverture de celle fo ir e fe fait avec les même,s
cérémonies' que celle de la fo ir e Saint-Germain.
Elle s annonce comme ellè à fon dé trompe , & s’ affiche
dans les carrefours ; ce qu’on fait aulli pour
l’augmentation de fa durée , qui fe publie pareille'-
ment par ordonnancé du liéuteharit dé’ police , &
autres officiers du châtelet, au bout dés premiers
quinze jours.
Du temps que la fo ir e fe tenoit dans le champ
Saint-Laurent, o u ï e long du fauxbourg, le droit
de fo ir e dé Saint-Lazare etoit d’abord dé 5 fols par
boutique, réduit dans-là fuite à z fols. Prélentément
le loyer dés boutiques y tient lieu de' droit aux
acquereurs des droits ci-devant attribués à la màifon
chef d ordre des prêtres de la mifiion , qui en tirent
un revenu très-confidérable;
F O I R E D E S A I N T - G E R M A I N .
L etabliffement de cette fo ir e n’eft que du quinziéme
fiecle. Ce fut Louis X I qui en,accorda l e .
droit & les franchifes a l’abbé & religieux de Saint-
Germain-des-pres , par des lettres-patentes de l’aa-
F 0 1 HP
née -T4&i , ; dont -néanmoins ils : lie' jouirent paifible-/
ment qu’en 1484.
Flüfièurs rois ftiÇéefïèuts’ de L.pùji' X I ‘, onf arc-
corde ’ dés • léctreS dè confirmàtidh dé cett e' fb ir / f
quelques-uns meme en ont aiigrnciité les privilèges.
Les aemières léttfes-patentès font de Louis X IV g
du moi^ de novembre 17 i r , C.éfàr d’^ftréés c'ardi-’1
mal',J évêqùé- d’-AlBàhb ,' étant alors <fBbé‘ coifiniefi-i
dataire & adminiftrateuf iperpétael1 -’dé;.Tféglife f c ‘-
•abbaye’dé Saint-Gèrmaih-des-pEés, db.ht;îë‘ créait
fervit beaucoup à‘ lés faîfe obtenir.**.
L ’ouverture dé cette fo ir e eft préfentement fixée
au lendemain de la fêté de la Sainte-Viefge , *qû*oii
appelle' /à c'Hahdeïeitr.
Par les lettres de fou établifTement, elle cpn-
oô'uÉoit-favélc **là• faméufo.foire-'db. Landy :; mâisriés
, religieux de Saint-Denis s’étant- pourvus au par|è-
.meric, poùr-erhpêcher ce concours , qui leur étoic.
.préjùdlëiàble , celle de Saint-Germain fiir t'ransFé-'-
rée pair- arrêt du i z mars 1484, au troifiéme du
mois de février , jour où depuis elle a tôtijohrs con-'
: tinué- de fe tenir.
Elle s’àiinèùcè chaque année, au publie, par une'
! ordonnance du iiedtenâut de policé , publiée à foif
|de trompé -, & affichée dans les'carrefours & places
|de -Pàris : ce qui fe fait pareillement de l’arrêt,du
confèil, par lequél fa màjèfté en accorde là continuation
au-delà de la première quinzaine. 1 C ’eft feulement pendant «ces premiers quinze jours
que dure la franehifé de la foire , 8f quoiqu'on
conféquence dé l ’àfrêt de cohtmuarièn, fa ' durée
s’étende ordinairement jufquau fàmedi;' devant* le
dimanche de da- paffion.
• • Cet-te grôrogàtidh ne regardé pas les marchands
forains , mais' des marchands de P ar is, qui; ÿ Ont
dés loges, & qui ÿ étalent leurs diverfes fortes dè
marchandifes.'
L a prineipàle franchife de cette fo ir e confîfte en
| ce que , pendant la première quinzaine les marchands
- forains peuvent y apporter, - expolèr en
vente, vendre', débiter , [échanger & troquer toute
forte de marchandife j fans qu’on puiffe procéder
par voie de fai fie & exécution fur lefdites marchandifes
;• foit quand elles font entrées en f o i r e , foit
lorfqii’on les y conduit; foit enfin, quand on les
en ramène fans y avoir été vendues , même pour
les deniers royaux.'
Les marchands forains , qui fréquentent le plus
ordinairement cettè fo ir e , font ceux d’Amiens, de
Beaumont. , de Reims , • d’Orléans & de Nogent.
Les marchandifes qu’iîs y apportent & qu’ils y
vendent , font dés draps ou autres étoffes de lain e ,
ou mêlées'de foie ou de laine , ou de fil 8c dè»
lainë’. ■'
Il y vehoit" aufli autréfois des . marchands d’or-
févrerie & joyaillerie ,, des pays étrangers , particulièrement
d’Allemagne : mais on n e les y voit
plus que rarement ; les orfèvres, joyailiiers & marchands
de bijoutèrié de Paris , qui y étalent, y
ayant des boutiques fournies- de trop beaux ouvra