
enlorte qu’un vaifleau chargé de cent tonneaux de
marchandifes , ils le tirent pour cent dix tonneaux.
Quand la vifite eft fa ite , ils en expédient deux
billettes ou billets pour chaque vaifleau, qu’ils lignent
tous deux. L une de ces billettes eft pour le convoi,
& l’autre pour la çomptablie.
. Dans la billette du convoi, on fait mention du
nom du navire , de celui du maître , de fon port en
tonneaux , du lieu où il v a , du détail de toutes fes
marchandifes , & de ce qui eft dans la chambre', fur
le pont, dans l’entrepont, & fur le gaillard.
'A l égard de la billette pour, la çomptablie-, elle
contient feulement lé nom du navire & du maître,
fon p o r t , les marchandifes chargées, & s’il eft étranger
ou François.
.. Ces billettes de vifite ne font'que des extraits du
portatif des deux vijiteurs\ auxquels on ajoute le
n°. d’iflue des vaiffeaux.
Si le vaifleau vifîté n eft jamais'venu a B o rd ea u x ,
les vijiteurs mettentàla billette pour la çomptablie,
une grande H, qui fîgnifîe q u i/ en fa u tj'a ir ep a y e r
grand bureau le droit de qu illa g e , qui eft de
trois livres quatre fols pour chaque navjrei
. Outre- le portatif, les vijiteurs.■ tiennent encore
deux grands règiftres y dans l’un ils écrivent & rapportent
jour par jour , les articles de vifite du por-,
ta tif, & dans l ’autre, ils ne mettent que les noms
des^navires étrangers, leurs dimenfîpns, le nom du
maître, 8c leur port en tonneau. Ce» regiftres fe
remettent au directeur à la fin de chaque année.
C ’eft aufli aux vijiteurs à examiner fi dans les vaifleau
x il n’y a point de marchandifes de contrebande,
défendues, ou non déclarées au grand bureau 2 en
cas qu’ils en trouvent, ils font leur procès-verbal 4c faifie.
]Pour achever d’avoir unè-idée complette du commerce
de B ord ea u x , on a cru qu’on verroit ici avec
plaifir ; un état des bàtim'ens marchands de ce département
, qui avoient chargé, tant pour le pays étranger
que pour les provinces de F ra n ce , dans la
première année du régne de Louis' X V . On va donner
cet état tel qu on l ’a reçu y a la réfèrve néanmoins
des noms des capitaines & des propriétaires des
vaifléaux qu on 4 cru a propos de retrancher comme
fuperflus.
É T A T DES B A T IM EN S M AR CH AN D S
du département de Guienne, en 1 7 iç .
Jïoms des bâti.-
jnenp.
P o r t
de
tqnnéausü.
Nombre
des
équipages.
V ç y a g ç s .
Frégates. Ton. Hom.
L a Reine Marie. zço z i en Hollande,
L a Perle. 100 14 à l’Amérique,
L e Superbe, 130 10 en Hollande,
L e S . Dominique. IQC II enTerre-ncuve.
L e Sauvage. 130 *9 eq Tçrrç-jieuyç,
N om s des bâtimens.
P o r t
de
tonneaux.
Nombre
des
équipages.
V o y a g e s •
Frégates. T o n . Hom.
L e G eorge. 70 9 à l’Amérique.
L e S. Pierre. IiO 18 enT erre-neuve.
L e Marin. 100 1 6 à l’Amérique.
L Amitié. 80 ' i z ' à l’Amérique,
L e Pierre. 60 1 1 enTerre-neuve*
L a Sageflè.
LeS.Jean-Baptifte.
100 12 à l ’Amérique.
100 16 en'I’erre-neuve«
Le S. Jolèph. ?o I I à l ’Amérique«
L e Guillaume. 70 8 s à Gènes.
L a ville de Langon.
70 en Hollande«
L e Jean-Pierre de
Blaye;
Flûtes.
izo 14 à Banc.
L e S. Jean-Baptiftc. 70 12 en Guinée.
La Suzanne. s 140 14 à l’Amérique*
L a Catherine. • 250 20 à PAmérique.
L ’ Union.
Corvettes.
L a Marie, dite Mali
3o IO çn Hollande«
bâtie. 112 9 à l’Amérique^
L e petit S. J ean. éo 9 à l ’Amérique.
L e S. Michel. ço 9 à l’Amérique.
L a Légère. 8 à l’Amérique«
L e S. Jolèph. 9 en Portugal.
L e S. Jolèph. 45) 7 en Portugal.
L a Catherine.
*5 6 à l’Amérique«
L e S. Jean Evan-
geliftè.
Queche s.
170 18 à l’Amérique*
L e S . Pierre. S° 9 à l’Amériquei
L e S. Jean,
Flibots.
ffo 10 à l’Amérique«
L e S. Etienne. 80 12 à TAmérique*
L e S. Philippes. 70 7 en Canada.
L a Marie.
Galliotes.
70 7 en Irlande.
La Marguerite.
L’Amitié 8c For-
45 8 à l’Amérique,
tune. I2Q 16 enTerre-neuve«
La Perle,
90 7 en Hollande.
L’Aimable Honr
noré, ^ 59 7 i Gçnes«
Outre ces bâtlmens qui ont chargé en Tannée
( 1 7 i f ) , il y avoit dans les rivières de Garontie,
Dordogne & Gironde , foixqnte-dix-neuf barques ou
bateaux, du port de quinze jufqu’à quarante ton*
neaux qui navigeoient ordinairement aux côtes de la
Roch elle, Marans & Bretagne , 8ç quelques -unes
fur les côtes d’Efpagne,
Il y avoit aufli à la tête de Bu ch , dix-fept barquefc
ou bateaux du port de quinzé & trente tonneaux qui
navigeojent auÆ à ]a Rochelle & à la côte d’Efpagne.
COMMERCEC
O M M E R C E D E B A Y O N N E .
Les habitans de B a y o n n e , comme on l’a infinuc j
ci-devant, font un commerce d’une aflèz grande réputation,
avec une .partie des fujets de ïa majefté
Catholique, particulièrement dans la haute Navarre;
dans l ’Arragon & dans la Bifcaye, Cette ville eft
fitnée à la jonélion de l ’Adour & de la N iv e , ce
qui lui for.ne un pórt très-fur & très-commode* &
lui facilite toutes les différentes pêches, qui font un 1
des principaux objets de fon négoce.
Les .'marchandifes de F ra n ce , qui font propres I
pour la haute Navarre , font des draperies de Mon-
tauban, entr’autres, des bayettes , des ferges , des
cadis, des ratines & desbùrats; des toiles ; comme
celles de Bretagne , de Laval* de Cambrai 8c de
Saint-Quentin ; & encore des toiles teintes d’Allemagne
, de Rouen & de Reims ; dès dentelles or &
argent, fin & faux , qui fe fabriquent à- Lyon ; des
■ étoffes de foie de la même ville & d’Avignon , &
quelque peu de T ou r s; quantité de quinquaillerie,
•qu on tire de Forez ; toutes fortes de merceries ,
particulièrement des foies à coudre , des bas , des
paffemens de f il, & généralement toutes fortes de
guipures de fil & de foie qui fe font à Lyon ; quantité
de marchandifes de L i lle , de T ourn a y, de Valenciennes
& d’Amiens, principalement des camelots,
des ligatures & dès barracànsj "beaucoup d’épiceries
, drogueries, fucres & caflonnades ; des cires
des Landes & de celles de Hollande ; enfin, du
poiflon frais & fà lé , tels que 'font la morue, le
faumon , les çolacqs , les anguilles & les rouflèaux.
L e Cacao des ifles & celui qui, par diftinérion, eft
appellé cacao de Ç a ra qu e , ne doivent pas être oublies
parmi les épiceries & les drogues , dont les
marchands de B ayonne font commerce avec l ’Ef-
pagne. Les Efpagnols tirent cette marchandife par
la voie de la Navarre ; & l’on compte, qu’année
commune, il lour en faut au moins douze mille
quintaux.
€ Les Navarrois donnent en retour de ces marchandifes',
des laines ‘ de Caftillc , d’Arragon & de
Navarre ; de la reglifle, de l’huile d’olive, des vins
& du f e r , & le plus fouvent les paient en or ou
argent monnoyé , en vieille vaiflelle, & quelquefois
en lingots. '
L a meilleure partie des draps qu’on envoie^de
B ayonne en Efpagnc, font des draps d’Elboe iif,
de Rouen & de Carcaflonne ; il s’en cpnfomme aufli
quantité de ces trois fortes, ou à B ayonne même ,
ou dans les autres villes, de Guyennei
L e commerce de B ayonne avec la Bifcaye 8c
Guifpufqua, n’eft guères different de celui que les
Bayonnois font dans la haute Navarre , & confifte
dans l’envoi des mêmes marchandifes , avec cette
différence , que les Hollandois & les Anglois four-
niflànt a Saint-Sebaftien & à Bilbao , des marchandions
à peu pres femblables, on s’y paffe affez aifément
d’une partie de celles de France. Ainfi, Bayonne
oc leur fournit guères que de la draperie de Moa-
Commejce. Tome I I . P a r t . I .
tauban, de la mercerie ôç des foiries, de L y o n , de
la quinquaillerie de Forez, & des toiles.de Bretagne :
aufli le plus grand commerce que les Bayonnois
faffent de ce côté-là, eft celui du bray & de la
réfine, qu’on y envoie fur des pinaflès, qui en rap-
portent enfuite du fer de Bifcaye, des oranges, ,descitrons
, des pierres de meules, &. quantité d’or &
d’argent, ou en efpèces, ou en vaiflelle, ou en
lingots ; en forte qu’on, voit quelquefois des maîtres
dç pinaflès,, rapporter quinze & vingt mille piaftres
chaque voyage* ",
Les ports de Bilbao & de Saint-Sebaftien, font
.au/fi aflèz fouvent l’entrepôt de diverfes fortes de
marchandifes d’Angleterre & de Hollande , qui y
vienaent.pour le compte des négo.cians. de B a y o n n e ,
fur les yaifleaux. de ces deux nations, lo^fqu’ils ne
font pas frettés pour y venir en droiture; & qu’en-
fuite on fait apporter à B a y o n n e fur les même*
pinaflès.
| L e commerce que les marchands de B a yo n ne
font avec TA r ragon , eft , le .m,oindre de tous ceux
que cette ville entretient avec l'Efpagne. Cependant
on ,en rapportera échange, des marchandifes qu’on
y envoie , quantité de balles de laines d’À-rragon &
de Ca ftiile, dont la plus grande partie: eft voiturée
en droiture, par terre,, à Rouén,, & Tautre à B a y o n -
ne , qu’on y charge par mer , pop r Nantes & pour
la Rochelle, pour le s .faire enfuite pareillement
paflèr en Normandie. On tire aufli une affez bonne
quantité d’huile d’olive d’Arragon , 8c de. vin de
Sarragoffe.
Les marchandifes qu’on y porte), font prefque de
même qualité que celles qui fervent au commerce de
la haute-Navarre.
L a pêche de la morue & celïe’ de la baleine , font
deux des principaux objets du négoce de mer de la
ville de Bayonne.
Les bâtimens quelle deftine. a la première , font
ordinairement de deux cent, jufqu a, trois cent tonr
neaux. Les vaifïèaux p ou r la fécondé , font depuis
cent trente tonneaux, jufqu a trois çenç. I l y a vingt
à vingt-cinq navires employés pour la morue, &
douze à quinze p ou r 'la baleine.
Les Bayonnois faifoient. autrefois la pêche de la
morue, à Plaifance, Sainte - Marie , les Trépafler , 1 Ifle percee & autres ports & lieux voifins. L e
traité d’Utrecht y a changé quelque chofe ; au
lieu de Plaifance , c’eft prefeutement Lou ilbourg,
autrement le cap Breton. Leurs retours font5 à
B ayo n ne meme, à Saint-Jean-de-Luz, Bilbao,
Saint-Sebaftien 8c Bordeaux. L a vente à Saint-Sebastien
& à Bilbao, fe fait, pour la plupart en âraent
comptant, le refte en laines fines , & quelque peu en
, fer*
Dans* la pêche de la-baleine, les équipages des
vaifleaux ofit la moitié de toute l’huile du poifloa
qu’ils fondent ; l’autre moitié eft pour le propriétaire,
avec tous le* fanons ou barbes de baleine.
B a y o n n e , Nantes, la Rochelle & le Havre-de-
Grace, font les lieux où les vaiiTeaux de la pêche
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