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jDauphiné, ou il reflortit un plus granJ nombre Je
lieux de fabrique ; on en compte jufqu’à vingt-cinq.
Le s étoffes qu on y fa it , font des ratines & des fer-
gettes. Les fergettes vont à deux mille pièces par
an , & les ratines, à plus de quinze cent.
T o l l ïn ïa n . Dans ce chef-lieu & dans les neuf
paroilles qui y viennent marquer leurs étoffes, on
ne fait que des fergettes, dont on marque par an
plus de deux mille pièces.
D ibu- ie -F i t . Vingt endroits où Ton fabrique
des étoffes, dépendent de ce chef-lieu; toutes ces
étoffes confiftent en fergettes , dont il fe fa it , anfiée
commune , environ dix mille pièces.
^ B u is . Trois feuls endroits portent leurs étoffes
a ce bureau , pour la vifîte 6c pour la marque ; les
fa br iqu e s qui y font établies, font a peu près partagées
entre les fergettes 8c les cordelats. On y fait
environ fix cent pièces d’étoffes , moitié des uns
& moitié -des autres.
V a l e n c e . Ses fabriqu es & celles de fon refïo rt,
font des draps & des ratines : il fe fkit cinq cent
pièces des premières, & fix cent pièces dés dernières.
I l y reflortit fix lieux de fabrique.
V ie n n e . Les étoffes qu’on y fa it , font des dro-
guets ; ce cheflièu & fès dix-fept fa br iqu e s reffor-
riflantes, en font jufqu’à cinq mille p iè ce s , année
commune.
• H Y avo\t autrefois à Vienne , trente moulinets
pour la fabrique des lames d’épée, à peine y en refte-
t-il encore quelqu’un ; bien des gens croient cependant
que celles qui s’y fàifoient, ne cédoient en rien
aux lames d’épées qui fe font en F o re z , fi même
elles n’étoient meilleures.
L a fituation de cette ville fer-oit propre pour y
établir & y foutenir un grand commerce ; fur-tout
a caufe de la commodité de la petite riyière de
G ièré ,j ) j l l’on pourvoit conftruire des forges de
fe r , dacier & de cuivre, & des moulins a poudre
& à papier, dont les ouvrages & les métaux qui
s y prep areroient, pourroient être aifement envoyés
dans ïTs provinces yoifînes, p a rle moyen du Rhône ,
für le rivage duquel cette ville eft fituée.
On a dit en pafîant, .que les canons de fer fè
fondoient a S a in t -G e n ais . Cehourg eft au-deflom;
de Grenoble fur la rivière d’Isère. L a fabrique des
canons y eft établie depuis environ trente-cinq ans.
O n y avoit fait venir des ouvriers étrangers pour
cet etabliflèment ; mais les ouvriers du pays s’y
foftt rendus fi habiles, qu’ils fuffifent feuls pour le
foutenir..
L e fer dont on fè fèrt dans cette fonte de canons
fe. tire de la montagne d’Allevar , & la mine qui
le fournit, produit un métal fi doux 8c fi liant
qu’il n’y a guères de différence pour le fervice
entre des canons fabriqués de ce fe r , & des canons
faits de fonte.
On en fait un grand ufage pour la marine marchande
, & même pouf les arméniens des yaiffeaux
du roi.
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C O M M E R C E D E P R O V E N C E .
Cette province eft très-féconde eh vins , en oliv
es, en fàfran, en oranges, en citrons, prunes,
amandes , avelines, grenades ; enfin, en toute forte
u excellens fruits. I l s’y recueille aufïi une affez
grande quantité de foie & de laine.'
Toutes ces différentes productions font autant
d objets de differens commerces.
Des olives mifes fous la prefle & au moulin.,
,on tire ces huiles fi douces & fi bonnes , dont on
fait tant de cas à^ Paris , & dans ! tout le refte du
royaume , ou il s en confomnie une quantité extraordinaire.
On fait aüffi grand négoce des olives
adoucies & préparées par la faumure, qui s’eri-
voient pareillement à Paris & ailleurs, dans de petits
barils. V o y e^ olive & huile. L e commerce de
l u n fit de Vautre y efi expliqué.
Les vins mufcats de Sairit-LaurentSc de la Cloutât^
font les délices des meilleures tables, & il s’en
tranfporte confidérablement, non-feulement à Paris
& dans les principales villes du royaume, mais encore
dans les pays étrangers. '
Les raifins avec lefqüels on fait cés‘ v ins, & particulièrement
ceux qui fe recueillent aux environs de
i Roquevaire & d A u r io l, fe fechent en- grapes, & fè
débitent dans dés caifïès de différente grandeur; les
plus- gros .s’appellent raifins au ju b is ; les plus
petits, raifins picardans. •
Les figues fe fechent aüffi : elles font de deux fortes
, les violettes & les blanches, & s’envoyent dans
des caifïès & dans des cabas.
L e commerce des amandes 8c des avelines
neft pas non plus médiocre, : les unes fe débitent
ou caffees,, ou en coqu e, les autres toujours en
coque.
Les grenades, les oranges & les citrons s’envoyent
frais, dans de grandes caifïès de fapin ; les prunes de
brugnoles fe confifènt & fe. débitent ou en de petites
boetes rondes, ou en de plus grandes boetes carrées.
D ign e eft un des lieux de Provence d’où il s’en tire
davantage.
L e grand nombre de meuriers blancs qui fè trouve
dans cette province , & la facilité de nourrir des vers
à foie , qui vivent de la feuille de ces arbres, & qui
fe plaifent dans les pays chauds, y entretiennent un
commerce de foies affez confîdérable. Les plus belles
s’achètent par les marchands de L y o n , où elles s’em-
I ployent a diverfes manufactures de fo ir ie ;: les au-
j très reftenr dans la province , ou fon en fait quél-
ques légères étoffes,comme des bourras de Marfeille,
des fatins façon de la Chine, & ces taffetas qu’on appelle
d’Avignon.
I Les fàvons , particulièrement ceux de-Toulon 8c
| M a r fe ille , font fort eftimés. Les parfumeurs s’en
I fervent pour faire leurs favonüettes ; & les teintui-
■ riers en laine, en foie , ou en f il, fuiyant les règle-
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mens faits en France .en 16 64 , n’en doivent employer
d’aucune autre forte. Il s’en fait un grand négo
ce , tant dedans que dehors le royaume, & il y a.
quantité de favonneries en plufièurs endroits dé la
Provence.
Il y a en Provence jufqu’à foixante papeteries ,
ou il fe fabrique plufièurs fortes de papiers excellens,
eatr’autres ae fort bon papier à écrire. Une partie
des différentes efpèces qui s’y fo n t , s’envoie a Paris
8c dans quelques provinces de France ; 1 autre fe
fcran(porte dans' le Levant.
Les tanneries y font aufïi très-confidérables. I l s’y
préparé quantité de toute forte de cuirs, foit des cuirs
verds, qu’on apporte de Barbarie, 6c de quelques,
échelles du Levant ; foit de ceux qui proviennent
des abbatis du pays.
Le s laines du pays s’emploient en diyerfes manufactures
d’étoffes , 5c en plufièurs fabriques de
chapeaux.
Les chapeaux qui fe font à A i x , fe.débitent aux
foires d’A ix , dé Sallon & de Premont. Ceux de
Marfeille s’envoyent en Italie , en E(pagne, en
Savoie , en Allemagne & dans le Levant. Ceux de
F o u lo n , dans la baffe Provence, en Italie & en E£-
pagne ; & ceux de la p rin cip auté d Orange, à
L y o n , d’où ils font tranfportés dans diverfes provinces.
A A i x , il y a douze maîtres chapeliers ; à M a t y
fe ille , cinquante ; à T o u lo n , douze; 5C à Orange ,
vingt : le commerce des chapeaux qui fe fait en P r o vence’,
va à plus de çooooo liv. par an.
Les étoffes de lainérie que, font les fabriquant ,
Provençaux font des draps tout de laine d’Efpagne ,
8c des bonnets de laine du pays , qu’on trayaifle à
Marfeille.
Les draps ont une aune demi-tiers de large , &
font teints en rouge de garance , ils font tous defti-
nés pour le Levant. C’eft aufïi au Levant qu’on envoie
les bonnets, où il s’en débite, année commune,
environ pour 40000P liv.; parmi ces bonnets il y en
a beaucoup de laine d’Efpagne , çe font les ouvriers
qui les teignent euxrmêmes en rouge de garance
8c de vermillon. Il fe fait auifi à Marfeille des draps
d’or , dont la manufacture y a été établie par le
fieur Fabres. •
On fabrique à Toulon , à la Roque , à M euv e ,
à Soliére s, a Coçrs , à P eq u a n ts , à Camoulles, au
L o ç , à Draguignan 8c à Lorgnes, de deux forces
de pjnclïinats, les uns tout de laine d’Efpagne , & les
autres feulement de laine du pays. Les premiers fe
confomment dans le royaume; les derniers s’envoyant
en Italie , en Barbarie & dans l’Àrehipel.
Il s en fabrique environ 4000 pièces par an.
Les çadis & les cordelats font de laine de P ro vence.
Ils fe font dans les villes à3A i x , de Gordes,
Ü A p t , d’A y q u ïer s , d’A u r io l , de S ig n ç , de Col-
mars & le Dign e . On fabrique aüffi dans
§e« deux dernières v ille s , H aux environs, des
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draps de trois, quarts & demi de large. Ces étoffes
le débitent partie dans le royaume 8c partie en
Savoie.
Il s’en fait en tout dans ces huit fabriques 4800.
Enfin, il fe fait dans plufièurs lieux de la principauté
d'O ran g e , des ferges de deux tiers ; à A r le s ,
de petites r a z e s & à' Grignan , des fergettes, le tout
de laine du p a y s , qui fe confomment dans le comtac
d’Avignon.
J1 fe fait dans la principauté d Orange jufqu’à
deux mille pièces d’étoffes ; à A r le s prefqu’autant,
& à Grignân 600,
On compte que toutes les. étoffes qui fe fabriquent
en Provence peuvent monter, année commune
, à plus de 30000 piè ce s, fans celles qu’on
y apporte d'ailleurs f qui doivent être vifitées &
marquées.
I l y a aufïi en Provence plufièurs martinets p o u t
lé cuivre,
C o m m e r c e d e M a r s e i l l e «
Marfeille eft non-feulement la ville du plus grand
commerce de toute la Provence , mais elle peut encore
, par la richefié 8c la réputation de fon n égoce,
le difputer à quantité des principales villès du royaume,
qui l ’emportent peut-être fur elle par beaucoup
d’autres avantages.
L e , commerce de cette fameufe ville ne s’étend
néanmoins guères au-delà de la Méditerranée ; & fi
fes vaiflèaux paffent quelquefois le détroit, ce n’eft
que pour aller dans les ports que la France a fur
l’Océan , 5c dg,ns quelques autres des nations voifines ,
. ou tout au plus aux itles françoifes de l’Amérique ,
auxquelles les Marfeillois ont coutume de borner
.leurs voyages de plus long cours.
Les échelles du Levant, pour lefquelles les négocions
dé Marfeille chargent leurs vaiflèaux , font
. le grand Caire , capitale de l'Egypte moderne , donc
le port eft Alexandrie ; Seyde dans la Paleftine , &
les trois petites échelles d’À c re , de Barut 5c de Jaffa,
qui en dépendent, 5c qui font fur la même côte; A lep
dans la S y r ie , qui a pour fon port Alexandrette ,
qui en eft à deux journées ; 5c T ripoli , que pour la
diftinguer de eelje de Barbarie, .on appelle Tripoli
de Sy r ie ; Satalie dans la Caramanie, Smirne en
Natolie ; Conftantinople , capitale de l’empire Ottoman
, 5cprefque toutes les ides de l’Archipel, l’ ifle
de C h y p re , celle de Candie, 5c encore les ports de
la Mqrée,
Les échelles des côtes de Barbarie où les Marfeillois
envoient des vaiflèaux, font T r ip o li, Tunis ,
Alger , le baftion de France , Tetouan 5c S a lé , qui
ont tous de très-bons ports.
Ils en envoient aüffi dans plufièurs villes d’Italie
, comme Gènes , Livourne 6c Çivita-Ve cchia ;
dans les ports d’Efpagne fur la Méditerranée, entre
autres à Barçelone, Alicante 5c Carthagène ; 8c
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