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des trains, qu’on fait voguer fur l !eatf. Ces trains ,
en langage du pays , s’appellent v o ile s , & tes conducteurs
, voileurs. Il s’en coupe aufli de propres
aux conftruétions navales.
Les verreries font établies dans les bois de la prévôté
d’A rn a y , dans ceux de Saint-Michel, & au village
de T a v o y , a trois lieues de Nancy. C’eft des
verreries de Lorraine que vient l’invention de faire
Ce verre plat affez épais „& fans boudiné , dont on
fe fert au lieu de glace s, aux chaifes de pofte & aux
caroffes de peu de conséquence, & que de fa première
origine , on appelle toujours en France, verre de
Lorraine , quoique tout celui qui s’emploie à Paris ,
fe fafle dans les verreries de Normandie. Voye-[
VERRE.
Les.eaux-de-vie fe font à Pont-à-Mouffen, non
.en brûlant les vins, comme en Anjou, en Bretagne.
& ailleurs ; mais en fe fervant du marc des raifins ,
qui prefque paivtout eft inutile, & qu’on ne croyoit
bon qu’à faire du feu , quand il eft fec. Ce trafic,
qui eft très-cdnfidérable , a paffé dans le Barrois,
Sc dans tous les endroits des trois Evêchés où il
y a des vignobles. Il fe confomme une grande
quantité de bois, pour faire Ges eaux-de-vie qui fe
débitent en Allemagne, & du côté de Mayence &
de Worflîes.
Les pelleteries, particulièrement les peaux des
ours, qu’on prend en quantité dans les montagnes
& la forêt de V o fg e , fe débitent à Strafbourg , à
Bâle , à Metz & à N an c y , d’où elles font envoyées
plus loin.
C’eft aufli aux; marchands de ces quatre villes ,
que fe vendent une partie des beftiaux engraiffés
dans ces montagnes & dans les pâturages de la
Lorraine ; mais le plus grand débit s’èn fait dans les
foires de V o fg e , aux Allemands & aux Suiffes, qui'
y viennent acheter des boeufs, des vaches, & de
jeunes taureaux.
Les bleds y eroiffent, & s?y recueillent en abondance
; mais il y a peu de débouchement pour ces
grains, à moins que dans les temps de guerre les
münitionnaires François ne.s’en pourvoient, pour
remplir, leurs magafins.
Les Lorrains paflent pour les meilleurs fondeurs
de l’Europe, particulièrement pour les canons , les
mortiers 8c les cloches ; & ils font ordinairement
appelles dans les fonderies de France 8c des autres
états. Les habitons des villages de I^evefcour,
d’Omremècour & de Breranne, font les plus en
réputation pour cette fabrique , & l’on peut regarder
cet art gomme une efpècç de négoce pour les
Lorrains,
C O M M E R C E D E S T R O I S É V Ê C H É S .
O n comprend fous .ce nom ? M e t%, T o ul, &
V erd u n , trois villes épifcopales & impériales, qui
furent-foumifes à la France en , à titre feulement
de protection , mais qui lui font depuis restées
en pleine fouyçrapeté, par le traité de Weft-
-pîialiç, '
, F R A
Dqs vins, des bois, des grains , des fels, des
cu irs , des fourages, des fruits, des confitures 8c
dragées , des eaux-de-vie , des toiles, des ouvrages
de bois de Sainte-Lucie & diverfes manufactures
de lainage 8ç dé bonneterie , entretiennent le commerce
intérieur des trois évêchés»
Ce qui y vient de dehors, font des chevaux , des
beftiaux , des bois de charpente, des planches 8ç
autres bols de feiage ; des pelleteries , du f e r , des
beurres, des fromages; des vins.de Bourgogne , de
la graine de navette ; des draps de France & de
Hollande , & diverfes autres marchandifes , dont
une partie fe confomme dans les pays , & l’autre
pafle dans les provinces voifine?, & même jufqu’en
Hollande , par la Meufe.
Les meilleures manufactures de lainage font éca->
blies à Metz & aux environs ; elles n’y font pas
bien anciennes , du moins pour quelques-unes; mais
elies s?y font tellement perfectionnées & il s’y en
fait un fi grand débit, que le confeil royal de conir
merce de Fran c e, a cru néeefïàire dans le corn-,
mencement du dix-huitiéme fiécle , d’y établir un
infpeCteùr des manufactures, pour veiller ,1 la bonne
fabrique des étoffes qui s’y font. .
Ces étoffes font des ratines de toutes fortes ; df?
verfes efpèces de petites ferges pour rhabillement
des femmes ; des draps en façon de pinchinats,
dont les payfans du pays s’habillent, & quelques
droguets & étamines,
T ou l-& Verdun ont aufli quelques-unes de 'ces
manufactures-, mais peu confidérables pour leur
nombre & pour la beauté des ouvrages qui en
fortent.
Il fe fait des bas de laine à l’aiguille dans- toutes
ces trois villes & dans leurs environs. Ce font en?
cote ceux de Metz qui font les plus eftimés ; il y
en a depuis 30 fols , jufqu’à trois liv. la pièce.
Les tanneries établies' à Metz fur la rivière de
. Seille , font au nombre de plus de quarante ; celr
les de Verdun montent encore à davantage, & T o u l
a aufli les fiennes. Les cuirs qui s’y apprêtent, fe
confemmenc en partie dâns le pays, & en partie
font envoyés à ^étranger.
Ce font les Juifs qui font le plus grand comf
merce des trois évêchés , & il n’en eft guères do.it
ils ne fe mêlent, le génie de cette nation y étant
très-propre ; & ceux de M e tz , la feule ville de
France où ils font foufferts, ayant là-deffes une
réputation qu’ils ne démentent pas. »
Un des principaux négoces des Juifs de M etz,
fer-tout pendant la guerre , eft celui des chevaux,
qu’ils tirent de Suifle ; 8c l’on fait que ce fut eux
qui rétablirent en quelque forte la cavalerie Fran-
çoife, qui après la malneureufe campagne d’Hof-
teCl, étoit prefqu’entièrement à pied, par la maladie
qui fe mit parmi les chevaux; maladie q u i, poqt
ainfi dire , devint univerfelle , 8c paffa. bientôt de
l’Allemagne, où elle commença, prefque dans tous
les autres états de l’Europe.
Quoiqu’il vienne que affez grande quantité de
vins de Boifrgogne dans le pays Meflmy il y en a
peu néanmoins qui entrent dans la ville de M e tz ,
la deftination en étant ordinairement pour le pays
de Liège & pour T o u l & Verdun; & d’ailleurs le
magiftra-t de Metz ne permettant pas qu’il "5*y débite
aucun vin étranger, afin de ne pas empêcher
la confommatiotv du vin bourgeois , les habitans
de cette ville en recueillant beaucoup dans les vignobles
qu’ils ont le long, de la M o felle, quatre
fieues au-defftis- & quatre lieues au-deffôus de la
ville.
Les fels pour la fourniture des trois évêchés, fe
tirent des Câlines de Moy envie, | cédées à la France \
par le traité de 1661 , & par celui de 1697 , qui a
remis le duc de Lorraine en p.offeflîon de fes états.
Cesfelines donnent environ neu f mille muids de fel
par an.
L a graine de navette vient de Lorraine : on en
fait quelques huiles dans les trois évêchés , pour
l’ufage des manufà&ures de lainage & de bonnete •
rie qui y font établies , & pour brûler à la. lampe ;
mais la plus grande quantité defeend en Hollande
par la .Mofelle. Ce font ordinairement les marchands
de Metz qui font ce commerce, qui eft un des plus ’
confidérables de la province..
I l y a aufli à Metz quantité de blâtiers & marchands
de b lés ,.q u i ramaflent des fromens , des
avoines & autres grains , qu’ils- font enfuite voiture
r , foit-par terre , foit par eau , dans les; villes
8c états; v.oifins , particulièrement à Liège.
Les voitures par terre fe font par des rouliers "
de ^Salins & de Vofge , qui font les voituriers les
p l.:3 Ordinaires, ou plutôt les feul^ du pays pour ce
Commercé. Leurs retours font plufîeurs marchandifes
de Liège , de Hollande , de Francfort ', de
Mayence & de Wo raves , fuivant les lieux où ils
®nt mené leurs grains
Les montagnes de V o fg e fourniiïent les trois-
évêchés , de beftiaux, de beurres, de fromages , de
pelleteries , particulièrement de peaux d’ours & de
quantité de bois de feiage & de charpente. Ces
bois;, parmi kfquels il y en a plufieurs qui font
propres pour les conftruétions navales , descendent
par la Meufe, fer laquelle on en forme des crains ,
qu’on nomme voiles , & les mariniers' qui les con-
d.uifent , voileurs.
. Il n’y a pus long-temps que le commerce dés
eaux-de-vie eft établi à Metz , la manière de les
faire avec le marc du raifin y étant paffé e affez
nouvellement de Pont-à-Mouffbn , où elle a été
inventée. Cependant le négoce en eft déjà confidé-
rable , & outre celles qui fe confomment dans le
p a y s i l s’en débite encore à Liège , à Francfort,
& dans quelques autres villes d’Allemagne.
Enfin , pour ne rien oublier* du négoce des t fois-
évêchés , on fait à Metz diverfes fortes de confitures
liquides , dont les plus eftimées font les mirabelles
& les framboifes -blanches ; & à Verdun ,
•quantité de. ces petites dragées , comme Cannelas ,
anis , nompareilles 8c tant d’autres, qu’on comprend
ordinairement fous le nom éCànis de Verdun*.
U n autre petit trafic de Metz confifte dans des
ouvrages de bois de. Sainte-Lucie , qui ne font pas
moins beaux que ceux qui fe font en Lorraine , où
ce bois fe trouve en plufieurs cantons , du côte
d’Épinal.
C O M M E R C E D’ A L S A C E .
Il ne fe fait pas en A lfa ce autant de commerce;
que la fertilité de la province , & la quantité de
chofes propres au négoce , qui s’y trou vent, fem-
; bleroient le promettre.
Il y a bien de l’apparence que fes habitans ne
négligent de s’appliquer au trafic, que parce qu’étant
naturellement pârefleux. & d’ailleurs trouvant chez
eux tout ce qui eft néceffaire à la vie , il y en a
peu qui veuillent s’embarrafler des foins qu entraîne
néceflairement après foi un commerce considérable ,
particulièrement celui qui fe fait avec les etrangers*
Aufli un perfonnage très-connu par fa probité ,
par les grands emplois qu’il a exercés pendant
près de trente ans dans Y A lfa ce r & par les grades
militaires ou fes férvices l’ont é le v é , remarque-t-il
dans les mémoires qu’il a bien voulu fournir fer le
commerce qui s’y fait , que cette indolence , ou fi
l’on veut , cet amour du repos , va fi lo in ,,q u e
pendant près d’un demi-fiécle de guerres prefque
continuelles en la France & l’Allemagne, aucun
des gens du pays n’a voulu fe mêler des entreprjfes '
pour les armées Françoifes , bien, qu’il s’en fit pour
plus de huit ou dix millions par an , pour les vivres.,
l’artillerie, les étapes , l’extraordinaire des guerres ,
& les fortifications ; fi ce n’eft quelques ■ banquiers
de Strafbourg, mais peu. riches , & en petit nombre,
qui faifoient quelques remifes d’argent pour les
troupes. Ajoutant-, que c’ eft encore par le même
principe de leur pareffe naturelle , que les habitans
de l’une & l’autre A lfa ce laiffent faire à des payfans
Suiffes, qui y viennent tous les ans, leurs moiffons,,
leurs foins & leurs vendanges , quoique par-là il
forte de grandes femmes de la province , qu’ils
pgurroient épargner , s’ils avoient le couragede s’y
occuper eux-mêmes.
Ce font donc les étrangers qui font la plus grande
partie du commerce de Y A lfa ce ; qui y apportent
les marchandifes qui manquent à la province, &
qui en tirent beaucoup de celles qu’elle produit :
commerce qui. s’étend d’un côté bien avant dans
l’Allemagne , vers le haut Rhin ; & de l’autre , dans
tous les. pays fitués depuis Strafbourg, jufqu’à l’embouchure
de ce fleuve.
L e commerce de Strafbourg , capitale de la hajfe
A lfa ce ., confifte en tabac , en eau-de-vie , en ch an-,
. vre , en garance pour la teinture , en écarlate,
en fafran, en cuirs , en fuifs , en bois & en gros
choux pommés.
Une partie de ces marchandifes fe tranfporte a
Mayence & en Hollande ; & dés choux.feais ,
paroiffent un objet peu confidérable, il s’en débite