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draps façon de Hollande ; d’antres façon d’Angleterre
d’autres encore façon d’Efpagne : ceux-ci
font d une aune & demie de large ; ceux d’Ano-le-
terre de cinq quarts , & ceux de Hollande d une
aune un tiers. On n’emploie aux uns & aux autres-,
que des laines d’Efpagne comme des lames de Sé-
govie , des Ségoviannes, des Albarafîns, des Soris f
tk. autres meilleures fortes.
L a plupart de cette draperie fine fo fabrique dans
les manufactures des marchands privilégiés 5 c’èfî-
à-dire , de quelques riches marchands de Paris ,
qui ont obtenu des lettres patentes pour en établir
'des fab riq ue s a Sedan , tels qu’ont été 8c que font
encore les fleurs Mignon , de la Mothe , Rouffeau !
Pagnon & quelques autres. L e refte fe fait par quelques
maîtres drapiers de la ville. On obfervera en
paffant qu’il ne fort, guères que des draps noirs de
la manufacture du fieur Pagnon.
Il n’y a point de marchands privilégiés qui ait
moihs de quarante métiers battans , y en ayant qui
en font travailler jufqu’a foixante & dix. On compte
que quarante métiers occupent près de huit cent
perfonnes pour la façon & apprêt des draps , y
compris les teinturiers, dont chaque manufacture
a les liens propres.
L e produit des fabrique s de draps f in s va à
plus de trois, mille cinq cent pièces ,, qui fe débitent
à P a r is, Lyoft v Rouen , Troyes , Reims , &
dans toutes les grandes, villes, du royaume..
Les maîtres drapiers de la communauté de la
ville vont ordinairement jufqu’à trente , qui entretiennent
environ cent dix métiers ,, où l ’on fait pour
la plupart des draps communs.
L a fa b r iq u e des ferge s eft aufîî très -confîdé-
rable a Sedan ,• quatorze ou quinze maîtres fergers
y font travailler plus de quatre-vingt dix métiers ,
q u i , année commune, donnent au - delà de neuf
mille pièces d’étoffes , qui fe débitent à Troyes ,
à Reims , & en quelques autres lieux. Elles fervent
à l’habillement des troupes.. Ges.' étoffes font des. fermes
larges , des ferges drapées , des ferges à deux
d la in s , des ferges façon de Londres-, & des- éver-
fins , a la fabrique desquelles on fe fort de laines
de Berry ,. des Ardennes, de Champagne , de- B r ie ,
& de laines communes d’Efpagne. - ,
Quatorze moulins à foulon , mais qui ne travaillent
pas toujours , faute d’eau , y font les-/apprêts
du foulage & du dégraiiTage.
L e s eaux y font excellentes pour la teinture ; il
y croît quantité dé drogues qui y font propres -’ ,
particulièrement de la gaudé : âuflî outre les teinturiers
des manufactures privilégiées , il y en a
encore cinq autres qui font indifféremment lé grand
Sc le petit teint. .
• Toutes ces fab riq ue s de lainage y occupent un
très-grand nombre de tondeurs* ' ,
Les points , que du nom de la ville on nomme-
p o in ts de Sedan ,. font iîibfîfter plu fleurs milliers de
perfonnes.^ tant, au dedans qu’aux environs.. Le débit
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s*en fait en Hollande , en P ologne, en Allemagne ,
& dans le royaume.
On ne fe fert guères dans cette fa b r iq u e que
des fils qui s’apprêtent dans la manufacture que
le fieur Quintin Courbe , marchand dé Mons-, a le
premier établi à Sedan. Ces fils dont il fe vend
année commune , environ- quinze cent livres pefant,
fe tirent d’abord par le manufacturier , de Sedan
même, de Picardie > du Soiflonnois & de Champagne
: mais il les envoie blanchir en Hollande..
Ils s’emploient prefque tous aux points & dentelles
qui fè font à Sedan, à Mezières& dCharleville.
Les chapeaux & les cuirs qui s’y font, n’y font
pas un grand objet dé commerce.
Sedan a été longtemps du département de l in f -
pecteur des manufactures établies à Reims ; depuis
. on lui en a donné un particulier.
D o n ch h r y . Trente maîtres fergers & plus dé
foixante & dix métiers,. y font par an environ quatorze
centpièces d’étoffes, qui font ou ferges larges,
ou ferges drapées , ou ferges façon de Londres. Les
' laïnes qu’on y emploie ,. font des laines de Berry, de
Champagne & de Brie. Il y a deux moulins pour
le foulage.
Les points & dentelles qui s’y fabriquent, fonC
des mêmes fortes qu’à Chatleville ; mais elles f e
font avec des fils de Hollande qu’on eftime moins
bons que ceux de la manufacture de Sedan. On
les débite en Italie , en Allemagne & en Portugal.
Deux tifièrans & deux chapeliers y font quelques'
toiles & quelques chapeaux , mais' feulement pour
lès habitans.
M o uson & A utr e co x tr t . L e s étoffés qu’on y
fa it , font des forges drapées, des ferges façon de
Londres , des ferges à deux eftairis'; elles font toutes
de laine du pays; les apprêts s’en font à Sedan.
L e nombre des pièces qui s’y fabriquent ne va.
guères qu’à.cinq cent par an , & celui des fergers
qui y travaillent, feulement à dix maîtres qui n’ont
chacun qu’ un métier. Elles fe vendent fur les lieux ,,
ou pour Reims. .
Les autres fab riq ue s font celles des chapeaux
& des toiles ; douze ou treize tifièrans travaillent
à celles -ci, & quatre chapeliers aux autres j mais
tou s , feulement pour le bourgeois. On y fait auffi
de cette forte d’eau-de-vie de pépin , qui a été inventée
fur la. fin du 17 e- îiécle.
R en voy . Prefque tous les habitans de ce village
qui n’eft pas loin de Mezières, travaillent en bonneterie
affez groflîère. L e débit s’en, fa it , quelques-
uns fur les lieux pour lés' troupes , quelques-uns
pour les payfans des villages voifins , & la plus;
grande quantité pour la Lorraine.
F îm e s . Cette. Fabrique- x\ & que trois ou quatre-
faCluriers qui font quelques ferges larges, des laines
du pays. L e produit n’en va jamais que jufqu’à'' quatre-
vingt-pièces, qui fe vendent fur les lieux ou à Reims:
Trois chapeliers , un tanneur & fix tifforans y font,
peu de çhofe. Leurs ouvrages fe confom.nenr dans. le.
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. D a m e r v , C h a s t il l o n , D o rm a n s , V e r t u s ,
É p e r n a y . I l ne fe fait pat an dans ces cinq lieux ,
qu’une vingtaine de pièces de ferges , par trois feuls
fergers qui y font difperfés ; fept, tanneurs & quatre
mégifïiers y préparent aflez confidéràblement de
cuirs , les uns forts & les autres menus. L a bonneterie
y a huit maîtres , .& la chapellerie trois ; plus de
vingt-cinq tifièrans y travaillent pour les. habitans &
les payfans. ' t ; ï .
On a dit ailleurs que le principal commerce de
ces petites villes eft en vins ; comme celui de F ilmes
, dont on vient de p a rler, eft en grains. L e vin
cuit que l’on fait à Vertus , eft le meilleur de tous
Ceux qui fé font en Champagne.
Les vins de D am e ry font de la qualité de ceux
d’A y , qui n’en eft pas éloigné:
S a in t e -M en eh o u ld . On n’employe dans cette
fabrique que des laines du pays -, dont on fait. des
ferges façon de Châlons , des ferges drapées, des
eftamecs & des frifes. L e tout ne va , année commune
, qu’à cinq cent cinquante pièces qui occupent
dix-huit facturiers. Elles fe vendent à Châlons»
Il s’y fait aufïi beaucoup de toiles des chanvres
qu’on recueille aux environs ; les quatorze tifièrans
&*les vingt métiers qui y travaillent, ne le font pour
la plupart, que pour les habitans.
Les ouvriers de différens métiers , font , cinq
tanneurs , un teinturier , fept. gantiers., fix chapeliers
& trois mégifïiers.
S iu p p e . Cettt. fabrique eft confîdérable. L a communauté
des fergers eft au moins de cent maîtres
facturiers , dont pourtant quarante feulement travaillent
, qui entretiennent plus- de foixante métiers.
Toutes les étoffes fe font de laines du pays ; elles
oonfiftent en*éverfins, en ferges drapées, en ferges
rafes & en frifes. Plus de quinze cent pièces fortent
de cette manufacturée , qui fe débitent à T ro yes ,
Reims, Châlons & quelques autres lieux. Il y a trois
tondeurs & un teinturier.
Les-autres fabriques font , des toile s, des chapeaux
& des çuirs , mais en. petite quantité, n’y
ayant qu’un tanneur, deux chapeliers, & quatre
tifièrans: ,
t. Som p y - Les maîtres fergers actuellement travaillons
, ne font guères que dix ou douze , quoique la
, communauté foit compoiée de plus de vingt-cinq
maîtres ; on y fait près de fix cent pièces d’étoffes ,
pâm,e ferges draoées & partie forges rafes à la façon
de Châlons. Reims 8c Châlons font les villes où elles
fe débitent.
V Î lle- én- T a r t e n o i s . Des ferges larges ,- des
pincbînats & des ferges drapées , 'toutes de laines
du pays , font les étoffes qui s’y fabriquent. Il s’y
en fait environ quatre cent pièces par an ,• qui fe
vendent à Reims & aux foires de la province. Il
y a quinze maîtres drapiers , tant dans le lieu , que
dans les villages voifins - r cinq feulement font
fabriquer. .
R o u t z , P e r t e , & S u n v i l l e , font trois villages,
auprès, dé Reims, où il ne fe fait que des étamines
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blanches de laines du pays : ces étoffes ,. , auili-bien
que celles de quelques autres villages qui n en font
pas éloignés, ori il s’en fait de mêmes qualités, font
vifitées 8c marquées par les gardes jurés de cette
ville , où elles fe vendent pour étamines de Reims
même. L e produit de toutes ces fa b r iq ue s , pafte
deux mille pièces. R o u t 1 après de trente ouvriers
& autant de métiers ; Pe r te r. dix ou douze ouvriers ;
& Sunville , quatorze ou quinze qui n’ont chacun
qu’un métier.
S o is so n s , capitale du Soiffonnois. L a fab riq ue
des étoffes de laines y eft peu confîdérable ; à peine
s y fait-il par an quinze pièces de ferges , façon de
Be rry, où deux fouis maîtres travaillent, fur deux
fouis métiers. Il y a cependant deux tondeurs, &
autant de teinturiers ; mais les premiers ne tondent
. que des étoffes, du dehors les autres né teignent
que pour les bonnetiers & les chapeliers du lieu*
L a bonneterie'y eft affez bonne; elle éft entretenue,
partie par neuf maîtres de la ville, & partie
par les pauvres- de l’hôpital , qu’un riche maître
fait travailler.
L a chapellerie y eft encore plus forte, quoiqu’elle
n’ait que fix maîtres: Les chapeaux fe font de laine
d’agneaux du pays ; il s’y en fabrique jufqu’à trois
mille cinq cent par an. Leur débit, auilî-bien que
des bas ,* fe fait fur les lieux & aux foires des villages
• voifins-.
L a tiflèranderie y occupe environ trente tifferans',
qui fo n t , année commune , huit à neuf cent pièces
de toiles.
> Quatorze ouvriers en foie , qu’on nômmeroit à
Paris tiffutiers - rubanniers , y font des. bords de
chapeaux, & des galons tout de fo ie , & d’autres
galons fil 8c foie. Ils s’appellent paffementiers.
Enfin ', la tannerie ne confifte q,u’en trois tanneurs v
qui n’apprêtent .qiie des petits cu irs, n’ayant pas
réuffi aux apprêts des cuirs forts qu’ils y ont tenté
vainement plufieurs fois.
L ao n , capitale du Laonnois. N u lle fabrique d’é—•
toffes de laine dans cette ville jfe s autres manufactures
font des toiles, des b a s , des chapeaux & des
cuirs.
Les toiles font de deux fortes, ou de lin ou de
chanvre , les unes & les-autres des fils du pays ou
des lieux voifins. Celles de. lin occupent plus de
trente tifièrans 8c quarante métiers , & .celles de
chanvre autant de tifièrans, mais un quan moins
de métiers. Ces derniers font de toutes largeurs
les autres font des toiles façon de Hollande de trois
quarts de la rg e , & des batiftes ou touffettes de demi*
aune un feize. Les tifièrans s’y appellent des mar~
quiniers. .
Les- bas fè fon t, cru par les maîtres bonnetiers delà
v ille , qui n’y font qu’au nombre .de douze on
»par les pauvres ehfans de l’hôpital.
L a chapellerie fournit trois mille chapeaux & plus
chaque année, dont là plus, grande partie fe débite:
fur les lieux*