
d é t a i l d e s m a n u f a c t u r e s ,
DES FQIRES ET DES MARCHÉS DE LA
GÉNÉRALITÉ DE MûNTAUBAN.
M O N T A U B A N . V ille de France dans le Quercy.
Cette ville eft célébré par le grand nombre de fes
f o ir e s , & par le riche comm-erce que fes marchands
font de leurs v ins, des eaux-de-vie, & des autres
productions du cru du ç a y s , particulièrement à Bordeaux
, où ils les envoient par les rivières qui l'ar-
rofent ou qui en font p roches, & qui tombent dans
la Garonne.
Lfoiu au b an eft le chef-lieu Suneinfpeclion des i
manufactures, qui s'étend dans tout le Quercy &
le Rouergue. Les principales villes , bourgs & lieux
de ce département, font Cahors , Gourdon, Souil-
i Cd ^ e6tour > R éalville, Vicfefenfac, Auch,
ÿ M d*Armagnac, Segu ft, Mauvefïn, Cornus,
Beauinontrde-Laumagne , Saint-Clair*de-Laumagne ,
ftlardebarr.es, Efpalion, Vîllefr anche, R odez, Saint-
G eu ier , F o ix , Mazeres , Pamiers, Milan, Saint-
Aulans , Saint-Affrique, Saint-Cornon , Grenade,
rons 3 r^ara^con j Saint-Gaudens, Mirande,
Maileube, la Vallée d’Auire , dont Arreau eft le
principal village ; A fp e t , Caftelnau de Maignouac,
Sîunt-Antonin , Rieuftpes, Lille-Jourdain, Saint-
II’ > Montrai™ , Montpefat, Çauflàde.
rJ re fabrique dans Getce ville & aus environs,
une allez grande quantité de cadis, de cordelats,
de raies de foies de'diverfes couleurs , qui font allez
belles & de boq ufer, & des ferges ; à 1 egard des
cadis , , ceux qui s’y débitent , ne font pas tons de
la fabrique de M cn ta u ban , la plus grande partie y
cil ^apportée du Nebouzan & du voifinage des Pî-
renees , pour y recevoir l'apprêt, ce qui fert beau,
coup à en fournir les magaljns des marchand? de
cette ville & de fês fauxbourgs.
L a plupart de ces étoffes defcendent parle T a rn ,
fur lequel la ville eft limée ; & enfuite par la Garonne
a Bordeaux, & s'y débitent aux foires qui
s y tiennent deux fois l’année ; J’antre partie lè
porte d Bayonne; & prefque le tout fe.débite aux
etrangers.
Ces direrfes fa b r iq u e s , tant de Ja ville que des
fpuxbourgs. & de quelques villages voifips, occupent
jufipj'à cent foixapte maîtres & deux cent foi-
xance métiers. Il y a pour les teintures fept ou huit
boutiques confidérables de teinturiers ; & pour fou-,
1er les étoffés à qui cette façon eft néceffaire deux
grands moulins fur le Tarn , avec chacun fix pilles.
Il s y fait auffi quantité de bons chapeaux & de
bas au métier, qui comme les étoffes, fe 'débitent
a Bordeaux & à Bayonne, Outre ces marchandifes
on voiture auflîpar .eau à Bordeaux, des vins, des
eaux-de-vie, & fur-tout quantité de prunes en tonneaux
, pour le compte des Anglois & des Hollgn-
dois, dont le produit, à ce que l'on prétend, va à
plus de cent mille écus année commune.
f f plus grande partie de tout ce .coiwnerçe fe fait !
par les marchands qui font établis dans u n des faux-
bourgs appelle Villebourbon.
C a h o r s . Il fe fait dans cette ville qui eft la Capitale
du Q u ercy, des^cadis & des ferges. Vingt &
un facturiers, & cinquante-huit métiers font employés
â ces deux fortes de fabriques, & trois maîtres
teinturiers-les mettent d la teinture ; douze mar-’
chauds en font tout le commerce. I l s’y fait en tou t,
deux çent pièces de cadis, & prefque autant de
rafes ; outre environ trois cent pièces de ces dernières
étoffés qui y font envoyées dés provinces voifî-
nes , & qui fè débitent à fes foires & à fes marchés.
Celles-là font au nombre de quatre foires par an; &
ceux-ci fe tiennent deux fois la femaine , le mercredi
& le famédi.
Ses vins lui font aulli un affez grand objet de
trafic, tant avec fes voifins qu’avec les étrangers.
G o u r d o n , en Périgord. Les fabriques de cette
petite ville confîftent en burats, en cadis, en groffes
ferges & en gros drogaets. Elles n’ occupent que
quatre facturiers & huit métiers, & il ne s’y Fait
guèr*es que cent pièces de toutes c.es étoffes : il eft
vrai qu il s y en vend «à fes fo ire s deux ou trois cent
pièces des provinces voifines. T out ce négoce fe fait
par huit ou neuf marchands.
Ses fo ire s qui font allez bonnes , font au. nombre
de fix par chaque année.; outre deux marchés par
chaque femaine.
I l fe fait aulli à Gourdon des chapeaux & des
toRes.
S o u ï l l a c , en Quercy. Il y a une fabrique de
groffes bures de huit à dix fols l’aune ; il s’y fait
auffi quelques chapeaux & quelques cuirs. I l y a cependant
fix foires par an & un marché tous les
lundis, où ij s?apporte des lieux & provinces voifï-
nes, une affez grande quantité de petites étoffes.
F ig e a c . I l n’y a point de manufacture à F ig e a c t
mais il y a quatre fo ire s par a n , & des marchés
les mercredis & les famé dis, où il fe vecd environ
fix cent pièces d’étoffes, qui y fonç apportées des
provinces voifines.
L e c t o u r e , dans le comté d?Arn)agnac. Ses fa-*
briques font des bures, des rafes, des ferges, Sç
de gros draps : on y fait quatre ou cinq çent pièces
d’etoffes par a n , qui occupent treize facturiers ,
vingt-fix métiers & un feul teinturier. Cette ville a
neuf fo ire s affez confidérables, & il s-’y tient des
marchés tous les mercredis & famedis.
R e a l v i l l e , en Quercy, Ce font les mêmes fa*,
'briques que Leétoure , avec pareil nombre dé métiers;
mais il y a jufqu’à vingtrhuit facturiers. Ses
marchés fe tiennent t.ous les jeudi? > & fes foires
trois fois l’année,
V ic f e s e n s a c . Toutes les étoffes qui s’y fon t, ne
paffent pas cent pièces par ,an; mais elle a onze
fo ire s & d e bons marchés-, où il s?en débite beau-
■ coup du dehors. Celles du lieu occupent treize facturiers
& dix-huit métiers ; elles confiftent en burats,
en rouzets, en bures, en cadis, & en rafes.
A y c p . I l Ce fait à ftuçh jufqu’à fix çent pièce?
d’étoffes de laihe , qui fe débitent à Touloufe. Elles
confiftent en rafes plénières, ainfi nommées pour
leur excellence ; en cadis, en burats & erf crêpons :
quatre marchands en font tout le commerce. On y '
compte jufqu’à quarante facturiers & près de foixante
métiers.
Sa chapellerie & fes tanneries font affez bonnes.
Quatre chapeliers & autant de tanneurs y travaillent.
Il s’y tient onze fo ir e s par an.,. & des marches
tous les mercredis & famedis.
L a Bastide d 'A r m a g n a c . ,Cette fabrique étoit
autrefois très-confîdérable ; il s’y fait encore plu-
fieurs forces de petites étoffes de laine, qui en tout
ne paffent pas. cent pièces par an.
Elle a trois fo ir e s , & des marchés tous les famedis
, où il s’en débite quelques-unes qui viennent
des lieux voifins.
Deux tanneurs y entretiennent quelque commerce
de cuirs.
S e g u s t , en Quercy. Il y avoit autrefois à Seguft
une fabrique de draps affez confîdérable,. mais elle
eft entièrement tombée. Les autres étoffes qu’on y
fait, font des bures groffières , qu’on nomme autrement
des ferges drapées, & des rouzets qui font
auffi d’autres efpèces de ferges. A peine toutes^ces
fa b r iq u e s , qupiqu’entretenues par dix-fept facturiers
& vingt-deux métiers, fourniffent-elles trente
pièces d’étoffes par an. Il s’en marque aulli quelques
autres à fes quatre fo ir e s , qui y font apportées du
dehors. I l y a marché tous les jeudis.
M a u v e s in , dans le comté d’Armagnac. Les
étoffes qui s’y fon t , font des cadis , des rafes , des
droguets , des burats, & des crêpons. Il s’v en fait
environ quatre cent pièces qui fe débitent a Mon-
tauban, à Bordeaux & à Bayonne* Pour foutenir
ces fa b r iq u e s , il y a deux marchands , trente facturiers
, autant de métiers, deux teinturiers, deux
tondeurs & trois moulins à foulon. Les marchés s’y
tiennent tous les lundis, & fes f o ir e s , fix fois
l’année.
S a in t -Je an -ü u -Br e u i l . I l ne s’y fait que des’
cadis qui peuvent monter à deux cent pièces par an ,
qui fe portent aux foires de Pezenas. Huit marchands
, quinze facturiers , treize tifferans, & dix-
fept métiers, foutiennent cette fabrique.
I l y a à Sa in t -Je a n-d u-B reuil trois foires par an.
C o rm e s . I l s’y fait des draps de couleurs , de
différens prix. Les laines qu’on y emploie, font
deux tiers du p a y s , & un tiers du dehors. I l s’en
confomme , année commune, cent cinquante quintaux
, qui fourniffent trois cent pièces d étoffés qu’on
débite aux foires de Pézenas & de Montagnac.
I l n’y a que huit marchands, cinq facturiers &
dix métiers.
■ B b a u m o n t - d e - l e r n a ig e . Ses fab riq ue s font
des rafes & de gros draps, dont il s’y en fait environ
huit cent pièces qui vont à Pézenas , Bordeaux,
& Bayonne. Il s’y confomme cent foixante quintaux
de la in e , dont il n’y. en a que foixante du
lieu.
Les autres manufactures font des chapeaux &
des cuirs* L a tannerie n’a que deux maîtres, la
chapellerie en a quatre.
Ses fo ir e s font au nombre de huit. Il y a marche
tous les famedis.
Il ne faut pas oublier que pour les étoffes, il y
a trente-deux facturiers, quarante-huit métiers, deux
teinturiers & trois tondeurs.
Saint-Clar-de-Laumagne. Il ne s’y fait guè-
res que cent pièces d’étoffes par a n , qui occupent
onze facturiers & quatorze métiers. Les étoffes qu’on
y fa it , font des draps, des rafes, des cadis , & des
droguets.
L a fab riq ue des bas y eft auffi affez confidéra-
ble ; les laines qui s’y emploient à ces diverfes f a briques
, vont environ à cent quintaux par an; les
autres manufactures font des toiles & des coutils.
On y tient huit fo ir e s & de bons marchés,
Mardebarrés , en Quercy. Ce lieu eft plus célèbre
par fes fo ir e s que par fes fabrique s. Il s’y
fait pourtant des burats , des rafes communes, des
ferges & des cadis ; mais qui font toutes pour l’ufage
de fes habitans.
Ses fo ir e s font au nombre de fept.
Espalion. Les rafes , les burats & les cadis qui
s’y fon t, occupent treize facturiers, quinze métiers,
& deux teinturiers.
I l s’y fait auffi quelques chapeaux & quelques
cuirs. Les étoffes fe vendent aux cinq fo ir e s qui s’y
tiennent tous les ans.
V ille-Franche, en Rouergue. fûts fa b r iq ue s
de cette petite ville font bien moins confidérables
qu’autrefois : il s’y fait néanmoins encore une affez
grande quantité de bures appellées N a d ieu , de bures
communes , de crêpons , de ferges , de frifons ,
& de burats, où font ordinairement emploies quarante
à quarante-cinq tant fergiers que .tifferans- &
tondeurs, fix teinturiers & cinq foulonniers qui ont
chacun un. moulin. Quatorze marchands font le commerce.
Six autres marchands font celui du cuivre, dont
il y a plufieurs forges & martinets aux environs de
Ville-Franche.
I l s’y fait auffi des toiles.
Rodez, capitale du Rouergue. Cette ville a été
autrefois affez célèbre par fes manufactures; celles
qui y reftent encore n’occupent plus, qu’une douzaine,
tant d’ouvriers faifant travailler , que de facturiers
, fergiers & tifferans. Il y a auffi fept teinturiers
& neuf moulins ; mais la plupart des étoffes
qui y font apprêtées , viennent du dehors.
Quatorze marchands en font tout le commerce.
Le s étoffes qui s’y fo n t , font des ferges & des
cadis.
Les chapeaux qu’on y fabrique , font affez efilmés.
Cinq maîtres chapeliers y travaillent.
Ce qui donne aujourd’hui quelque réputation à la
ville de R od e \ , font les quatre fo ir e s qui s’y tien