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fe s , maigre Ion éloignement des ports de mer Sc
le peu de commerce aélif qu’elle fait. On y compte
beaucoup de capitaliftes fort- riches ,- des banquiers
qui ne le font pas 'moins, & des maifons faifaüt le
-commerce de laine , : qui entrétiéhnènt dès corref-
pondances non-feulement avec les négocians, qui
rélident dànÿ les 'ports dé mer du royaume, “maisj
encore avec les principales villes de commerce de’
l ’Europe.
T olede , principale ville de la nouvelle Caftille,
eft bâtie fur un rocher au bord du Tage qui l’environne
en plus grande 'partie. On -y trouve une
manufacture d’etoffe de foie mais-le commerce;
n’eft pas brillant dans cette ville. „
G uadalaxAr-a 1, ville fituée au bord du Henarès,]
eft remarquable par une fabriqué royale de draps'
Sc étoffes de laine qui occupe un bon nombre de fes
habitans.
T a l a v e r a -üb la R eïna , ville* auflî fituée a u ,
bord du T a g e , a quelques manufactures d’étoffes \
de foie, & des machines pour filer la foie fort in-
génieufes. A lc a ta de U en a r e s , Cuenca , Ciudad-
R e a l Sc quelques autres villes de la nouvelle Câf-
tille , font quelque commerce en productions du
p a y s , qui confiftent principalement én bleds, fafranJ
fruits , bétail & vin , furtout de la M anch a dont
C iud ad -K eal elt la capitale.
B urgos , capitale de la vieille C a ft ille ,.eft fituée
au pied d’une montagne près de la rivière à’A r -
Jan^on. 'Lt commerce y eft-toujours fiorîfiant, quoiqu’il
foit confidérablément déchu de fou ancien
luftre.
V alLadolid , fituée au bord de la rivière P i -
Jîeerga , èft une ville d’un affez grand commerce ,'
& qui pofféde quelques manufactures d’étoffes de
laine.
Sé g o v ie eft bâtie dans une vallée au bord de la
rivière Eraftna -, dont les eaux font excellentes pour
le lavage des laines. G’eft dans cette ville que les
p i le s des Ism tsèiEfpdgne les plus,renommées font
lavées j on y apporte la laine en filin ou fu r ie de
V illa ca ft in , bourg fitué à deux lieues de Ségovie
où l’on tond les troupeaux de brebis qui vers l’ été
y viennent des montagnes de Leon & le l’Eftrama-
doure, comme nous le dirons ci-après. On fabrique
z Ségovie les plus beaux draps à'Efpagne ; on y
fait auflî du papier & de la fàyance.
Logronno, Calahorra , Siguen^a , O fm a , So-
t i d , & quelques autres villes de là vieille-CaftilIe,
font auflî quelque commerce , qui confiftè principalement
en laines } v in s , bled , miel & plufieurs
autres productions du pays.
Sa r a g o s s e , ou Zaragoqa, capitale du royaume
d’Aragon , eft fituée dans une plaine au bord de
XEbre , qui arrofe & fertilife cette contrée en y
formant beaucoup de finuofités. Cette ville a quel*
ques manufactures d’étoffes de foie & de laine ; &
i l s’y fait un bon commerce en bleds -, ' régliffe ,
vins , huile , lin , fafran & autres productions du
pays» L es autres villes d’Arragon font Tarraxona ,
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I B or j a -, C n ia ta y u d , Albarrafin , T e rv e l, Z) a*
j roc a , B a lv a j lr o ■ Huefca ScJaca.
Pampelüne , ou Pamplona , capitale de la
Navarre, fituée au pied des Pyériées , dans une
grande plaine au bord de la rivière A r g a , eft une
ville qui fait un commerce confidérable , notam-
| ment avec les Caftillans. L a Navarre produit d’ex -
cellëns' vins , entr’autres ùn vin fameux qu’on. nomme
Rancio de P e r a it a , & qui eft infiniment eftimé
des connoiffeurs. EJlella., Viena , Tu d e la , O lite
& T a fa lla , font les principales villes de la Navarre
après Pampelune.
- ’V ic t o r ia .;, v ille principale de la province d’A»
lava , fituée fur une hauteur, fait un bon commerce
avec les Caftillans & autres peuples de l’intérieur
de 1 Efpcùgne , q ui viennent dans cette ville acheter
les marchandifès dont ils ont befoin.
- .Saint-Sébastien , ou Sah-Sebaflian , port de
mer fameux , ville fortifiée capitale de la province
de G uypuzcoa , eft fituée au bord de la mer
de Bifcayé , à l ’embouchure de la petite rivière
d’ Urumen fes habitans font un commerce-- trèsconfidérable
avec Ja Navarre , la Caftille & plufieurs
autres provinces A'Efpagne dont les marchands
viennent à SaïntrSébajlïen acheter du cacao,
de la canelle , du poivre & d’autres épiceries $ du
tabac' en- poudre , des- toiles & plufie;urs autres
articles , que les. négocians de cette ville tirent de
Hollande , de France & d’Allemagne. L e commerce
- d’exportation de Sain^-Sébnjlien n’eft pas. bien important
; il confiftè uniquement en fer ÿ mais comme
c’eft dans, cette v ille ,.'o u plutôt,a PaJJdges ,
port peu diftant, que la » compaghièî'de. Caraques
faifoit ci - devant fes arméniens pour la côte’ ide Cà-
raques !, aujourdfhui que le commerce -eft libre
pour les particuliers qui voudront trafiquer fur
cette côte de l’Amérique, Saint-Sébajlien en profitera
& pourra devenir, au.moyen des retours que
fes négocians recevront de Caraques , une des villes
lés plusimportantes ètEfpagne pour le comméiee
d’exportation. Fuenteràbia , Irum , T o lo fa , Güe-
■ taria , Villafranica, font les villes principales de
la province.de Guypuzeoa.
Bilbao eft une dès-plus belles villes non-fèùle-
. ment de la Bifcaye , mais auflî d’Espagne ; -plie eft
fituée fur la rivière à’ Ybey^ab a l qui , à deux lieues-
de là , va fe jetter dans la mer au pied de la petite*
ville de Portugaleté ; là il y a une barre qiii , lorfi-
que les eaux font baffes, n’a que y à 6 piedsr d’eau,
enforte que les navires ne fauroient paffer cette
barre, qu’à la pleine mer.
L a laine eft la première & principale branche
du commerce de Bilba o ,* eft il certain qu’on apporte
. en cette ville tout ce qu’il .y a de mieux en
Efpagne dans cet article. On y .diftingue diverfes
qualités de laines, fçavoir: i.°. Les laines Léonèfes,,
à- hf tête defquelles on place les piles de 1 E feu r ia l,
P a u la r , L r iftïry , ïnfantado,, Mond ejar, ./Ve-
gzexe, Lu'co -, &c. On les nomme en. France belles
Ségovies. Ç ’eft une laine dont les troupeaux vont
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baître en été dans les montagnes de Léon-, ou
Ils reftent .jufqu’au mois d’oélobre» Ils les quittent
alors à caufe du grand froid qui s’y fait fentir,
& on les mene dans la province d’Eftramadoure,
païs d’une température agréable & douce , où ils
demeurent jufqu’au mois d’A v r il, temps auquel ils
’doivent aller en Caftille, pour y être tondgs. Après
la tonte ,.lès laines font lavées en partje. a Ségovie
même & dans .fes environs, & en partie à Kuitrago
& en d’autres lieux de la Caftille.
L a laine Léonèfe lavée à Segqvie eft plus moël-
leufe que celle qui eft lavée à Buitragp ; celle-ci
eft un peu rude au toucher , ce qui provient des
eaux qui font plus froides & moins propres que
celles de Ségovie pour le lavage des laines. La
Léonèfe ou Ségovie eft crêpée j cela prouve en
même temps fa fineffe & fa force. Elle' doit: être
de couleur rofe ou incarnat. Quelquefois la’ nuance
du rouge eft forte à caufe de la quantité de terre
rouge avec laquelle on teint les moutons pour difi
titigue'r les troupeaux ; ce qui vient auflî du peu
de foin qu’on a aux lavoirs, yde tenir la laine dans
l ’eau chaude tout le temps qu’il faut. Quand la
laine eft bien lavée, elle acquiert une blancheur
éblouiffante , ©u une bèlle couleur incarnat j les
marchands y ont beaucoup d’égard & montent ou
baillent leurs prix én èonféqüence.
i ° . L es laines Ségoviennes fin e s ont la fôié moins
fine que les Léonèfes j c’eft pourquoi elles ne font
pas auflî crêpées, & n’pnt pas la même force que
ces dernières. Lés belles Ségoviennes doivent avoir
la couleur incarnat, comme les Léonèfes ; elles ne
font pas fi moelleufes que celles-ci. Les troupeaux
ui les donnent paiffe.nt;en été dans les montagnes
e Ségovie , de Buitrago, d’Avila & d’autres endroits
de la Caftille, d’où on les fait pafler un peu
avant l’hiver en Eftramadoure.
3°. Les laines Ségoviennes régulières, ou de los
P u e r to s , viennent de troupeaux qui paiffent pendant
toute l ’année dans la Caftille , furtout aux environs
de Pennaranda , de Buitrago & de. Burgosi
Celles de Pennaranda font d’un blanc cendré, Ce qui
vient de ce que les troupeaux fe vautrent dans la
cendre qui couvre les champs, la coutume étant dans
ce pays-là de briller les chaumes.
4°. Les laines BurgalaiJ'es & celles de Buitrago
font d’une belle couleur de rofe & quelquefois blanches
-y elles deviennent un peu rudes trois ou quatre
mois après qu’elles ont été lavées, & cela vient dé
la grande froideur des eaux dans lèfquellès’ on lés.
lave, ces eaux coulant des montagnes couvertes de
neige prefque toute l’année. Les troupeaux qui
donnent, cette laine paiffent pendant l’été dans le
territoire de Burgos, & vont en hiver paître dans
les montagnes de l’Ëftràmadoure.
5°. Les laines Soria Ségoviennes , parmi lesquelles
il fe rencontre des parties qui font auflî
eftimees, & eq effet auflî belles que les Ségoviennes
fines, viennent de troupeaux de la même race que
seux qui donnent la laine Ségoyienne j mais comme
ESP %
les -premiers ont paffé dans le territoire de Soria ,
ils y ont en quelque manière dégénéré par la qualité
des pâturages ÿ cfe-là vient que l a laine Soria Ségo-
viènne n’eft en général ni fi belle ni fi fine que la
Ségovienne, Celle-ci étant plus moëléufe que lautre,
qui d’ailleurs acquiert, en la lavant dans lés eaux
froides de Soria,. une rudeffe, que n’â pà‘s naturellement
la laiiie. Les troupeaux qui donnent la laine
Soria Ségovienne paillent pendant l’hiver,dans l’Ef-
tramadoüre , & durant l’été-dans le territoire dé
Soria. Par laines de Soria, on entend auflî les Soria
•de los R io s Sc les Soria de lós Cavalier o s les
troupeaux qui portent ces laines vont auflî paître
pendant l ’hiver en Eftramadoure j mais en général
la véritable Soria Ségovienne eft d’une meilleure
qualité. Les laines Sória del Campo Sc Soria de
Lumbreras, font ainfi nommées , parce que les
troupeaux qui les. donnent paiffent durant toute
l’annéé dans les territoires' del Campo Sc de Lumbreras.
Ces laines font rouges ou rougeâtres, &
leur rudefle, qui furpafle celle des laines Soria
Ségoviennes, Soria de los Rios & Soria Cavalières,
fait juger ,. dès qu’on les touche, qu’elles font d’une
qualité inférieure.
6°. Les laines Siguen\a Ségoviennes font regardées
fur le pied des laines Ségoviennes régulières ,
quoique la qualité en foit un peu moins bonne. Les-
troupeaux qui les portent , pafTènt l’hiver dans
l’Eftramadoure, & l’été dans le territoire de Siguenza;
ces laines font de couleur jaune clair ; elles font
prefqu’auflî eftimées que lês Soria, Ségoviennes. Le s
laines de Si'guenza viennent des troupeaux qui paiffent
toute i année dans le territoire dé Siguenzà j
leur qualité refîèmble à celle des Soria Lumbreras.
7°. Les laines de M o lin a , V il lo j la d a , OrtU
gofay Albarrajiiiy Ca^eres, Lle r en a , B a d a x o s
8c autres laines ordinaires à’Efpagne , font des
toifons de troupeaux qui paiuent pendant toute l’année
dans ces divers pays. Elles ne font jamais ni fi.
eftimées ni fi demandées de l’étranger que les laines
fines , dont l’exportation eft prodigieufe.
Il s’exportoit autrefois du-feul pórt de B ilb a o [,
environ io à n mille balles de laine fin e, & 4 à
6 mille balles d’agneîïns ; mais depuis quelques
années il s’embarque à Saint-Ander 10 à i z mille
balles de la in e , & z à 3 mille balles d’agnélins,
& d’autant moins a B ilb a o : \
II eft confiant que plus la laine en fuin eft fine ,
plus elle rend après le lavage. C ’eft la raifon pourquoi
les Ségovies. Léonèfes donnent plus après le lavage
que toutes les autres laines : on pèle les'laines avant
de les la v e r , & fi une arrobe de z 3 ft> de laine en
fuin donne net .après avoir été lavée 13 f fh , oji
regarde ce rendement ( on c'orrefponfion félon
l’expreflïon des Efpagnols ) comme très-avantageux
pour le propriétaire de la laine , qui calcule orcünai»
remént fur 1 z à 13 ib feulement, quoiqu’il arrive
quelquefois que le rendement monte a peine à 11 ib.
En effet, fi lorfque les troupeaux font en marche
pour les lieux où ils doivent être tondus, il ne