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le vendeur, fe.regarde-t-il fort heureux fi le paiement,-
malgré ces rabais, n’eft pas renvoyé à un certain
temps ; car', pour le dire en pafîànt, les achats & les •
ventes des -mafchandifes ayant lieu à Amfierdam
prefque toujours par l’entremifè d un courtier, la
livraifon des marchandifes le fait fans aucun écrit
préalable entre les parties contractantes, tant pour
le prix que pour les conditions ; de-là , i l arrive^
quJil n’y a point un temps préfîx en. rigueur pour
les paiemens, & qu’ils ont rarement lieu précifément
aux échéances des termes» A cela près , il régne
tant de bonne foi dans cette Ville, le modèle de toutes
celles qui font commerce, q u e , quoique l’on s y
ferve indifféremment de courtiers jurés ou non jures,
pour vendre ou acheter des marchandifes, on y voit
rarement s’élever des difputes a l’occafion des prix
& dés conditions des marchandifes vendues par les
courtiers non jurés. On femble même ne pas faire
attention que leur témoignage , en cas de différend,
n’àiïrôit aucune force en juftice.
Les marchandifes fe vendent au/fi publiquement,
au plus offrant & dernier enchérifleur. Comme dans
ces ventes on frappe fur un badin de cuivre, pour
marquer que la marchandife ,eft adjugée au dernier
offrant, on les nomme ventes au baffiii. Ces ventes
ne fe font pas feulement pour les marchandifes avariées
, gâtées oü de rebut ; on y voit très -fouvent
des articles courans qu’on fçait même avoir des amateurs.
L ’indigo, les cuirs fecs en poil de l’Amérique,
les tabacs, les vins , les eaux-de-vie & plùfieurs
autres a rticles, fe vendent fouvent mieux au baffin
que hors la main. Les droits, de la ville p o u r la
vente au baffin , font i | p£. Les termes ordinaires
pour le paiement des marchandifes, font de trois
mois pour les laines d’Efpagne & de Portugal, les
toileries quelconques, les fucres & les cafés j & de
fix ternaires pour prefque toutes les autres mar-
„chandifes , excepté les épice riescomme cariélle ,
poivre, çloux de girofle & noix mufcades q u i,
fuivant l’ufage conftamment foutenu par la compagnie
des Indes orientales , fe vendent à comptant
auffi-bien par les particuliers que par la compagnie.
Une circonftance du commerce à’Amfierdam,
digne de remarque, c’ eft le paiement des'droits des
marchandifes, tant à l ’entrée qu’à la fortie de cette
ville. Comme .c’eft l’amirauté qui eft chargée de la
perception de ces droits ^on lui porte la déclaration
des marchandifes qu’oii a intention dé charger
dans un navire, ou de celles qu’on doit recevoir d’abord
d’un autre navire ainh la déclaration doit fe
faire avant le déplacement des marchandifes qu’on
fe propofe de charger ou de décharger. Dans chaque-
déclaration -on doit fpécifîer le nom, le poids & la
valeur de la marchandife ; l’amiraüté tolère feulement
qu’on déclare un fixiéme moins de la valeur ,
mais pas plus. Munis du paffoport de l’amirauté,
qui permet l’entrée ou la fortie des marchandifes , en
vertu de ladite déclaration ,.les bateliers qui ©nt leurs
bateaux chargés des marchandifes déclarées, fe p iég
e â t aux aveaues du port où fe tiennent les gardes
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de l’amirauté. Ceux-ci confrontent les objets doftt lé
bateau èft chargé avec ceux qui font fpécifies fur le
paffe-port, mais à la fimple vue & fans en faire de
vifite ; s’ils jugent quelques-uns des articles chargés
fur le bateau , valoir plus que ce qu’ils ont été déclarés
à l’amirauté, ils ont le droit de les retenir en
payant la fomme que le propriétaire aura déclaré
qu ils valoient, & en outre un fixiéme eju’il eft cenfé
avoir diminue de. la valeur réelle. Indépendamment
des droits ordinaires, l’amirauté recouvre les primes
d’ufage en temps de guerre, & meme en temps de
p a ix , quand les circonftances le requièrent. Voila
pourquoi l’article des droits peut varier j & comme
nous avons cru devoir donner dans nos comptes,
des régies fùres pour pouvoir calculer toujours avec
la plus grande précifion poffible , nous y avons fait
mention des droits de fortie fans les primes 5 mais
rien n’eft plus facile que de les y ajouter d apres es
que nous avons dit cî-devant page 5 7 5 »
Commerce local.
Nous avons divifé le commerce local en trois
branches, que nous comprendrons fous les noms de
commerce de cabotage, de commerce d’ ajjurances
& de commerce d’emprunts & de crédits., C e ft au
prodigieux commerce que fait en tout genre la ville
£ Amfierdam dans les quatre parties du monde,
'qu’elle eft redevable de ces trois branches de commerce.
Nous allons en expliquer en peu de mots
la nature & les circonftances principales , & nous
terminerons par-là ce qui concerne le commerce ]
général'de cette ville.
I. L é commerce de cabotage a toujours été
exerce avec plus d’avantage par les Hollanaors , que
par aucune autre nation de l’Europe. Il confite
principalement à prêter aux étrangers, cFes navires
pour le tranfport de leurs marchandifes , d’un port
de l’Europe à un autre ; mais, relativement aux
Hollandois, le commerce de cabotage a un feus
plus étendu ; car il comprend non-féulement le fimple
cabotage de leurs navires d’un port etranger a
un autre port étranger, mais encore tout leur commerce
& toute leur navigation , qui, à proprement
dire , n’eft qu’ un pur cabotage. L a raifon pourquoi
ce mot cabotage a une fîgnifîcation plus étendue,
appliquée aux Hollandois qu’aux autres nations, eft
aifée a concevoir : ces nations , en faifant venir^des
marchandifes étrangères, n’ont ordinairement d autre
vue que de remplir le befoiri qu’on peut en avoir
chez elles-mêmes.; au lieu que les H ollandois, dont
les befoins en articles étrangers pour la confomma-
tion de leur pays font des plus bornés, ne font venir
chez eux des marchandifes étrangères, que pour en
fournir enfuïte aux nations qu’ils fçavent avoir befoin
de ces marchandifes. C ’eft un flux & reflux continuel
en H o lla nd e, que cette importation & exporj
tation de marchandifes étrangères^ : quiconque y kiC
attention pour une première fois, feroit tente e
h o L
trôifé que les Hollandois font lé commerce moins
pour eux-mêmes que pour les autres.
- En comprenant donc toute la navigation HoUan-
doife, fous le nom de commerce de cabotage, nous
difons qu’elle fe divife en quatre branches principales,'
fçavoir la navigation du Nord , celle du Midi,
celle du Levant, & celle des Indes orientales &
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occidentales. Lés Hollandois emploient le plus g r a n d
nombre de leurs navires dans la navigation du Nord
lien entre tous les ans dans la mer Baltique, environ
1500, & il s’en emploie 75 0 à 800 autres au commerce
de Norvège , ! de la mer Blanche & de plu-i
fleurs autres ports d e là mer du Nord.
Suivant les liftes du Texel & du Vlie de 1778 & 177$ , il eft entré à Amfiêrdam,
En 1778» En 177f .
. , 868 7 97
423 604
168 l2 3
24
1,584 M 48
navires de la mer Baltique,
dits de Norvège.
dits de Hambourg & des autres ports de la mer de Hollande & de$
Pays-Bas.
dits d’Archangel.
navires.
Il faut confîdérer que plus de la moitié des navires Hollandois qui s’expédient de la Baltique , font
dèftinés dire&ement pour des ports de l’Europe fans toucher en H o lla n d e , où la plupart font ordinairement
affrétés pour faire ces fortes de voyages.
La navigation du Midi s’étend dans les ports de France & d’Efpagne, fitués fur l’Océan» Le nombre
de navires Hollandois qui s’y emploie eft incertain & varie trop pour le pouvoir fpécifîer» Il eft entré
au Texel & au Vlie,
En 1778.
> z 1 o
3 T4 68
43
6 51
En 177p.
M i
300
72-
67
690
navires de divers ports de France fur l’Océan,
dits de là Grande Bretagne & de l’Irlande,
dits d’Efpagne en deçà du détroit de Gibraltar,
dits de Portugal.
navires.
Au furplus, quoique le cabotage d’un port à l’autre
de F rance & d’Efpagne foit confidérable , on ne
fçauroit déterminer pontivemént fon étendue , étant
tantôt plus, grand , tantôt plus p e t it , fuivant que les
circonftances le favorifent. On conçoit fans peine
que durant une guerre comme la dernière, entre
la Grande Bretagne & la maifon de. Bourbon, le
cabotage des navires Hollandois doit être multiple
de ce qu’il eft quand toutes les puiflànces de l’Europe
font en paix.
L a . navigation du Levant s’étend dans toute la
nier Mediterranée. Cette navigation fut commencée
par les Hollandois vers le commencement du dix-
feptiéme fiécle, & elle mérita à un tel point l’attention
des Etats-Généraux, qu’à la follicitation de la
ville d Amfierdam y ils érigèrent une chambre de
dire&ion , qu’ils chargèrent de veiller à la prote&ion
du commerce du Levant. Comme les navires defti-
nés pour la Méditerranée, s’adreflent à cette chamb-re
pour obtenir la permiffion d’y naviguer, ce qu’elle
leur accorde moyennant un florin par laft, tant à
lallee quau retour, on la nomme vulgairement
compagnie du Levant. Elle a droit d’infpeftion
fur les navires qui doivent aller au Le vant, & doit
veiller a ce qu ils obtervent les régie mens faits par
les Etats-Généraux à diverfes reprifes, & fur-tout
celui de 1652 , qui eft encore dans toute là vigueur,
telativemeac aux navires dèftinés pour ce qu’on
appelle Echelles du Levant. Suivant ce régie me ht,
les navires qui chargeront pour ces parages, devront
être au moins du port de 180 lafts, montés de 24
pièces de canon & de ,50 hommes d’équipage. Ils
doivent naviguer de conferve au nombre de deux ou.
plus , & s’ils vont fous convoi, ne s’en écarter que
quand ils font parvenus à la hauteur où leur defti-
natiou les oblige de changer de route. Ces mêmes
navires doivent à leur retour du Le vant, fe réunir à
Livourne 8c attendre qu’ils s’y trouvent en certain
nombre pour fe rendre de conferve en Hollande.
Ceci regarde principalement lès navires qui ne font
pas montés & équipés comme le porte le réglement.
Les navires dèftinés pour les autres ports de
la Méditerranée , doivent être équipés à proportion
de leur port ; ceux de 100 lafts par zo hommes &
10 pièces de canonj ceux de 150 la fts , par 24
hommes & i z pièces de canon ; enfin ceux de 150
à zoo lafts par 3 2 hommes & 14 canons.
L e nombre des navires Hollandois qui naviguent
dans la Méditerranée, eft fort petit à proportion de
ceux qui s’emploient dans les autres mers 5 mais,
d’un autre côte, la branche du commerce du L e vant
eft très-lucrative , & ne l’eft peut-être pas beaucoup
moins que la meilleure des autres branches..
Les marchandifes dont les Hollandois compofenc
principalement leurs chargemens, font de la canelle,
du poivre, de la noix mufeade, du clou de girofle