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G a r d e , en f a i t de manufacture d 'étoffes, Signifie
les morceaux de bois qui font aux bouts des rots ,
qui empêchent les broches de s'écarter , & qui fervent
aux ouvriers tifleürs au même ufàge que les
groflfes dents des peignes des métiers des ùnèrands
en toiles, c'eft-à-dire , à entretenir les rots qui font
comme les petites dents de ces fortes de peignes.
G a r d e . Se dit encore de certaines membrures ou
piè ce s, qui font partie de la balance romaine,
autrement pefon ou crochet. Dans la compofition
de cette balance, i l y a trois fortes de gardes , la
garde du crochet, la ga rde-forte, & la garde-
fa ib le .
G A R D E S , ®u JU G E S -G A R D E S . I l fe dit, en
termes de monnoies, des officiers qui font établis
dans chaque hôtel où elles fe fabriquent , pour
veiller à ce que le travail & la fabrication des -
efpèces y foient faits conformément aux ordonnances.
Leur inftitution eft ancienne, 8c remonte
même au-delà du neuvième fiécle. Us font ordinairement
deux dans chaque hôtel. Les appels de
leurs jugemens fe portent à la cour des monnoies.
G a r d e s d e s f o ir e s . Ce fontdes officiers établis
dans les foires pour en conferver les franchifes, 8c
juger des conteftations en fait de commerce forvenues
pendant leur durée. On les nomme plus ordinairement
juges-confervateurs.
G a r d e s d e n u it . Ce font à Paris de petits
officiers de ville , commis par les prévôt des mar-
«hands & échevins, pour veiller la nuit fur' les '
ports à la confervation des marchandifes qui y ont
été mifes à terre.
L ’article feptiéme du quatrième chapitre de l ’ordonnance
de fa v ille , de 16 72 , oblige les gardes
de n u it d’exercer leurs fondions en perfonne, &
de faire bonne & continuelle garde pour la sûreté
des marchandifes, à peine d’en répondre en leur
propre & privé nom , & d’interdiérion de leurs
charges ; & pour Ôter tout prétexte de peu de diligence
ou d’infidélité à ces officiers , le même article
leur prefcrit la difeipline foivante.
Chaque j’our après l’heure de la vente, les marchandifes
qui relient a terre fur les ports , leur
font données par compte , fi elles peuvent fe compter;
ou feulement confiées dans l’état qu’elles fe
trouvent, fi elles ne font pas de qualité a être
-comptées ; après néanmoins avoir été reconnues par
deux marchands qui ont des marchandifes au lieu
le plus proche, pour être le lendemain rendues par
les gardes , de, même qu’elles leur ont été données :
en cas de conteftation, les deux marchands qui ont
fait la reconnoiflance en font crus, & les g a rd e s ,
fur leur déclaration , condamnés à l’indemnité des '
propriétaires, au dire d’experts , pour la perte des
marchandifes arrivée par leur négligence.
Si ce n’eft pas fimple négligence, mais que les
gardes aient abufé de leur miniftère, & de fa confiance
qu’on a en eux, en s’appropriant & appliquant
à leur profit quelques-unes des marchandifes
qui ont été mifes à leur garde, les marchands peu-
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vent infente rieur aélion dans les vingt-quatre heures,
pour être contre lefdits officiers procédé extraordinairement
, après lequel temps les propriétaires
n’y font plus recevables.
G arde. Terme d 'exploitation & de marchan-
dife de bois ; les gardes des forêts font les divers
cantons qui en font la divifîon. Ainfi l’on dit qu’une
forêt a tant de g a rd e s , pour dire qu’ elle eft partagée
en tant de cantons. L a forêt de ïontaine-
bleau, par exemple, eft divifée en huit gardes qui
ont chacune leurs triages, & chaque triage des
gardes prépofés pour en conferver les bois 8c la
chalfe.
G arde-visiteur. On nomme ainfi à Bordeaux
un commis qui accompagne le vifiteur d’entrée de
mer lorfqu’i f va faire fes vifites fur les navires 8c
barques qui arrivent dans le port de cette v ille , c’eft
comme fon contrôleur.
Les fondrions du garde-vifiteur font :
i° . D’accompagner le vifiteur à la vifîte des vaif-
féaux & barques ; faire mention fur fon portatif du
nom des navires & de celui des maîtres; du lieu
d’où ils viennent, & du nombre & qualité des.marchandifes.
- 20. De donner chaque jour au receveur de la
comptablie, un état des vaiüeaux & barques vifîtés.
30. De fournir un pareil état aux receveur &
contrôleur du convoi des barques dé f e l, de leur
nom , de celui de leur maître, de leur port &
de la quantité & qualité des fels dont elles font
chargées.
4°. De tranfcrire tous les jours les déclamations
qui fe font au bureau*
G A R ER . Se détourner , fe ranger. Terme de
voiturier p a r eau . Il fe dit principalement des
bateaux qui doivent s’arrêter aux gares, ou lieux
deftinés à fe g a r e r , foit pour attendre qu’il y ait
place dans les ports où ils doivent arriver & décharger
leurs marchandifes , foit pour laifler pafler
fous les arches des ponts & aux pertuis des rivières,
les autres bateaux ou voitures d’eau , qui y font
arrivés les premiers.
GARES. Lieux marqués for les rivières, foit au»
deffiis, foit au-deflous des ponts, pertuis & autres
paflages difficiles, dans lefquels les bateaux doivent
s’arrêter 8c fe retirer, pour laifler le paflàge libre
aux premiers venus.
I l eft défendu aux maîtres Bes ponts & pertuis de
donner aucune préférence aux voituriers; mais ils
font obligés de les pafler foivant le rang de leur
arrivée aux gares. Ces officiers font pareillement
tenus d’afficher à un poteau, au lieu le plus "éminent
des g a r e s , le tarif des droits qui leur font dûs
pour le paflage des bateaux.
G ares. L ’on appelle auffi de la forte fur la rivière
de Seine, les lieu x défignés par les prévôt des
marchands & échevins de la ville de Paris, aux
marchands 8c voituriers par e a u , pour y arrêter &
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tenir leurs bateaux jufqu’à ce qu’il y ait place dans
les ports, où il ne leur eft néanmoins permis d’entrer
qu’à leur rang, & foivant qu’ils font arrivés aux
gares.
G A R G O U CH E . Sorte de p a p ie r gris , fait de
la même pâte que le papier à patron , mais plus
fort.
G A R I . Efoèce de monnoie de compte dont on
fe fert dans pîufieurs endroits des Indes orientales,
particulièrement dans les états du Mogol. XJngari
de roupies vaut environ quatre mille roupies. Voye^
LA TABLE DES MONNOIES.
G A R 1B O T . V o y e i G A L IP O T .
G A R N I . Se dit dans toutes les- lignifications du
verbe garnir, & encore dans quelques autres qui lui
font propres.
On appelle un drap bien garni de la in e , un
fatin bien garni de fo ie , les étoffes de l’ une ou
de l’autre de ces matières, où les fabriquans ne les
ont point épargnéès, foit dans la chaîne, foit dans
la tréme. G’eft la même chofe que ce qu’on nomme
drap laineux , étoffe foyeufe.
Une boutique , un magafîn bien ga rn is , font
ceux où il y a beaucoup de marchandifes & des
meilleures.
Avoir la bourfe bien garnie ? c’eft être bien en •
argent comptant.
G A RN IR . Ajufter, enjoliver quelque choie. Ce
terme eft: d’un aflèz grand ufàge pat mi pîufieurs
fortes d’ouvriers & d’artifans.
Les tapiffiers appellent garnir des ch aifg s , des
fa u te u ils , des f o f a s , &c. les rembourer, les remplir
de crin ou de bourre entre la toile èc les {angles.
En termes de fourbifleur, garnir une épé e,
ç’eft y mettre la garde & la poignée : garnir un
chapeau, c’eft: chez leB chapeliers y coudre la
coefe : chez les tapiffiers, garnir une tapiflerie, c’eft
la doubler de to ile , ou y mettre feulement des
bandes. I l feroit trop long & aflez inutile de rapporter
toutes les autres applications de ce terme par
rapport aux manufactures & aux arts & métiers ;
celles-ci qui font d’un ufage plus commun, foffifant
pour donner l’idée des autres.
G A R N IT U R E . Ce mot s’entend de tout ce qui
fert a garnir & orner quelque chofe. Il fe dit auffi
de certains afiortimens de pierreries , de meubles,
d’habillemens, de coefiires , &c.
G a r n it u r e de diamans, de rubis , d’émeraudes,
de toutes pierres, &ç. C’eft chez les joyailliers certains
afiortimens de quelques-unes de ces pierreries
en particulier, ou de toutes enfemble, dont les
hommes, garniflènt leurs jufte-au-corps, & les femmes
leurs robes & leurs têtes. Les garnitures de
pierreries pour les' habits des hommes ne confiftent
ordinairement qu’en boutons de jufte-au-corps, en
boucles de chapeaux, de manchons & de fouliers,
& en poignées à leurs épées & cannes. Les garnitures
d habits de femmes dépendent de -la mode
ou du goût pour l ’arrangement. Les boutons, les
attaches, les boucles font les pièces les plus ordinai-
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res , màis qui fe diversifient de cent manières , fui-
vant les modes : les poinçons, les papillons, les
enfeignes, les fîrmamens compofent leur garniture
de tête : les boucles & pendans d’oreilles, les carcans
de pierreries fe comprennent auffi fous le nom de
garniture. Les bagues & les colliers de perles n’ea
font pas.
G a r n i t u r e de chambre. Les maîtres tapiffiers
& les frippiers appellent ainfi ce qui meuble une
chambre ordinaire , comme la tapiflerie , le l i t ,
les chaifes & la, table. Garniture fe dit auffi parmi
eu x , de ce qui compofe un lit , comme le matelas,
i le lit de p lum e , le traverfîn, la couverture, la
paillaffe & les rideaux. Quelquefois encore par le
mot de garniture de l i t , on n’entend que les rideaux
, pentes , foubaffemens , bonnes - grâces &
courte-pointes , aufîi-bien que les doublures de toutes
ces pièces. C’eft en ce fens que ce terme eft employé
dans le tarif de 1664.
G a r n it u r e , chez les marchands du palais. S’entend
de çertaines touffes ou.noeuds de rubans, donc
les femmes fe parent en les mêlant dans leur eoëfure,
ou dont les hommes ornent leurs habits, foit for
les épaules, foit fur les manches, ou même autour •
de la ceinture & au bas des chauffes, quand ou eft:
en habit de ville.
G a r n i t u r e . C’eft auffi ch e z les marchands de
point & dentelle, les diverfes pièces qui compofent
la coefure des dames. On y comprend pareillement
les pièces qu’elles appellent des tours de gorge Sc
des engageantes. Ces dernières font proprement
de longues manchettes.
L a garniture de dentelle de p o in t pour les
hommes confifte en colets, cravates, en jabots 5c
en. manchettes. Les canons en étoient autrefois la
principale, mais auffi la plus incommode partie.
G a r n it u r e d’épée. C ’eft la g arde, le pommeau,
la branche & la poignée. Garniture de chaifes ,
fofys, &c. c’eft le crin, la bourre, la toile & les
fangles. Garniture de tapiflerie, c’eft la toile ou ïes
bandes qui la doublent.
On dit auffi chez les miroitiers, une garniture
de toilette, qui comprend tout ce qui compofe la
toilette, comme le miroir , les boetes, les carrés ,
les plombs 8c le tapis dont on couvre le refte.
Enfin , chez les marchands de porcelaines, brocanteurs
8c autres, qui font négoce de ces curiofités
précieufes dont on pare les beaux appartemens, une
garniture de cheminée fignifîe les pièces de porcelaines
ou autres riches vafes, qu’ils vendent pour
mettre fur les corniches & tablettes de cheminées.
G A R O U IL L E . Drogue propre à la teinture
de la couleur fauve. Elle vient de Provence ,} de
Languedoc 8c de Rouffillon. On l’emploie dans la
nuance de la couleur gris de rat, où elle réuffit
fort bien ; fon défaut fe purgeant dans le foulon,
lorfque l ’on y fait pafler les étoffes pouf les dé-
goiger.
Cette drogue eft commune entre les teinturiers
du grand teint & ceux du petit teint, qui peuvent
Ppp ij