
X X I I I .
186 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . le II écrivit aufti a un afc>be nommé Ammon , pere de
plufieurs monafteres, contre la fuperftition ridicule de
quelques moines,quifecroïoient louillez par lcsexcre-
mens & les évacuations naturellesjprenant rropgroffie-
rement ce paffage de l'évangile : Ce n’ert pas c’e qui entre
Autres lettres c
iàint Athamiè.
T*m, a. p. 55.
Mure, v u . i j .
Sÿnef, ep. 6j . p.
W9 *1*'
en 1 homme qui fouille l’homme,mais ce qui en fort
Il faut prendre garde, dit S. Athanafe, d'où fort ce qui
fouille l'homme. Ce n’eft pas du corps, mais du coeur,
ou eft le dépôt des mauvaifespenfées 8c des pechez. Il
montre doélemcnt que tout l’ouvrage de Dieu eft bon
& pur : que toutes les fonôtionsnaturellesdu corps font
innocentes & utiles,& qu il n’y a que l’abus qui en rend
quelques-unes criminelles: comme l’homicide eft uq
crime , cjuoiqu’il foit permis &i même louable de tuer
les ennemis en guerre jufte.
Il y avoir dans la Pentapole aux confins de la Lybie,
deux bourgades nommées Palebifque & Hydrax , qui
avoient toujours été du diocefe d’Erythre, & n’écoient
pas aifez confiderables pour avoir un évêque. Toutefois
comme Erythre étoit éloigné de ces bourgades, & qu’-
Orion évêque d’Erythre étoit un vieillard fort douxj-les
habitans de ces bourgades/ans même attendre fa mort,
voulurent fe donner un évêque , qui fût plus propre à
les défendre de leurs ennemis, & à prendre foin de leurs
affaires temporelles. Un nommé Sidere vint alors de l’ar-
mee , pour faire valoir quelques terres qui lui avoient
ete accordées. C etoit un jeune homme agiffanc & vigoureux
, capable de fe faire craindre à fes ennemis, &
de fervir fes amis. Les habitans de Palebifque ne trouvèrent
perfonne qui leur convînt mieux : d’autant plus
que l’on avoit* befoin d’habileté & de prudence pour
- ’oppofer à l’hérefie dominante. Ils choifirent donc 5i-
lere pour leur eveque, & le firerit ordonner par un feul
L i v r e s e i z i e m e . 187 évêque, qui fut Philon de Cyrene.
Cette ordination étoit tout-à-fait irreguliere. Ildevoit
êtreordonné a Alexandrie, où fur les lieux par troisévê-
ques, avec la permiffiondel’évêque d’Alexandrie. Mais
la perfecution ne permettoit pas d’obfcrver la rigueur des
régies. Ainfi S. Athanafe céda au tcms,& laiffa ce nouvel
évêque à Palebifque. Il fitplus : & le jugeant capable des
plus grandes affaires, il le transfera quelque temps après
a Ptolemaide métropole de la province : pour y confer-
ver la doébrine catholique, qui y étoit prefque éteinte,
depuis que Second l’un des premiers Ariens,en avoit été
évêque. Mais Sidere quitta Ptolemaïde dans fa vieilleffe
pour revenir a Palebifque ; &rcommeiln’avoitfuccedéà
perfonne dans ce fiege,auffi n’eut-il point de fucceffeur.
D un autre cote S. Athanafe emploïa toute la rigueur
des peines ecclefiaftiques contre le gouverneur de Lybie,
homme de moeurs brutales,abandonné à la cruauté
& a la débauché. S. Athanafe l’excommunia,& en écrivit
aux autres évêques, particuliereméntà S. Bafile;afin
que tout le monde évitât fa communion. S. Bafile lui Ef U*
fit reponfe quil avoit publié l’excommunication dans
fon églife,que ce malheureux feroit l’execration de tous
les fideles, 8c que perfonne n auroit de commerce avec
lu i, ni de feu, ni d’eau, ni de couvert. Il ajoûte qu’il a
notifie cette condamnation a tous les domeftiques, les
amis 8c les hôtes du gouverneur: ce qui peut faire croire
quil etoit de Cappadoce. On voit ici quelles étoient
des-lors les fuites de l’excommunication , même pour
le commerce de la vie civile.
Nous avons auffi deux lettres de S. Athanafe, pour la
defenfe de S. Bafile. La première à deux prêtresJJean 8c Tcm.
Antiochus,ou il le nomme vrai ferviteurde Dieu. L’au- t■ w-
tre à un prêtre nommé Pallade , où S. Athanafe parle
A a ij