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tholique devient un prétexte pour couvrir les minutiez
particulières. Quelques-uns craignant d’être convaincus
de crimes honteux , excitent du defordre dans
le peuple pour s’y cacher , & rendent la guerre irréconciliable
: parce qu’ils craignent que la paix ne découvre
leur infamie. Les infidèles rient de ces maux,les
foibles en font ébranlez , la foi devient douteufe , &
l’ignorance fe répand dans lespfprits.' Les gens de bien
ont la bouche fermée , tandis que les méchans blafphe-
ment en liberté. Les fanètuaires font prophanez , les
peuples catholiques fuïentlesheux d’oraifon commedes
ecoles d’impieté , & vont dans les deferts élever leurs
mains au ciel avec larmes &gémiffemens. Le bruit de ce
qui eft arrivé dans la plûpart des lieux ,eft parvenu juf-
ques à vous : vousfçavez que les hommes & les femmes*
lesenfans & les vieillards fe répandent hors des villes ,
& celebrent les prières à découverc, fouifrant toutes les
injures de l’air avec une extrême patience. La lettre continue
en conjurant les Occidentaux par les termes Îês
plus forts} de venir promptement au fecours, & d’en-
voier une députation nombreufe, qui puiife avoir l’au-
torite d un concile. Elle marque la divifion qui regnoit
même entre les catholiques,ceft-à-dire, le fchiime d’An-
tioche ; & finit par l’approbation de la lettre fynodale
des Occidentaux.
S. Bafile écrivit aufli par le diacre Sabin aux évêques
d Illyrie,d Italie & de Gaule, & à quelques-uns de ceux
quiluiavoient écrit en particulier: entre autresà Vale-
rien d Illyrie, ou plutôt d Aquilée. Il le félicité comme
les autres de 1 uniformité de créance , qui regnoit en
Occident, Sc dit que c eft par eux que la foi doit être
renou vellee en Orient, afin de lui rendre les biens qu’ils
en ont rcqûs.
La
L i v r e s e i z i e ’m e . . 153
La trifte peinture que nous voïons dans ces lettres de xxvi.
l’état de l’Orient n’éroit que trop véritable, & la per- ^„ihe““0” *
feçution y étoit violente : principalement depuis que Sxt--n^6-
l’empereur V alens fut arrivé à Antioche,c’eft-à-dire vers
le mois de Juin de l’an 370. C’cftainfi qu’il accomplif- Thtd°i
foit le ferment qu’il avoit fait à fon baptême entre les
mains d’Eudoxe. S. Melece comme le principal chef
des catholiques, fut banni pour la troifiéme fois , &
envoie en Arménie fa patrie. Il y demeura près de Ni- et. is7.f.
copolis dans une terre nommée Gethafe qui lui appar-
tenoit,fur les confins de la Cappadoce : ce qui donna oc-
cafion a S. Bafile d un aifez frequent commerce avec
lui. Paulin l’autre évêque catholique d’Antioehe , fut
épargné ;foit a caufe de fa vertu, foit àcaufe de la peti-
teife de fon troupeau. Mais celui de Melece ne demeura s»cr. it. c.i.
pas fans conduite : les prêtres Flavien' & Diodore en
prirent foin , les mêmes qui étant encore laïques, l’a-
voient ioûtenu fous Conftantius. Flavien qui fut depuis Sup.i;%n » 4«
eveque d’Antioche , ne parloit pas encore dans les af-
femblées : il fe contentoit de fournir des raifons & des
penfées à ceux qui parloient. Diodore fut évêque de
Tarfe, & dès-lors il étoit lié d’amitié avec faint Bafile ,
S. Athanafe, Pierre & Timothée fesûicceffeurs. Jean &
Etienne travaillèrent auffi à conferver le troupeau de
Melece , qui les fit tous deux depuis évêques , Jean $*ßi- *p■ v-f.
d Aparnee ôc Erienne de Germanicie. Les catholiques Ub‘
de la communion de S. Melece avoient été chaftez de um u /Îc'.^'
leurs eglifes : c eft-a-dire de la Palée , & d’une nouvelle c- *■ rque
l’empereur Jovien leur avoit donnée. Ils s’aifem- P
bloient donc au pied de la montagne voifine d’Antioche,
ou il y avoit des cavernes, dans lefquelles ondiioit
que font Paul s’étoit autrefois caché. Là ils chantoient
les loüanges de Dieu & écoutoient fa parole , expofez
Tome IV . B b