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Gr.or. xo.p'. 343.
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Conduite de S.
Bafile-
Greg. Noe&l cr. 19.
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Le faine vieillard Grégoire écrivit auffi à S. Eufebe de
Samofate,pour implorer fon fecours en cette occafion,
quoiqu’il ne fût pas de la province : lui repréfentant le
péril où fe trou voit l’églife de Cefarée,par les entreprifes
des hérétiques. S.. Eufebe de Samofate vint en effet, &
fapréfence fut très-efficace pour confoler & foûtenirles
catholiques. Car encore que faint Bafile fût manifefte-
ment le plus digne de remplir le fiege de Cefarée , les
premières perfonnes du païs s’y oppofoient : ils foûte-
noient leur faétion par les plus méchans d’entre le peuple,
5c avoient gagné une partie des évêques. Ainfi
quand ils furent aiTemblez , ils écrivirent à l’évêque de
Nazianze, pour l’inviter à venir : mais d’une maniéré
qui lui fit entendre qu’ils ne le defiroient pas. Il leur
marqua par fa réponfe qu’il l’a voit bien compris;& leur
déclara,comme il avoir fait au clergé & au peuple de Cefarée,
qu’il donnoit fon fuffrage au prêtre Bafile, comme-
su plusdigne j&proteffacontre l’éleélion que l’on pour-
roit faire par cabale. Et fi l’on oppofe , dit-il, le prétexte
de fa mauvaifefiinté , vous ne cherchez pas un atlete,,
mais un doéteur. Il ne iè contenta pas d’écrire : mais
fçaehant qu’il manquoitune voixpourrendreréleéfion
canonique : nonobftant fon grand âge 5c fa maladie ,
qui le réduifoit prefque à l’extrémité : il fortit de fon
lit, & fe fit porter à Cefarée , s’eftimant heureux s’il
achevoit fa vie par une fi bonne oeuvre, S. Bafile fut
doncelû , & ordonné canoniquement évêque de Cefia-
reeen Cappadoce ; & l’églife fait la mémoire de cette
ordination le quatorzième de Juin.
Le faint vieillard Grégoire, s’en retourna à Nazianze
guéri & fortifié,comme par miracle. Les évêques oppo-
fèz à Bafile fouffroient avec peine , qu’il l’eût emporté
urr eux : la honte & le dépit les pouffoit jufques à lui.
dire des injures. Grégoire les vainquit encore par fa patience
: 5c content d’avoir gagné dans le fonds', il leur
laiffioit lafatisfaétion de parler. Avec le temps leur chagrin
fe tourna en admiration , 5c ils le regardèrent depuis
comme leur arbitre 5c leur patriarche.
S. Bafile en ufa de même. Il s’appliqua à guérir les jd.cr.io.p.»*.
efprits aigris contre lui, non par des flatteries 5c des
baflèifes , mais par une conduite noble & élevée : ne
regardant pas feulement le préfent, mais les difpofiant
à lui être foûmis à l’avenir. Il ne fie fervoit pas d’artifice
pourfe les affujettir, mais il les gagnoit par amitié :
n’ufant pas dé fia puiffance , 5c leur faifant fentir qu’il
les épargnoit. Il emploïoit peu de paroles 5c beaucoup
d’effets. Tous étoient forcez de céder à‘ la fuperiorité
de fon génie 5c àl’éminence de fa vertu, 5c demeuroient
perfuadez , qu’il falloir lui être uni 5c fournis, ou renoncer
au falut éternel. Ainfi domptez, ils s empref-
foiènt àfie juftifier ,à lui témoigner de l’amitié,& montrer
du progrès dans la vertu : car c’étoitla feule juftifi-
cation folide. Il n’y eut que quelques incorrigibles,
dont il ne fe mit pas en peine. C’eft ainfi que S. Gre-
goirede Nazianze nous dépeint la conduite de fon ami.
Il ne fe preffa pas de l’aller trouver après fon épifeo-
pat. S. Bafile l’avoit invité à le venir voir malade , 5c il
s’étoitmis en chemin. Mais apprenant en même temps
que les évêques s’aifembloient à Cefarée, pour élire un
fucceffeur à Eufebe , il retourna fur fie« pas : accufant
S. Bafile de fimplicité , s’il ne voïoit pas le foupçon
qu’il donnoit, de vouloir fortifier fa brigue,en appel-
lant fes amis. Peut-être S. Grégoirecraignoit il detre
élû lui-même. Il garda la même conduite après l elec- xp. 24,
tion ,& fe contenta d’écrire à S. Bafile : que quelque
joie qu’il eût de fa promotion, il n’iroit pas le trouver