
f p d H r s T O ï K E E c c e e s i a s t i Que.
grecs nommoient Phallaous> & d’autres feulement ridicules
que Théophile fit exprès montrer en public 8c
promener par la Ville, pour faire honte aùxpayens de
leurs myfteres. Ils ne le purent fouffrir. Lesphilolophes
en furent oifenfez : le peuple entra en fureur ; & non
content des cris fedirieux, ils en vinrent aux mains, &
prirent les armes. Plufieurs combats furent livrez dans
les* rues, & il en demeuroit fur la place de part & d’autres
: mais les Chrétiens, quoique plus forts, étoient retenus
par la modeftie de la religion 3 & les payens après
en avoir tue plufieurs, fe retiraient au temple de Serapis
, comme à leur forrerelfe. Ils en fortoient tout d’un
coup, & y traînant les Chrétiens qu’ils pouvoientiur-
prendre, ils fesforçokntàfàcrifier litrlesautels ; & s’ils
îè refuibient, ils leur faifoient fouffrir les tourmens les
plus cruels, les crucifioienr, leur caffoient les jamr
bes, & les jettoient dans des caves, bâties exprès ,
pour être les égouts du Îàng des viétimes & des autres
immondices , qui étaient les fuites des fàcrifices
iànglans.
D’abord les payens commettoient ces violences avec
crainte : enfuite ils s’enhardirent ;& enfin n’ayant plus
rien à ménager , ils agirent en defefperez , & fe con-
ferverent quelque temps dansce remple , vivant de pii-
lage. Ilschoifirent pour chef un nommé Olympe phi-
lofbphe de nom & d’habit. Il étoit venu de Cilicie, pour
fe confacrer au culte de Serapis,'& s’établira Alexandrie
comme doéteur de la religion des payens. Il affem-
bloitpar tout ceux qu’il rencontrait, leur enfeignoit
leurs anciennes lo ix , & promettoir un bonheur mer-
veilleuxàceuxqui les obferveroient exademenr.il a'voit
tous ks avantages de la nature ; la raille grande & belle,
le yiiàgc beau, ilétoitdans laforcede fon âge, affable,.
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L i v r e d i x - n e u v i e ’me. 5 9 7
de bonne converfàtion, éloquent ; tout propre a per-
fuader la multitude , qui le regardoit comme un perfonnage
divin.
Ce temple de Serapis où les feditieux s’étoient can- Ruf
t o n n e z , étoit bâti fur une terraffe élevée de main d’hom- “ 1¡'
me, à la hauteur de cent degrez & plus : de forme carrée
& fpatieux de tous côrez. Tout le deffous étoit voûté
& partagé en divers offices , qui avoient des communications
fecrettes, & de grands jours par en haut. Au
delfus, les extrêmitez de la terraffe étoient occupez de
falles, de chambres & debâtimens élevez , pour loger
les officiers du temple 8c les particuliers qui fe puri-
fioient. Il y avoit enfuite des galeries, qui formoient
une courquarrée, au milieu de laquelle étoit le temple,
grand & magnifique, bâti de marbre & foûtenu de co-
lomnesprécieufes. En dedans, les murailles du temple
étoient revêtues de lames de cuivre, fous lefquelles on
difoit qu’il y en avoit d’argent, & encore au deffous des ,
laines d’or pour conferver toûiours le mérail le plus précieux.
L'idole de Serapis étoit d’une fi énorme grandeur,
que de fes deux mains étendues ellerauchoit aux
deux murailles du temple. Sa figure étoit d’un homme
venerable, avec la barbe & de grands cheveux, comme
on le voit dans les médailles : mais il étoit accom-
pagné d’une autre figure monftrueufe , ou myfterieufèy
d’un animal à trois têtes, dont la plus grande étoit au
milieu & reprefenroit un lion; à côté droit fortoit la
tête d’un chien doux & flateur, à côté gauche celle
d’un loup raviffant ; & un dragon envelopanr ces trois
animaux par fes replis venoit pofer fà tête fur la main
droite de Serapis. Il portoit fur fà tête un boiffeau, qui
fàifoit croire à quelques-uns que ç ’étoir le patriarche
Jofeph , à qui les Egyptiens, fiiperftirieux.ayoientr.en~
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