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88 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
On ne peut nier que l’efprit n’y brille de tous cotez :
mais la plûpart de ces railleries ne font pas de notre
goût , & en s’accufant d’être mauvais plaifant, il difoit
peut-être plus vrai qu’il ne penfoit. D ’abord il attaque
fa barbe , & les petits animaux qui s’y promènent : puis
fa tête mal peignée, fes grands ongles, fes mains iaies,
fa poitrine velue. Il palfe à fa vie dure , fon éloignement
des fpeétaclcs , fes veilles, fa fobrieté ; & leur oppofe
les delices d’Antioche,où il dit qu’il yavoit plus de farceurs
que de citoïens. Il leur reproche l’amour exceifif
d e là liberté, jufques à ne vouloir obéir ni aux loix , ni
aux magiftrats, ni aux dieux : enforte que leur ville eft
pleine de gens qui ne le connoiifent point : que ceux
qui par complaifance viennent aux temples avec lui ,
n’y gardent ni filence , ni modeitie. Au contraire il rend
témoignage aux Athéniens, comme étant de tous les
hommes les plus religieux envers les dieux ,. & les plus
honnêtes aux étrangers. Il reproche à Antioche d’aimer
J. C . & de le prendre pour Dieu tutelairc , au lieu de
Jupiter , d’Apollon & de Calliope. Il fe plaint que leurs
vieilles fe profternent auprès des fepulchres, & font des
voeux pour être délivrez de lui : par où il marque le
culte des martyrs. Votre peuple, dit-il, me hait parce
qu’il a embraile l’athéïfme, & qu’il me voit attaché à
la religion de nos peres : les riches parce que je les empêche
de vendre trop cher : tous, à eaufe des danfeurs
& des théâtres, non que j’en prive les autres ,mais parce
que je m’en foucie moins que des grenoiiilles d’un
marais. Et enfuite : Vous avez calomnié les villes voifi-
nes qui font facrées, & fervent les dieux avec moi , les
accufant d’avoir compoféceque l’on a fait contre moi.
Mais je fçai qu’elles m’aiment plus que leurs propres
enfans. Car elles ont rétabli les temples des dieux , &
renverfé
L i v r e q j i i n z i e ’m e . 8<?
renverfé tous les fepulchres des impies, fi-tôe que j ’en » «
ai donné le lignai ; & par grandeur d’ame ils ont fait A n . 363.
contre les ennemis des dieux, plus même que je ne voulois.
Il fe plaint de l’embrafement du temple de Daphné,
dont il charge les Chrétiens, & ajoûte : Mais dès avant
cet incendie, j’ai crû que le dieu avoit abandonné ce
temple : fa ftatuë me le fit fçavoir la première fois que
j’y entrai -, & j’en prens à témoin le grand foleil contre «,:
les incrédules.
En haine des Chrétiens, Julien favorifa les Juifs. Il x l i i i .
leur remit des tributs que l’on avoit accoûtumé d’exiger S î j S i ï ? * “
d ’eux , & en brûla lçs mémoires ;il en rejetta la haine
fur les Chrétiens domeftiques de Conftantius. Ilexhorta
même leur patriarche Jule , qu’il traite de frere très-
venerable , d’empêcher que leurs apôtres n’exigeaffent
certains droits fur le peuple. Tou t cela pour les mettre
plus en etatd offrir tranquillement leurs prières au Dieu
auteur de l’univers, pour la profperité de fon regne :
afin qu’à fon retour de la guerre de Perfe, il puiife habiter
avec eux la fainte cité de Jerufalem qu’il defire
depuis long temps de rebâtir, & y rendre gloire avec
eux a l’Etre fouverain. C ’eft la fubftance d’une lettre
qu’il adreifa à la communauté des Juifs.
Il leur avoit en effet promis de rétablir Jerufalem.
Car comme il aimoit les facrifices, aïant afTemblé leurs
chefs, il leur demanda pourquoi ils n’en faifoient point,
puilque leui loi 1 ordonnoit ? Ils répondirent qu’ils n’en Th‘°d' IU' h’^'
pouvaient faire qu’à Jerufalam , & il leur offrit de re- Î' 1“'
bâtir leur temple ; ce qu’ils acceptèrent avec grande
joïe croïant avoir trouvé l’occafion favorable de leur
retabliffement. Mais Julien avoit encore une autre vûë, « k m. <•: 10;
ü vouloir demennr les prophéties : tant celle de Daniel M
qui porte que la défolation durera jufques à la fin , que
T om e I V . M