
i j 4 H i s t o i r e E c c l e s .i a s t i q j j e .
m d’Epidaure d’être renverfée,A H. 3 6 7 . les habitans en foule l’ame- nerent fur le rivage. Il fit trois croix fur ie fable
étendit.les mains contre la mer, qui s’arrêta auffi-tôt.,
s’élevant comme une haute montagne, & retourna fur
elle même.
*.34. S. Hilarión fçaehant le bruit qu’avoit fait ce miracle,
s’enfuit de nuit dans une petite barque, d’où il paffa
dans un vaiifeau pour aller dans l’ifie de Chipre. Ils
rencontrèrent deux bâtimens de pirates : tous ceux qui
étoient dans le vaiifeau venoient l’un après l’autre -tout
éperdus lui en dire la nouvelle. Il fourit en les regardant
de loin : puis fe tournant vers fes difciples, il leur
dit : Gens de peu de fo i, que craignez-vous ? Sont ils
en plus grand nombre que l’armée de Pharaon ? Quand
les pirates fu rent à un jet de pierre, il s’avança fur la
proue, étendit la main contr’eux , & dit : Contentez-
vous d’être venus jufques ici. Auifi-tôt les vaiifeaux des
pirates reculèrent malgré les efforts de leurs rames, &
retournèrent vers le rivage beaucoup plus vite qu’ils n’é-
toient venus.
■*Æ Etant arrivé en Chipre , il fe retira à deux milles de
Paphos, où il fut quelques jours en repos. Mais il n’y
avoir pas été trois femaines, que par toute l’iile,ceux
qui étoient poffedez des démons, commencèrent à crier
qu’Hilarion ferviteur de J. C. étoit venu , & qu’ils dévoient
l’aller trouver : la plûpart difoient qu’ils le con-
noiifoient bien, mais qu’ils nefçavoient où il étoit. Dans
un mois il s’en affembla autour de lui environ deux cens,
tant hommes que femmes : 8c pour fe vanger en quelque
maniere des démons , qui ne le laiffoient point en
repos, il les preffa tellement par fes prières, que dans une
femainc il délivra tous lespoffedez.
Il demeura deux ans dans l’iílc de Chipre, fongeant
L i v r e s e i z i e ’m e . 1$$
toujours à s’enfuir ; 8c enfin par le confeil d’Hefychius
fans fortir de l’iile, il fe retira à douze milles de la mer,
entre des montagnes très - rudes , dans un lieu allez
agréable , . où il y avoit de l’eau & des arbres fruitiers *.
dont toutefois jamais il ne mangea. Il y fit encore plu-
fieurs miracles ; & les habitans gardoient avec grand
foin les paffages, de peur qu’il ne leur échapât. Enfin
fçaehant que fa mort étoit proche, il écrivit de fa main
une petite lettre à Hefychius, qui étoit abfent , pour
lui laifferltoutes fes richeffes : c’eft-à dire, fon évangile
& fes habits , confiftant en une tunique .de poil rude ,
une cuculle & un petit manteau. Ce fut comme fon
teftamenc. Plufieurs perionnes pieuies vinrent de Pa-*
phos,. fçaehant qu’il avoir prédit fa mort : entr’autres,
une femme nommée .Conftantia, dont il avoit guéri le
gendre & la fille. Il leur fit faire ferment à tous de ne
pas garder fon corps un moment, mais de l’enterrer
tout vêtu dans le jardin où il étoit. Etant prêt à expirer,
il difoit les yeux ouverts; : fors mon ame, fors, que
crains-tu ? Tu as’fçrvi J. C. près de foixante 8c dix ans,
& tu crains la mort ? On l’enterra aufli-tôt, comme il
l’avoit déliré. Hefychius qui étoit en Paleftine faiant
appris revint en Chipre, 8c feignant de vouloir demeurer
dans ce même jardin, il déroba le corps au péril de fa
vie environ dix mois après. Conftantia avoit accoûtu-
mé de veiller au fépulchre de S. Hilarion, 8c de lui parc
1er comme s’il eût été ptefent, pour- lui demander fes
prières : mais quand elle apprit que l’on avoit enlevé
fon corps, elle mourut à l’inftant. Hefychius le porta
à Majuma, & l’enterra dans fon ancien monaftere avec
un grand concours de moines 8c de peuple. Les habits
n’étoient point gâtez, 8c le corps étoit audit entier que
s’il eût été vivant, rendant même une odeur' très-agréa-
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