
394-
M*
Gfo H i S T O t R E E c C L E S r A S T lOITE.'
y périrent; 6c Bacurius prince Ibere, qui fervoit depuis-
long - temps les Romains, 6c s’étoit diltingué par fa
vertu & fa pieté, fut tué en combattant vaillamment.
La nuit feparales armées , 6c Eugene fe croyant viébo-
rieux, diftribuadesrécompenfes, & renvoya fes troupes
manger & fe repoler : Cependant il fit border les
paflages des montagnes, pour enfermer Theodofe &:
empêcher fa retraite. Les capitaines de l’armée de Theodofe
lui confeilloient de fe retirer, & de remettre à
l ’année fuivante la décifion de cette guerre; mais il
dit qu’il ne pouvoit fouffrir que la croix qui marchoit
à la tête de fes légions reculât devant l’idole d’Hercu-
le qu’Eugene faifoit porter.. Ainfi quoiqu il lui reliât
fort peu de troupes 6c encore découragées, il refolut
de demeurer. Il fe retira dans un oratoire bâti fur le
haut de la montagne où il campoit ; & là fans prendre
de nourriture ni de repos, il palfa la nuit en prières-
proiterné fur la terre qu il arrofoit de fes larmes. A c cablé
de fatigue, il s’endormit vers le chant du Coq-r
& c r u t voir deux hommes vêtus de blanc,, montez fur
des chevaux blancs, qui l’exhortoient â prendre cour
a g e ,à armer fes troupes au point du jour, & les ranger
en bataille; car ils difoient être envoyés â fon fecours,,
6c que l’un d’eux étoic Jean l’Evangelifte, l’autre Philippe
l’Apôtre. L’empereur après cette vifi-on, redoubla
la ferveur de fes prières. Un foldat ayant-vùla même
chofe le dit â fon capitaine, qui le mena au tribun,,
Sc le tribun au général, qui le vint dire â l’empereur ,
croyant lùi apprendre quelque nouvelle. L’empereur
dit : Ce n’eft pas pour moi que ce foldat a eu cette vi-
fion, je fuis allez affuré de la v id o ire : mais afin que
j ’aye un témoin de ce que Dieu m’a fait voir le premier.
Marchons donc hardiment fous la conduite des faims,,
L i v r e d i x - n e u v i e ’mé ? • ¿ j ï
regardons leur puilfance, 6c non pas le nombre de nos
adverfaires. Ayant ainfi encouragé fes troupes, il def-
cendit delamontagne, 6c muni du figne de la croix, il •
marcha contre les ennemis. :
Alors il commença âs’àpercevbir du perilôùil étoit :
voyant les troupes d'Eugene poflées derrière lui fur une
hauteur , pour lui dohner en queuë pendant le combat.
Mais le comte Arbetion, qui les commandoit,
touché du refped de l’empereur, fe rangea de fon parti ;
6c plufieurs autres â ion exemple, après que le combat
fut commencé, envoyèrent offrir leur lervice à Theodofe
, pourveu qu’il leur conlervâc un rang honorable.
Il leur accorda ce qu’ils déliraient, 6c leur promit
pir écrit plufieurs charges militaires. Comme les
défilez & l’embaras du bagpge retardoit fa marche, Ambu de ob.
voyant l’ennemi qui s’àvançoit pour en profiter, il T '”'7'
mit pied â terre, & marchanc feulâla tête de fes troupes
, il dit: Où eft le Dieu de Theodofe ? & par cette
parole, il encouragea tous les liens. Eugene le voyant
oefeendre fit avancer fes troupes , & fe tenant fur une
hauteur, il dit que Theodofe cherchoit à mourir , 6c
commanda qu’on le lui amenât vivant 6c enchaîné.
Mais quandon vint à tirer , il fe leva un vent très violent
qui fouffloit droit au vifage des troupes d’hugené.
Ilrepouffbit leurs traits éontre-eux mêmes: Il lesaveu-
gloit par la poufiîere, qu’il leur jettoit dans les yeux :
il leur enlevoit des mains leurs écus, ou les leufpouffoic
contre le vilag e, 6c les forçoit de rompre leurs ràngs.
Les troupes de Theodofe’n’en fentoient aucune incommodité
: au contraire, ce vent les aidoit, & pouffoic
leurs traits hors de la portée ordinaire. Le poëte Clau-
dien , quoique payen, a reconnu lui-même , que le ciel
combattit pour Theodofe en cette rencontre. Les trou-„
N n n a ij