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jdo H i s t o i r e E c c l e s ia s t iq u e .
foit le ligne de la croix fur lès yeux , fur là bouche , 5c
íur fon coeur. Et comme on eut apporté delà lumière,
on reconnut au mouvement de fes lèvres & de fes yeux,
qu’elle s’acquittait autant qu’elle pouvoit de la priere
du foir : dont elle marqua la fin en faifànt le ligne de
la croix fur fon vifage •, & aufîi-tôt elle rendit l’ame
avec un grand foupir.
Pour donner ordre à fes funérailles, S. Grégoire retint
entre-autres deux des principales religieufes : une
veuve de qualité nommée Veftiane , 8c une diaconeflè
nQmmée Lampadie , qui Ibus la fàinte conduifoit la
communauté. Il lui demanda fi elles n’avoient point
en reièrve quelques habits precieux pour parer Ion
corps luivant la coûtume. Lampadie repondit en pleurant
: Vous voyez tout ce qu’elle avoit. Voilà Ion manteau
, le voile qui lui couvre la telle, lès louliers ulez :
c’efl toute là richefle. S. Grégoire fut donc réduit à l’orner
d’un de fes manteaux : car les habits des hommes 8c
des femmes confiftoient en de grandes draperies, dont
plufieurs pouvoient fe fervir indifféremment. Veflia-
■ne en accommodant la coëffure , dit à S. Grégoire :
Voilà quel étoit fon collier. En difànt cela, elle le détacha
par derrière ; 8c avançant la main lui montra une
croix & un anneau, l’un & l’autre de fer, que la fainte
portoit toûjours fur le coeur. Partageons, dit fàint Grégoire
: gardez la croix & moi l’anneau, car j’y voi aufîi
une croix gravée. Vous n’avez pas mal choifi, dit Ve-
ftiane, l’anneau efl creux à cet endroit, & renferme du
bois de la croix, i
On paffa la nuit à chanter des pfeaumes,comme dans
1 es fefles des martyrs ; & le jour étant venu, comme il
étoit accouru une très-grande quantité de peuple,faint
Grégoire les rangea en deux choeurs,les femmes avec les
vierges,
L i v r e d i x - s e p t i e ’me. ' ]6 î vierges, les hommes avec les moines. L’évêque du lieu
nommé Araxe, y étoit aufîi avec tout fon clergé. Saÿit
Grégoire 8c lui prirent pardevant le lit, fur lequel étoit
le corps, deux des premiers du clergé le prirent par
derrière, 8c ils le portèrent ainfi lentement, arrêtez
par la foule du peuple, qui marchoit devant, 8c s’em-
preffoit tout au tour. Deux rangs de diacres 8c d’autres
miniflres marchoient devant le corps, portant des flambeaux
de cire, 8c on chanroit des pfeaumes tout d’une
voix, depuis une extrémité de la proceflion jufques à
l’autre. Quoiqu’il n’y eût que fept ou huit ftades j ufques
au lieu de la fepulture, c’efl-à-dire , environ mille pas,
ils furent prefque tout le jour à les faire. C’étoit l’églife
des quarante martyrs, où le pere 8c la mere de fàinte
Macrine étoient enterrez. Y étant arrivez, on fit les prières
accoutumées ; 8c avant que d’ouvrir le fèpulcre,fàint
Grégoire eut foin de couvrir d’un drap blanc les corps
de fon pere 8c de fà mere, pour ne pas manquer au refi
pe£l, en les expofànt à la vûë, défigurez par la mort.
Enfuite lui 8c Àraxe prirent le corps de fainte Macrine
de deflus le lit, 8c le mirent comme elle l’avoit toûjours
defiré auprès de fàinte Emmelie fà mere, faifànt une prière
commune pour toutes les deux. Tout étant achevé,S.
Grégoire fè proflerna fur le tombeau, 8c enbaifà la pouf-
fiere. C’efl ainfi qu’il décrit lui-même les funérailles de
fàinte Macrine fà fbeur, dans la lettre au moine Olym-
pius, qui contient la vie de cette fàinte.
Un concile, apparemment celui d’Antioche, avoit
chargéS.Gregoire de Nyfle de reformer l’églife d’Arabie.
Et comme la Palefline en efl voifine, il vifita Jerufà-
em 8c les fàints lieux; tant pour s’aquitter d’un voeu, que
pour procurer la paix entre ceuxqui gouvernoient l’é-
jglifc de Terufàlem. L’empereur lui donna pour ce .vo'iage
TonKiV, Z z
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XL IX.
Sentiment de
S. Grégoire de
Nyfle fur les pèlerinages.
D e eutit. Hierof.
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