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Maxime rej*tt$
3 8 2 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
de C.P. Ce n’eft pas que Pierre n’eût d’abord approuvé
le voyage de Grégoire ; il lui avoit même donné fes
lettres , pour 1 établir de ià part iu_r le iîege de cette
églife , & l’on ne voit point le motif de fon changement
, ni de fon attachement à Maxime. Ilfalloit encore
à Maxime de l’argent,pour executer fon delfein.
Il trouva un prêtre de l’iile de Thaife qui étoit venu à
C. P. acheter du marbre de Proconefe pour fon églife,
il le flatta de fi belles eiperances, qu’il l’engagea dans
fon parti, & fe rendit maître de ion argent. Il s’enfer-
vit à gagner une partie de ceux qui avoient témoigné
le plus d affection a S. Grégoire, & le leur fit regarder
comme un homme dont l’amitié étoit inutile, puif-
qu il n avoit rien à donner. Il gagna iur tout grand
nombre de mariniers, pour reprefenter le peuple, & lu i
prêter main-forte au befoin. Ils prirent leur tems que
S. Grégoire étoit malade ; & iàns avertir perfonne, les
Egyptiens entrèrent de nuit dansl’églife avec quantité
de mariniers, & commencèrent la cérémonie de l’ordination
de Maxime ; mais le jour les iîirprit avant qu’elle
fût achevée. Les clercs qui logeoient aux environs de
l’églife s’étant apperçûs de cette entreprife, le bruit s’en
répandit par toute la ville; & tout le monde accourut
auiü-tôt à l’églife , les magiftrats, les particuliers, les
étrangers & jufques aux hérétiques. Les Egyptiens furent
obligez de quitter l’égliiè , & iè retirèrent dans
une maifon particulière , chez un joüeur de flûte, accompagnez
de quelques-uns du bas peuple & de quelques
excommuniez. Ce fut là qu’ils achevèrent l’ordination
de Maxime, lui coupèrent fes grands cheveux,
qu’ils lui avoient lailfé jufques alors, & dont tout le
monde avoit été icandalifé.
Tout le clergé & tout le peuple de C- P. fut étrange-
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ment indigné de cet attentat. On publioit tous les cri-
mes de Maxime, & on le chargeoit de malediéfion ;
enfin on le chafla de la ville. Cependant les catholiques
qui étoient dans l’Anaftafie avec S. Grégoire, le
gardoientavec grand foin , &prenoient toutes les précautions
poflibles pour ià ièureté. Quant à lui, pénétré
d’une vive douleur , il réfolut d’abord de fe retirer de
CP. & ne put s’empêcher de le témoigner à fon peuple,
en lui diiànt adieu. A ce mot toute l’affemblée s’éleva
contre lui ; plufieurs accoururent à l’églife iur le bruit
qui s’en répandit,& tous enièmble le conjurèrent de demeurer
, & d’accepter le tirre de leur évêque ; mais il
refiila jufques à répandre des larmes, & à prononcer
des malediélions contre lui - même s’il l’acceptoit ; ne
croyant pas qu’il fût permis deprendre ce fiege fans y
avoir été placé félon les formes, par une aifemblée d’é-
vêques. Le peuple iè réduifit à le fupplier de ne les point
abandonner. Il demeura quelque tems interdit, ne pouvant
leur fermer la bouche, ni fe réfoudre à les contenter
; le jour baifloit & ils jurèrent tous, que jufqu’à ce
qu’il fe fût rendu, ils ne fortiroient point de l’églife,
quand ils y devroient mourir. Il crut même oüir une
v o ix , qui lui reprochoit de bannir avec lui de C.P. la
iàinte Trinité. Enfin il leur promit de demeurer jufques
à l’arrivée de quelques évêques, que l’on attendoif dans
peu de tems. Mais il ne voulut point s’y engager par
ferment, n’en ayant fait aucun depuis fon baptême»
Ainfi l’attentat de Maxime 11e fit qu’augmenter l’affection
du peuple envers iaint Grégoire, & les hérétiques
furent trompez dans l’eiperance qu’ils avoient conçûë Epft D«m. m
d’une grande divifîon entre les catholiques. tom. 4. p .i 6 9 , .
Maxime étant chafle deC. P. alla trouver l’empereur £ym-I-r-IS5 -
Theodofe à Theiïalonique , accompagné des évêques