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Sup. x iv i ». 14.
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19. /». ¿08. C .
30 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
m’eft témoin , que quand j’ai confenti à la formule de
foi dreifée à C . P. je l’ai fait en fimplicité , fans prétendre
porter préjudice à la foi de Nicée. Je n’ai dans le
coeur que ce que j’ai reçû par la même tradition 5 & je
fouhaite de n’être jamais feparé des bienheureux trois
cens dix-huit évêques qui ont publié cette fainte confcf-
lîon de foi. Tous les aififtans demeurèrent pleinement
fatisfaits : ils embrafferent fa communion , & il ne leur
refta aucune peine contre lui.
Après fa mort , la ville fe trouva divifée pour le
choix d’un évêque : la dignité du fiege métropolitain &
le zele pour la religion échauffoit les efprits : quelques-
uns même fuivoient les mouvemens de l’amitié particulière.
Enfin tout le-peuple s’accorda à choifir un des
premiers de la ville nommé Eufebe , homme d’une vertu
finguliere, mais qui n’étoit pas encore baptifé. Us
l’enleverent malgré lui avec le fecours des foldats qui
fe trouvèrent prefens : le mirent dans le fanèfuaire , le
prefenterent aux évêques qui étoient affemblez pour
l ’eleétion , & les prièrent de le baptifer & l’ordonner
evêque : mêlant la perfuafion & la violence. Les évêques
cederent à la multitude : ils baptiferent Eufebe ,
l’ordonnerent évêque &: l’introniferent. Mais quand ils
fe furent retirez & fe virent en liberté , ils réfolurent
de déclarer nul tout ce qu’ils^ avoient fait & l’ordination
illégitime : comme n’étant qu’une ceremonie-extérieure
où leur volonté n’avolt eu aucune part. Us vou-
loient même s’en prendre à Eufebe , comme auteur de la
violence.
Le faint vieillard Grégoire évêque de Nazianze g &
l’un d’entr’eux ne fut pas de cet avis. C a r , difoit-il, puis
qu’Eufebe a été forcé auifi - bien que vous, il a droit de
vous aecufer de fon côté ; & vous n’êtes pas plus excu-
L i v r e qj j 1 n z 1 e’ m e . 31
fables que lui. Il falloir r.efifter alors jufques à la der-
niere extrémité non pas venir enfuite attaquer tu -
febe : principalement dans ce temps, où il feroit plus à
propos d’appaifer les anciennes inimitiez , que d’en'
exciter de nouvelles. En effet l’empereur étoit prefent,
indigné de cette éleétion. Il la traitoit de fédition ,
menaçant Eufebe en particulier ; & c’étoit le même
temps où la ville étoit en plus grand péril à caufe du
temple de la Fortune. Le gouverneur vouloir profiter
de 1’ occafion poui faire fa cour aux dépens d’Eufebe ,
avec qui il etoit broüillé d’ailleurs. Il écrivit donc aux
evêques qui l’avoient ordonné , pour les obliger à l’ac-
cufer, mêlant des menaces dans fes lettres, & ajoutant
que l’empereur le vouloit. Le vieillard Grégoire aïant
reçu la lettre qui s’adreffoit à lu i , répondit fans hefi-
ter : gouverneur, nous ne reconnoiffons
ceguerre
pour cenfeur de notre conduite & pour maître , que
lui à qui l’on fait maintenant la guerre , c’eft-à-di
c e it -à -d ir e ,,
Tres-puiffant
Il nous avons fai-
A N.
J. C . ü examinera cette ordination que
te félon les réglés, & qui lui eft agréable. Pour vous, il
vous eft très-facile de nous faire violence en toute autre
chofe : mais perfonne ne nous empêchera de défendre
ce que nous avons bien fait : fi ce n’eft que vous faifiez
auifi quelque loi fur ce fu je t, vous à qui il n’eft pas permis
de prendre connoiffance de nos .affaires. Le gouverneur
fut d’abord irrité de cette lettre : mais enfuite il
l ’admira : & elle appaifa même la colere de l’empereur.
La fuite juftifia la providence, qui avoit conduit l’élection
d’Eufebe.
Le vieillard Grégoire le fignala encore en défendant
i' / 1 * {* V _ ci
ion eghie de Nazianze. On y envoïa comme dans les
autres villes une compagnie de foldats armez d’arcs &
de flèches, pour s’emparer de l ’é g life , ou pour la ruiner -,
Greg. N a
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