
" •hifi■ quand il en fut proche , il envoïa devant Modefte presse.
iv. c. it. fet du pretoire : avec ordre d'obliger Baille à commu- SoKom. vi. c. if . niquer 1a vec îl es Aa ri• ens, ou d1e 1le1 ch, a*ff»er* de la ville. Modefte
a voit été comte d’Orient fous Conftantius, aïant
«xi*?*"*', reÇÛle baptême de la main des Ariens : il parut idolâ-
&ibiraief.c' 4' tre fous Julien, qui le fit prefet de C. P. Valens le fit
prefet du pretoire & coniul en 371. AuiE flatcoit-il fes
paillons : fa pareffe, en lui perfuadant que la fon&ion
dejugeétoitau deifous de fa dignité;fa cruauté,en l’ap-
prouvant. Il fut le principal miniftre de la recherche des
magiciens, & donna l’invention de faire brûler fur la
mer les quatre-vingt prêtres députez de C. P. Modefte
M» fit donc amener S. Baille devant fon tribunal,aïant tout
crtg. n,,z. p, l’appareil de fa dignité, la plus grande de l’empire : les
lnfteurs & leurs faifeeaux de verges, les crieùrs, les appariteurs.
Hl’appella fimplement par fon nom, & lui dit:
Bafile,que veux-tudirederefifter aune telle puiffance,
& d’être lefeul fi téméraire ? A propos de quoi, répondit
Baille, & quelle eft cette témérité ? Parce, dit Modefte,
que tu n’es pas de la religion de l’empereur ; après
que tous les autres ont cédé. Baille répondit : C’eft que
mon empereur ne le veut pas ; & je'ne puis me refoudre
p/.*i.6. à adorer une créature, moi qui fuis créature de Dieu, & à
qui il a commandé d’être un dieu. Ilfaifoit allufionaux
pairages de l’écriture, où les hommes font nommez des
dieux ; & particulièrement les prêtres. Modefte lui dit:
Et pour qui nous prends-tu ; Ne comptes-tu pour rien
d’avoir notre communion ? Baille répondit : Il eft vrai,
vous êtes des préfets & des perfonnes illuftres : mais
vous n’êtes pas plus à refpeéter que Dieu. C’eft beaucoup
d’avoir votre communion ; puifque vous êtes fes
créatures, mais c’eft comme d’avoir celle des gens qui
vous obéiiTent ; car ce ne font pas les conditions, c’eft
îa foi qni diftingue les chrétiens. Le prefet Modefte fe
levaencolerede fonfiege, & dit: Quoi donc ! ne crains-
tu point que je ne m’emporte , que tu ne reifente quelqu’un
des effets de ma puiffance ? Qu’eft-ce ? dit Baille
faites-le moi connoître. Modefte répondit: La confifca-
tion, l’exil, les tourmens,la mort. Faites-moi, dit Baille
quelqu autre menace, fi vous pouvez : rien de tout cela
ne me regarde. Comment, dit Modefte. Parce, répondit
Baille , que celui qui n’a rien eft à couvert de la confif-
eation : fi ce n’eft que vous aïez befoin de ces haillons
& de quelque peu de livres, qui font toute ma vie. Je
ne connois point l’exil, puifque je ne regarde point ce
païs-ci comme le mien : par tout je trouverai ma patrie,
puifque tout eft à Dieu. Que mé feront les tourinens,
puifque je n’ai point de corps l il n’ÿ aura que lepremier
coup qui trouve prife. La mort fera une grâce, puif-
qu elle m’envoïera plutôt à Dieu , pour qui je vis, & à
qui je cours depuis long-temps. '■
Le prefet furpris de ce difcoürs, dit : Perfonne n’a
encore parlé à Modefte avec tant d’audace. Bafile répondit
: Peut-être auffi n’avez-'vous jamais rencontré
d’évêque : car en pareille occafion, il vous auroit parlé
de même. En tout le refte, nous fommes les plus doux
& les plus fournis de tous les hommes : parce qu’il nous
eft commandé. Nousne fommes pas fiers avecle moindre
particulier ; bien loin de l’être avec une telle puif-
fancc : mais quand il s’agit de Dieu, nous ne regardons
que lui feul. Le feu, le glaive, les bêtes, les ongles
de fer font nos delices. Ainfi maltraitez-nous , menacez
nous-, ufez!de votre puiffance: ]’erhpereur doit fça-i
voir lui-même qtte'vous ne l’emporterez pas. Le prefef
vüïaht-faint B’aftle invincible, lui paria-plus h'orinêteù;
ment.-Comptez pour quelque choie,-lui dit-il,de voir
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