
cc6 H i s t o i r e
des herbes, des egumes
E C CL E S I A S T I QLJ E.
vous avez les livres contre
L V 1I.
Retraite de
S. Paulin.
*p. to.
Jovinien ,ou il ell Traité au long du mépris de la bonne
chere.Que l’écriture fainte foie toujours entre vos mains.
Il faut prier iouvent 8c veiller fouvent. Diftribuez vos
aumônes par vous-même. Ne vous chargez point de
diftribuer celles des autres : 8c faites les vôtres avec
choix 8c diferetion, comme n'étant plus que le difpen-
fateur de vos biens. *
Il loüeenfuitefon difeours pourTheodofe , quiétoic
un panégyrique , pour montrer qu il avoir vaincu les
tirans par fa f o i , plus que par fes armes -, Si qu il avoic
accordé la fouveraine puiffance avec l’humilité chrétienne.
S. Jerôme jugeoit ce difeours fenfé, agreableôc
compofé fuivant toutes les réglés de l’art, il exhorte faine
Paulin à cultiver ce talent qu’il a pour l ’éloquence , 8c
à fe nourrir de la le&ure de l’écriture fainte 8c des auteurs
ecclefiaftiques, dont il fait la critique en paffanr.
Vers le même temps, S. Jerôme fut auffi coniulté par
Furia, damé Romaine de la première nobleife, defeen-
duë des Camilles 8c alliée de fainte Pàule. Elle étoit
veuve ,-jeune 8c fans enfans , 8c demandoic des avis y
pour fe conduire en cet état. S. Jerôme l’exhorte à y
demeurer nonobftant les inftances de fon pere L e tu s ,
8c de fes domeftiques qui la preffoient de fe remarier.
Il lui reprefente les inconveniens des fécondés noces ÿ
8c lui confeille de s'abftenir de vin , 8c non feulement
de la chair, mais de la plupart des legumesj de s’appliquer
à la leêture, à la priere, à l’aumône, 8c vivre dans
unetrês-granderetraite : il la renvoyé auffi aux livres
contre Jovinien, écrits deux,ans auparavant.
Comme S. Paulin étoit à Barcelone , 8c affiftoit à
l’office de l’églife le jour de N o ë l, le peuple animé de
ze le , fe jetta fur lui tout d’un coup, le prefenta à le-.
* L i v r e d i x - n e u v i e ’ m e . ¿ ¿ 7
vêque Lampius 8cl’obligea deleconfacrer prêtre. Saint
Paulin ne le voulut point fouffrir ; parce qu’il ne fon-
geoit qu’à la retraite 8c à l’obfcurité' de la vie mona-
ffiique. Il avoit refolu depuis long temps de pafler fa
vie à Noie en Italie, auprès du tombeau de S. Félix.
Il ne fe laifla donc ordonner qu'à la charge qu’il ne u al- ?• «a
r 1 / v 1»^ i * r 1 1 • / ' Sev?r. t. al, rj, feroit point attache a 1 eglile de Barcelone ; mais leu- Ammi.
ment au facerdoce en général : 8c c’eft un des premiers
exemples d’uneordination libre,fans engagement
à aucune églife. Il femble auffi qu’il fut d’abord ordonné
prêtre , fans pafler par les ordres inférieurs : car il prend
Dieu à témoin , que loin de méprifer le rang de prêtre,
il eût fouhaité de commencer à fervir l églifedans
la charge de portier. Alors pour s’attacher plus parfaitement
à Dieu , S Paulin acheva de fe décharger de
tousfes b ien s , les diftribuant auxpauvres. llouvrit fes vnn^ji.c.^
greniers 8c fes celliers à tous venans. Non content des
pauvres de fon voifinage , il les appelloit de toutes
parts pour les nourrir 8c les vêtir. Il racheta une infinité
de captifs, 8c de pauvres débiteurs réduits à l’ef-
da va g e faute d’avoir de quoi p ayer, 8c paya les dettes
de plufieurs autres infolvables. Ayant ainfi donné or
dre a fes affaires, il vint en Italie, 8c paffa à Milan,où
S. Ambroife voulut le retenir 8c le mettre dans fon clergé
: enforte qu’il fut compté pour prêtre de Milan ,
quelque part qu il fe trouvât. S. Paulin n’y conlen it
pas : il continua fon voyage , 8c vint a R ome, ou il lut
mieux reçu du peuple que du clergé : dont une part
ie , 8c le pape même, ne voulut point avoir de commerce
avec lui. S. Paulin céda à l’envie 8c fe retiia •
mais écrivant à fon ami Severe , il ne put s’empêcher
de s’en plaindre. Peut-être le pape trouvoit mauvais
que S. Paulin eût été ordonné prêtre étant néophyte
P p p p i j
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