
yog H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
vres, ne manquoit aucun jour àl’oblation du iàint autel
; ni à venir deux fois à l’églife le matin & le foir,
pour entendre la paf ôle de Dieu & faire fes prières , qui
étoient toute fa vie.Elle avoit une grande affeétionpour
l’écriture iàinte. Dieu fè communiquoir à elle par des
vifions & de révélations, elle içavoit les diftinguer des
fonges & penfées naturelles. Telle étoit fàinte Monique
au rapport de S. Auguftin.
Il eftimoit faint Ambroife heureux,félon le monde,
voyant comme il étoit honoré des perfonnes les plus
puiffantes. Mais il ne pouvoit l’entretenir à loifir confine
il eût voulu, à caufede la foule de ceux qui le ve-
noient trouver pour diverfes affaires;& il n’ofoit l’interrompre
dans le refte du tems que le fàint évêque donnoit
à la lecture. Souvent, dit-il, quand nous étions chez
lui ; car ce n’étoit point l’uiàge d’empêcher peribnne
d’entrer ni de l’avertir; nous le voyions liiànt tout bas;
& après être demeurez long-rems affis en iilence, nous
nous retirions, jugeant qu’il ne voulait pas être interrompu
dans ce peu de tems qu’il avoit pour fe remettre
l’eiprit ôc la voix : Je l’entendois prêcher au peuple tous
les dimanches : Je reconnoiffois de plus en plus que l’on
pouvoit diifiper toutes les calomnies, dont les impo-
5‘ fleurs attaquoient les livres divins, & je commençois à
fentir la neceffité de l’autorité & de la foi.
n.C'»f.c.7.io. Il avoit avec lui deux amis intimes, Alypius & Ne-
bridius. AlypiusétoitnécommeluiàTagaile, où iès
parens tenoient le premier rang. Il étoit plus jeune
qu’Auguftin , d(W il avoit été dîiciple à Tagafte & à
Carthage. Il vînt à Rome apprendre le droit, & fut en-
fuite afïèilèur du compte des largitions, ou du grand tre-
forier d’Italie. Auguftin étant venu à Rome, Alypius
le fuivitàMilaa, ne pouvant le quitter ; ôc continua
L i v r e d i x - h u i t i e m e . < "0 9
d’exercer auprès d’autres magiftrats la même chargé
d’aiTelTeur ou conièiller, avec une grande intégrité. Ne- l0r
bridius étoit d’auprès de Carthage ; & il avoit quitté
fon païs, là mere, & une belle terfe qu’il poftedoit,pour
venir à Milan vivre avec Auguftin, & chercher la vérité.
C’étoit le plus grand defir de ces trois amis. Ilsvou- M>
loient même vivre en commun ; ôc ils fe trouvoient
environ dix capables d’entrer dans ce delTein; quelques-
uns étoient très-riches, principalement Romanien, autre
cito'ien de Tagafte, & parent d’Alypius, que' fes
affaires avoient attiré à la cour. Auguftin le regardoit
comme ion patron. Il avoit aidé dans fa jeunneftê à fou- n_Ca„trtAc^
I tenir-les frais de fes études, principalement depuis la -
mort defonpere ;& l ’avoit encore fècouru de fes biens
& de fes confeils dans toutes fes affaires. Mais ce delTein
de vie commune fut rompu; parce que quelques-uns
avoient déjà des femmes, d’autres comptoient d’en prendre;
& ils ne crurent pas qu’elles puflfent s’accommoder
de cette ibcieté. Auguftin étoit de ceux'qui vou-
loient fe marier : là mere avoit trouvé une perfonne qui
lui pouvoit convenir; mais fi jeune qu’il falloir attendre
environ deux ans. Cependant fa concubine l’avoit
quitté, Ôc s’en étoit retournée en Afrique faiiànt voeu e
de continence pour le refte de fes jours, & lui laiffant
un fils naturel, qu’elle avoit eu de lu i, & qu’il nomma
Adeodat, c’eft-à-dire Dieu-donné. Il prit une autre
concubine , pour le peu de rems qu’il reftoit juiques
à fon mariage-, tant il étoit efclave de cette habitude:
Le premier jour de Janvier 3 8 5 -il prononça un panegy-
¡ rique pour le coniul Bauto, qui entroit en charge ce +_ llSr
jour-là. En ce tems là à l’âge de trente-un an, il commença
à fe défaire des images corporelles, aufquelles
les Manichéens l’avoient accoutumé y & prit des idées
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