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Liban, de v i t a
fu a . c. i-i.p. 4 1 .
Mamertin. Grat.
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^ozom.y. e. r^.
Greg. N a z , or. 4.
f. É 1 C'
S o zom . y . c. 19.
Sirab. lib. 56. p.
jo . D.
Chryfofi. in S.
JBabyl. to. f . j i . 1.
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6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
de viandes ; enforte que Couvent il falloit les emporter
fur les épaules , depuis les temples jufques à leurs logis
au travers des rues, principalement les Gaulois, qui
étoient en grand crédit. La dépenfe de ces cérémonies
étoit exceffive, au jugement des païens mêmes.
Les devins avoient pleine liberté d’exercer leur art ,
qui fous Conftantius étoit défendu fous peine de la vie:
Julien faifoit confulter tous les oracles : on regardoit
les entrailles des bêtes, pn obfervoit le chant ôc le vol
des oifeaux , on emploïoic ayec affectation tous les
moïëns de rechercher l’avenir. Il y avoit au bourg de
Daphné près d’Antioche , une fontaine de Caftalie de
même nom ôc de même vertu , 1 ce que l ’on préten-
d o i t , que celle de Delphes. On difoit que l’empereur
Adrien y avoit appris qu’il.de voit regner ; ôc que de peur
qu’un autre n’en tirât la même çonnoiffance , il l’avoit
fait boucher de grandes pierres. Julien voulut la faire
ouyrir, ôc ne manqua pas de confulter le fameux oracle
de c.e lieu-là.
Le temple de Daphné étoit environné d’un bois facré
de quatre-vingt ftades de tour, qui font plus de trois
lieuçs ôc demie : compofé de ciprès, de lauriers ôc d’au-
rres arbres, dont le feuillage épais faifoit une ombre impénétrable.
Le terrain au deffous étoit arrofé d’eaux
claires ôc abondantes, orné de toutes fortes de fleurs,
félon les faifons : on y refpiroit un air frais ôc parfumé.
Les Grecs ddoient que c’étoit le lieu où la nymphe
Daphné fuïant d’Arcadie Apollon qui la potirfuivoit,
avoit été changée en laurier, qu’il cheriffoit ce lieu ôç
l ’honoroit de fa prefence : aufli y étoit-il particulièrement
adoré. Le temple lui étoit confacré & à fa foeur
Diane ; il y avoit droit d’afile : le peuple -d’Antioche
ôc du voifinage s’y affembloit tous les ans pour celebref
L i v r e q u i n z i e ’m e .’ 7 7
une fête folemnelle. Il eft vrai que le boflrg étoit petit
ôc peu fréquenté des gens vertueux. La fituation du lieu
excitoit à la moleffe ; ôc la fable amourcufe fur laquelle
étoit fondée toute cette fuperftition , étoit un prétexte
affez plauCble pour exciter les paflions des jeunes gens.
L’exemple du dieu ne leur permettoit pas d’être fages,
ni de fouffrir que les autres le fuffent : quiconque de-
jneuroità Daphné fans avoir d’amourette , .pafloit pour
un ftupide & un infenfible : on le fuïoit comme un impie,
dont la rencontre étoit de mauvais préfige.
Pour fanétifier *ce lieu fi profane, le Cefar Gallus
frere de Julien, y avoit fait apporter d’Antioche les reliques
de S. Babylas onze ans auparavant , ôc depuis ce
temps l’oracle.ne parloit plus. Les païens s’en prenoient
à laceffarion des facrifices ôc du culte d’Apollon : mais
quoique Julien n’épargnât ni les viétimes, ni les libations,
il ne parla pas davantage : feulement à la fin il
rendit raifon de fon filence ; ôc dit qu’il ne pouvoir plus
rendre d’oracles, parce que le lieu étoit plein de corps
morts. Julien l’entendit bien : ôc quoiqu’il y eût plu-
fieurs autres morts enterrez à Daphné , il comprit que
fon dieu ne fe plaignoit que dii martyr Babylas ; ôc
commanda que les Galiléens enlevaffent fon cercueil.
Les Chrétiens y vinrent en foule , de tout âge & de
tout fexe ; ôc aïant mis le coffre précieux fur un chariot
, ils le tranfporterent à A ntioch e, dont Daphné
étoit éloigné de quarante ftades, c’eft-à-dire près de
deux lieues. Ils regardoient cette tranflation: comme
un triomphe du martyr, vainqueur des démons ÎT; ôc
témoignoient leur joïe en chantant des pfeaumçs, pour
fe foulager, difoient-ils, dans la fatigue d’un fi long
chemin. C eux qui fçavoient le mieux chanter, commen-
çflient, ôc tout le peuple répondoit, répétant à chaque
K iij
A n . 3 6 x.
xxxvir.
T ran fla tio n de
S Babylas.
Sup, l. x l u . n. 4.
Theod. n i . c. 10,