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G r e g .N a z . orat.
%o. p. J36. c. p. 337*
¡Elias C r e t.n . 53.
i n f . f i . ’L 8.
X V .
Julien à Antioche.
Am m . X3CI1. c . 9.
H ie r , tn v i i i .
JEzecb.
G oth o fr . C.ronol.
C . T b .
M ifo p o g .p .t
54 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
maine eût enfiiite un différend avec lu i , dont on ne,
f^ait pas le fujet. Seulement on conjecture , qu’il étoit
jaloux de l’autorité que lui donnoit fon éloquence &
fa vertu. Les moines qui regardoient S. Bafile comme
leur c h e f, prirent fon parti, & attirèrent une grande
quantité de peuple, même des plus confiderablcs.
D ’ailleurs la pçrfonne d'Eufebe étoit peu favorable , à
caufe de fon ordination plus violente que canonique :
enfin il fe srouvoit alors à Cefarée des évêques d’O c -
cident, qui prenoient le parti de S. Bafile , & atti-
roient à eux tout ce qu’il y avoit de' catholiques. On
croit que c’étoient faint Eufebe de Verçed & Lucifer de
Caillari. L’églife de Cefarée alloit donc être déchirée
par un fchifme, fi la fageife de faint Bafile ne l’eût prévenu.
Il fe retira dans le Pont avec faint Grégoire de
Nazianze, & gouverna les monafteres qui y étoient
établis.
L ’empereur Julien continuant fon voïage , paffa de
Cappadoce en Cilicie : vint à Tarl'c, & enfin à Antioch
e , où il arriva à la fête d’Adonis : c’eft-à-dire , à la
fin du mois de Juillet. Et comme cette fête fe celebroit
par des chants lugubres, pour plaindre la mort d’A -
donis, tué par un fanglier & pleuré par Venus telle
parut aux païens d’un trifte préfage pour l’entrée de
l ’empereur dans la capitale de l’Orient. Il vifitoit tous
les temples fur les collines Si fur les montagnes: les
plus rudes,, Ainfi peu. de temps après fon arrivée à A ntioche
, il alla au mont Caffien vificer un fameux temple
de Jupiter ; & en revint promptement pour la fête
d’Apollon , qui fe celebroit tous les. ans au bourg de
Daphnée près d’Antioche , à deux lieues de l’autre côté
du fleuve Oronte : c’étoit au dixième mois nommé
Loiis par les Macédoniens, qui répondoit au ,mois
d’Août. Julien s’attendoit à voir dans cette occafion
la richeffe & la magnificence d’Antioche. Il fe figu-
roit une grande pompe , des viéfimes, des libations ,
des parfums, des danfes , de jeunes hommes revêtus
de robes-blanches, & fuperbement ornez. Quand il fut
entré dans le temple, il fut bien furpris de n ’y trouver
ni viótimes, ni encens, pas même un gâteau. Il crut
que tout 1 appareil étoit dehors , Si que l’on attendoit
qu’il donnât le lig n a i, comme fouverain pontife. Enfin,
il demanda ce que la ville devoit facrifier à cette fête.
Le facrificateur lui répondit : J apporte une oïe de chez
moi ; la ville n a rien prepare. Alors Julien s’adreiTant
au fenat, parla ainfi : Il cfb étrange qu’une fi mande
ville témoigne plus de mépris pour les dieux , que la
moindre bourgade des extrémitez du Pont : & que pofi-
fedant des terres immenfes, aujourd’hui que la fête de
fon dieu arrive la première, depuis que les dieux ont dif-
fipé le nuage de l’impieté:elle n’offre pas un oifeau,*elIe
qui devroit immoler des boeufs par tribu, ou du moins
un taureau en commun pour toute la ville. Il n ’y a que le
facrificateur : lui qui devroit plutôt remporter chez lui
fes portions de vos offrandes. Chacun de vous permet à
fa femme d’emporter tout hors de chez lui pour donner
aux Galiléens -, Si nourriilant les pauvres de vos biens
elles donnent crédit à l’impieté. Pour celebrer fa naif-
fance, chacun prépare deux fois le jour une table magnifique
à fes amis : à cette fête folemnelle perfonne n’a
apporté ni huile pour la lampe, ni libation, ni viétime,
ni encens. Un homme raifonnable ne feroitpas content
d un tel procede : bien loin qu’il puiife être agréable aux
dieux. Ainfi parloit Julien auprès de l’autel aux pieds de
1 idole : mais ni le fenat, ni le peuple d’Antioche ne fut
touché de fa harangue.
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An. 3 <s 2«-
I b id .p . îo ô .-