
IHtey. ep. J7. Damafc,
Socr. iv . c. 17.
X X Y I I .
S- Aphraace.
Tlteod. iv . h ift.,
26.
Iheod. 11. c. 7.
dd. Fhiloft. c. 8.
î 0 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
aux pluies & aux neiges en hyver, & à d’extrêmes chaleurs
en efté. Toutefois on envoïa des foldats pour les
en chaffer ; Si ils s’affemblerent au bord de l’Oronte :
d’où étant encore chaffez, ils allèrent au champ d’exercices
-, Si de-là leur vint le nom de Campen/es,que leur
donqoient ceux de la communion de Paulin : encore
furent-ils chaffez de cette place, Cependant l’empereur
Valens en fit tourmenter Si mettreàmort plufieurs en
différentes maniérés, mais principalement en les jet—
tant dans l’Oronte.
Le palais d’Antioche étoit fur le bord de ce fleuve ,
& entre deux paffoit le grand chemin pour fortirà la
campagne. Un jour l’empereur Valens regardant du
haut de fa galerie , vit un vieillard vêtu d’un méchant
manteau ,qui fe preffoit de marcher malgré fon grand
âge. On lui dit que c’étoit le moine Aphraate , pour
qui tout le peuple de la ville avoir une vénération mer-
veilleufe. En effet, il avoit quitté fa folitudepour venir
au fecours de l’églife, quoique fimple laïque, Si alors il
alloit fe rendre à la place où s’affembloient les catholiques.
Où vas-tu , lui dit l’empereur ? Aphraate répondit
: Je vais prier pour la profperité de votre regne.'
Mais, reprit Valeps, tu devois demeurer chez toi Sc
prier en fecret fuivant la réglé monaftique. Aphraate
répondit : Vous dites fort bien ,feigneur , je le devois p
Sc j’ai continué de le faire, tant que les brebis du Sauveur
ont joüi de la paix : mais dans les périls où elles
fo n t, il faut tenter tous les moïens de les fauver. Dites
moi , feigneur , fi j’étois une fille enfermée dans la
maifon de mon pere, & que je viffe le feu s’y prendre,
que devrois-je faire ? demeurer aflïfe & la laiffer
brûler, ou plûtôc fortir de ma chambre , courir & porter
de l’eau de tous cotez pour éteindre le feu ? C’eft ce
L i v r e s e i z i e’m e.1 t p j
que je fais maintenant. Vous avez mis le feu à la mai-
ion de notre pere , Si nous courons pour l’éteindre.
Ainfi parla Aphraate. L’empereur fe teut. Mais un des
eunuqu es de fa chambre dit des injures au faint vieillard
du haut de la galerie , Si le menaça de mort. Quelque
temps après cet eunuque étant allé voir fi le bain de
l’empereur étoit chaud : la tête lui tourna , il fe jetra
dans la chaudière de l’eau boüillante; Sc comme il étoit
feu l, il y demeura Si y périt. L’empereur envoïa un
autre eunuque pour l’appeller : mais il revint dire qu'il
ne trouvoit perfonne dans aucune des chambres. Plufieurs
y accoururent, Sc à force de chercher dans toutes
les cuves, à la fin ils trouvèrent ce miferable étendu
mort. Le bruit s’en répandit dans toute la ville, & tous
loüoient le Dieu d’Aphraate. L’empereur épouvanté ,
n’ofa l’envoïer en exil, comme il l’avoit réfolu : mais
il ne laiffa pas de perfecuter les autres catholiques.
S. Aphraate étoit Perfe de naiffance,& d’une illuftre
famille. S’étant fait chrétien, il quitta fon païs & vint
à Edeffe', où il s’enferma dans une petite maifon qu’il
trouva hors de la ville , & y vécut dans les exercices de
pieté. De-là il paffa à Antioche dès-lors agitée par les
hérétiques, c’eft-à-direfous Conftantius,& fe retira dans
un monaftere hors de la ville. Il apprit un peu de grec,
Si avec fon langage demi-barbare, s’expliquant à grande
peine j il nelaiffoit pas d’être plus perfuafif que les fo-
phiftes les plus fiers de leur rhétorique. Tout le monde
couroit à lui, les magiftrats, les artifans, les foldars.les r t / ignorans, les fçavans : les uns l’ecoutoient en fiîence ,
les autres lui faifoient des queilïons. Nonobftant ce
travail, il ne voulut jamais avoir perfonne avec lui pour
le fervir , ni recevoir rien de perfonne , que du. p ûn
d’un de fes amis : à quoi dans fon extrême vieilieffe -
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