
AM a.mArt.fine
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XLIII.
Saint .Sabas.
& Arpila folitaire, que l’on die avoir été brûlez avec
vingt-trois autres dans une églife où ils étoient affem-
blez , 8c on rapporte leur martyre au même temps des
empereurs Valentinien, Valens & Gratien , mais fous
un roi Jungherie. Sous Athanaric on connoît feulement
S. Nicetas 8c S. Sabas. S. Nicetas eft plus fameux , mais
ion hiftoire eft moins connue. Celle de S. Sabas eft plus
certaine, s étant confervée dans une lettre de l’églifè de
Gothie a celle de Cappadoce, à qui fes reliques furent
envoïées.
^ Saint Sabas Gotli de nation & Chrétien dès l’enfance,
etoit doux, paifible 8c modéré dans fes paroles : bien in-
ftruit de la religion, qu’il fçavoit défendre contre les idolâtres,
fans rethorique etudiee, mais avec une grande liberté.
Il chantoit dans l’églife , 8c en prenoit un grand
foin. Il meprifoit l’argent & la bonne chere, fuïoit la
compagnie des femmes ; 8c s’appliquoit tous les- jours au
jeune & a la priere : il excitoit tout le monde à la vertu.
La perfecution aïant commencé, comme on contrai-
gnoit les Chrétiens a manger des viandes immolées aux
idoles r quelques païens s’aviferent d’offrir à leurs parens
Chrétiens , des viandes qui n auroient pas été immolées
pour tromper les perfecuteurs. S. Sabas, non feulement
refufa d en manger, .mais dit hautement, quequiconque
en mangeoit n etoit pas Chrétien. Il en prefer va ainiî plu-
iïeurs : ceft pourquoi ceux qui vouloient emploïer cet
artifice, lechafferent du village : enfuite ils le rappelle-
rent. La perfecution aïant recommencé, quelques païens
en facrifiant aux faux dieux , vouloient affurer avec
ferment, qu il n y a voit aucun Chrétien dans leur village.
Mais Sabas fe prefenta hardiment dans leur affemblée, &
dit ; Que perfonne ne jure pour-moi, car je fuis Chrétien.
Etant donc preffez par leperfec.uteur,ils cachèrent leurs
parens,
parens, 8c jurèrent qu’il n’y avoir dans leur village qu’un
feul Chrétien. C etoit S. Sabas. Le prince fe l’étant fait
amener, demanda aux aififtans ce qu il avoit de bien
8c apprenant qu’il n’avoit que l’habit dont il étoit vêtu
il le méprifa, 8c le fit chaffer, drfant : Un tel homme ne
peut faire ni bien ni mal.
La perfecution étant renouvellée , il alla par ordre de
Dieu paffer la fête avec un prêtre nommé Sanfala. La
troifiémenuit après, un nommé Atharide vint par ordre
public avec une grande troupe fondre fur le village ; &
trouvant le prêtre endormi dans fa maifon , il le fit lier
avec S. Sabas, que l’on avoit auffi tiré de fon lit. Ils mirent
le pretre dans un chariot : pour S. Sabas, ils le traînèrent
nud comme il étoit, par des épines qu’ils avoient
brulees depuis peu ; le preffant 8c le frappant à coups de
foüet 8c de bâton. Le jour étant venu il leur dit : Ne
m avez-vous pas traîne tout nud par des lieux rudes 8c
pleins d epines ? voiez fi j’ai les pieds déchirez, & fi l’on
voit fur mon corps les marques des coups que vous
m’avez donnez. Us n’en virent aucune trace. Alors ils
prirent un eiïieu du chariot, le lui mirent fur les épaules,
& lui attachèrent les mains étendues au bout de l’ef-
fieu : puis ils lui attachèrent de même les pieds à l’autre,
8c le renverferent par terre couché fur cet effieu. Il paffa
ainfi la plus grande partie de la nuit. Mais pendant que
les miniftres de la perfecution dormoient , il vint une
femme qui le délia. Il demeura toutefois au même lieu
fans crainte , aidant a cette femme qui s’étoit relevée la
nuit pour préparer à manger aux domeftiques.
Le jour venu Atharide lui fit lier les mains, & le fit
pendre a une poutre de la maifon. Peu de temps après,
il vint des gens de fa part qui apportoieut des viandes
immolées, 8c qui dirent au prêtre 8c à Sabas : Voilà, ce
Tome IV . G oo