
Ephr.ferm. inSS.
T P . p. 771*
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Saint Ephrem.
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"Epbr. cenfejf. p.
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Ibid. p. $$$.
Z6S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ture le lieu où la mort les furprenoit : foit en chantant
les louanges de Dieu., foit en mangeant leurs herbes,
fait en fe promenant fur les montagnes. Ainfi en parle
S. Ephrem.
Il en parloir comme fçavant : il vivoit dans le même
temps &le même pais, & fut lui-même un des plus
illuûresfolitaires de la haute Syrie. Il étoit né à Nifibe
ou aux environs, de parens pauvres Sc fubfiftant de leur
travail: mais qui avoient confeiféj. C. devant les juges.;
& il compcoit des martyrs dans fa famille obfcure felon
l.e monde. Son nom cil le même qu’Ephraïm ; Sc en
general les noms de l’ancien teftament étoient communs
en Syrie & dans les parties les plus reculées de
l’Orient. Dansfajeuneife lui étant venu des doutes fur
la providence divine, Dieu voulut l’en convaincre par
fa propre experience. S’étant égaré dans les bois , il fe
retira avec des bergers pour y paifer la nuit. Des loups
la nuit même ravagèrent le troupeau : les maîtres s’en
prirent au jeune Ephrem ., & le mirent en prifon avec
les bergers. Après y avoir été quelque temps , il fut
averti en fongcde reconnoitre la providence , & d’examiner
ce qu’il avoit fait. Etant éveillé, ilfefouvint que
quelque tems auparavant il avoit rencontré dans les bois
une vache pleine , appartenante à un pauvre homme :
qu’il l’avoit chaifée à coups de pierres, jufqu’à ce qu'elle
tombât morte. Qu’aî'anc en fui te rencontré celui à qui
elle appartenoit, Sc qui lui demandait s’il ne l’avoit point
yûë : au lieu de lui en dire des nouvelles, il lui avoit
dit fies injures. Ainfi la vache avoit été perdue & mangée
par les bêtes. Ephrem fe fouvint de ce péché , Sc crut
que c’étoit la caufe de fa prifon. Dans la même prifon
fe trouvèrent avec lui deux hommes aulfi accufez injuC-
tement fur des conjectures, l’un d’homicide,l’autre d’ik-
L i v r e d i x s e v t i e ’ m e . z 6 9
dultere : mais tous deux coupables d’ailleurs. Il y en vint
encore trois autres de même qualité; mais tous les cinq
furent enfin juftifiez; Sc les véritables criminels trouvez
Sc punis. Ephrem fut délivré, parce que le juge le con-
noiifoit 8c le trouva innocent. Ce fut Je commencement
fie fa converiîon : fiès-lors il embraffa la vie afce-
tique ; & il eut pour maître entre les autres S. Jacques sup.Uxm. ». 1;
de Nifibe. Il étoit auprès de lui quand ce faint délivra
la ville aifiegée par les Perfes.
S. Ephrem fans avoir étudié , devint très fçavant tout Soz. n i . c. 16.
d’un coup dans la philofophie & les chofes divines : ce S. Ephr. p. ia ¡7,
qui avoit été marqué par des vifions miraculeufes que c't‘ -u
fes parens & quelques faints perfonnages avoient eues
à ion fujet. Il étoitéloquenc en fa langue fyriaque : fes
fiifcours étaient forts Sc touchans., & confervoient même
une grande partie de-leur beauté dans les traduirions
grecques ,qui en furent faites dès fon temps. Nous en
avons encore un grand nombre traduits en latin fur le
g re c , qui ne refpirent que la componérion ôc la plus
tendre pieté. Dès le temps de S. Jerôme,c’ell-à-dire peu m e r.fc r ipi.
après la mort de S. Ephrem ,o n lifoit fes ouvrages dans
l ’églife publiquement après l’écriture fainte. Il compofa
auffi des poëfies, qu’il mit â la place de celles d’Har-
monius fils deBardefane. Car comme Harmonius avoit
fait des cantiques fur des airs agréables, mais qui con- ¡« p . Uv. i v . ». j .
tenoient des erreurs contre la foi : touchant lame , la
formation & la corruption des corps, & la régénération
; S. Ephrem fit fur les mêmes chants des hymnes
à la louange de Dieu Sc des faints, que le peuple s’accoutuma
â chanter avec plaifir. Il fut ordonné diacre
d’Edeife : mais il aima toujours la vie folitaire.
Entre fes oeuvres, il y a plufieurs inftruérions pour
ceux qui la pratiquoient. O n y voit des moines de trois 454-
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