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nerent à Macedonius, obtinrent que l’empereur ôtât fa
connoiflânce de cette affaire au prefet des Gaules, & la
renvoya au vicaire d Eipagne; car il n’yavoitplusde
proconful. Macedonius envo'ia des officiers pour prendre
Ithace , qui étoiualors à Treves , & le ramener en
Eipagne; mais il s’en garantit premieremenrpar adreff
iè , enfuite par la proteôlion de Britannius, ou Briton
évêque de Treves :c’eftce qui fe palla en cette affaire
jjumff.dtvir. fous le regne de Gratien. Idaceécrivit un livre enferme
d’apologie, où il expliquoit les dogmes & les artifices
des Priicillianiftes , & l’origine de leur le ¿te. Il
paffoit pour éloquent, & fu t furnommé Ciarus, c’elt-
à-dire illuftre. .
Ordination de ^es travaux de iàint Grégoire de Nazianze à. G P.
Maxime le cy- furent troublezparl’ordinationirregulieredeMaximr
Greg, Naz,. le Cynique. C ’étoit un Egyptien né à Alexandrie, d’une
où il y avoit eu des martyrs.Bien qu’il fût Chré-
Thc‘odV. ^'% t*en § h ne pas de faire profeffion de la philofo-
Greg. or. phie Cynique, dont il portoit l’habit, le b âton, & les
grands cheveux. Il avoit ainfi couru en divers pays, &
avoit été plufieurs fois repris de juftice. A Corinthe,il
vécut ieul quelque tems avec des filles, qu’il prétendoit
exercer à la pieté: il fut foüetté publiquement en Egypte
& relegué pour des infamies dans le deiert d’Oafis, où il
demeura quatre ans ; on l’accufoit de fuivre l’herefie
d’Apollinaire. Il vint enfin à Conftantinople, & içutfi
bien feindre, qu’il impofà d’abord à lainr Grégoire. Iliè
vantoit d’avoir quitté pour le fervice deDieulaconfo-
lation de vivre avecía mere & íes foeurs, qu’il qualifioit
vierges. Il iè faifoit honneur des coups de foüet qu’il
avoir foufferts, & de fon exil, comme fi ç’eût été pour
la religion. Ainfi S. Grégoire le reçut comme un con-
feilèur capable d’honorer fou petjt troupeau ■, car il ne
faifoit que commencer à raffembler les catholiques de
Conftantinople dans fon Anaftafie. Maxime donnoit
de grandes loüanges à fes diieours, & déclamoit fortement
contre les hérétiques ; il ne refpiroit en apparence
que zele & pieté.S.Gregoire y fut fi bien trompé, qu’il
le reçut dans là maifon & à ia table,lui communiquant
fes études & fes delfeins avec une entiere confiance :
& non content de lui donner de grands éloges dans
les converfations particulières ,il prononça devant fon
églife, quoique malade, un diieours à fa louange, que
nous avons encore fous le nom d’éloge du philofophe °r li*
Héron; mais S. Jerôme témoigne que c’étoit la loiiange
du philofophe Maxime, & que d’autres y avoiént mis
ce faux titre. On voit dans ce difeours par où cet im-
pofteur avoit furpris S. Grégoire. Il pratique, dît-il, T“^ u m
notre philofopie fous un habit étranger:encore lepeut- r‘g°r'
on prendre pour un figne de la pureté de l’ame. C’eft
que l’habit des Cyniques étoit blanc. Il n’a , dit-il, de
Cynique que de parler hardiment, de vivre au jour la
journée, de veiller pour la garde des ames, de carefler la
vertu, d’aboyer contre le vice. Car c’eft ainfi que les
Cyniques s’appliquoient toutes les proprietez des
chiens, dont on leur avoit donné le nom.
Cependant Maxime ayant formé le delfein de iup '
planter S. Grégoire, & de ie faire lui-même ordonner
évêque deGP. iè joignit à un prêtre "de cette églife, qui
avoit concu del’averfion contre le iàint évêque, fans
autre fujet que la jaloufie de fon éloquence. Maxime,de
concertaveclui, fit venir d’Egypte d’abord fept hommes
capables de l’aider dans fon déiTeîn ; & enfuite
quelques évêques, qui avoient envoyé ces premiers, 8c
qui étoient eux-mêmes envoyez par leur archevêque
Pierre d’Alexandrie , pour ordonner Maxime évêque: ‘
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