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cerent vers le regne de Conitantius , mais leur origine
étoitincêrtaine.Ils venoient de Mefopotamie, & il y en
avoit à A n tio ch e , lorfque faint Epiphane écrivoit fon
traité des hcrefies , c’eft à-dire, en 376. Il attribue leur
erreur à l’exceffive fimplicité de quelques-uns, qui
avoientpris trop à la lettre le precepte de Jefus-Chrift,
de renoncer à tout pour le fuivre, vendre ion bien Si le
donner aux pauvres. Ils quittoient en effet; mais en-
fuite ils menoient une vie o ifiv e& vagabonde, deman-
doi nt l'aumône , Si vivoient pêle mêle , hommes &c
femmes, jufquesà coucher dans les rues pendant l’été.
Ils ne pratiquoient point le jeûne, mais ils mangeoient
tw .iv m ^es huit ou neuf heures du matin, Sc même devant
i.u. le jo u r , félon que l’appetit les prenoit. Ils rejettoient le
gi.vi.27. tr iv a il des mains comme m au va isab ufan t de cette parole
de Jefus-Chrift. Travaillez , non pour la nourritu-
oer.sa », clu* Peri t a mais pour celle qui demeure dans la vie ét
's' ternelle. Saint Epiphane combat principalement cette
erreur touchant le travail. Il montre les inconveniens de
la mendicité, & les lâches complaifànces où elle engage
envers les riches; même envers ceux dont les biens
font mal acquis. Il rapporte les préceptes de l’apôtre;. Sc
, la pratique des m oines, particulièrement d’Egyp te , qui
accordoientfîbien le travail avec la priere : & il ajoû-
te l’exemple des prêtres Sc des évêques. Car bien qu’ils-
euifent droit de fe faire nourrir parles peuples qu’ils in-
ftruifoient, & qui de leurs juftes travaux leur devoient
les premices & les oblations; toutefois ils en ufoient fo-
brcment. Laplûpart, dit-il, quoique non pas tous, imitant
lapotre S. Paul, exercent de leurs mains quelque
metier, qu ils trouvent convenables à leur dignité, Sc
a leur application continuelle au gouvernement de Té—
g lifc , afin qu'après la parole & l ’initruCtion, ils ayent
L i v r e d r x-n e o v i e ’ m e;
encore la joie en leur confcience, de fatisfaire à leurs
befoins, parle travail de leurs mains , & de donner aux
pauvres ce qui leur refte, tant des oblations, quedeleur
travail; ce qu’ils font par un excès de zele envers Dieu
Sc de charité pour le prochain. C ’eft le témoignage que
rend faint Epiphane à laplus grande partie des évêques
Si des prêtres de fon tems.
Les Maifaliens difoient, que chaque homme avoit
un démon qui le fui voit depuis fa naiffance , Si qui le
pouiToit aux mauvaifes aétions; que le feul moyen de
le chafter de l’ame,- étoitla priere, & qu’elle arrachoit
avec lui la racine du péché. Pour les facremens, ils les
regardoient comme des chofes indifférentes : l’eucha-
r iftie , félon eux, ne faifoitni bicnni mal; le baptême
retranchoit les pechez comme un rafoir, fans en ôter
laracine. Ils difoientque l’onrejettoitce démon famil
ie r , en fe mouchant Sc crachant; & que q uand
1 hommeetoit ainfi purifié, onvoyoitfortir de fa bouche
une truïe avec fes petits cochons , & on y voyoit entrer
un feu qui ne brûloit point; au moins quelques-
uns leur attribuoient cette fable. Ils prenoientà la lettre
le precepte de prier continuellement, & en pouffoicnt
la pratique jufques à un excès incroyable. Us dormoient
la plus grande partie du jour; enfuite ils difoient
qu'ils avoient eu des révélations ; Sc faifToient des prédictions,
dontl’évenement montroit la fauffeté. Us fe
vantôient de voir des yeux du corps la fainte T rinité ,
Sc de recevoir le faint Efpri t d une maniéré vifible & fen-
frble. Auffi avoient-iis des tranfports dans la priere,.
qui leur faifoient faire des aCtions extravagantes. Ils s’é-
lançoient tout d'un coup, difant qu’ils fautoientpar-
deffus les démons, Si difoient qu’ils tiroient contre eu x ,
«a faifant avec les doigs le gefte d’un homme qui tir©;
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Theod. h&r.fabi i y. e, i u
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