
i i 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
^ “ étudier les choies de plus grande perfeébion, fe conten-
* tanc de travailler en limplicité, Tout le monaftereétoit
'divifé en vingt-quatre troupes , dont chacune portoit
le nom d’une des lettres de l’alphabet grec ; avec un rapport
fecret aux moeurs de ceux qui la compofoient. Les
plus iimples,par exemple,étoient rangez fous l’iota,dont
la figure eft I ; les plus difficiles à conduire ious le X i ,
dont la figure eft 3 , afin que l’abbé pût aifément s’informer
de l’état de chacun dans une ii grande multitu-
de, en interrogeant les fuperieurs par ce langage myfte-
rieux, qui n’étoit connu que des plus fpirituels. .Enfin
l’ange qui parloir à S. Pacotne , lui ordonna de faire
douze oraifons le jour , douze le foir, & douze la nuit.
Il trouvoit que c’étoit peu ; mais l’ange lui répondit :
on ordonne ce que les plus foibles peuvent accomplir
fans peine : les parfaits n’ont pas befoin de cette loi ,
car ils ne ceffent point de prier dans leurs cellules.
S. Pacome commença donc à recevoir tous ceux qui
s’adreifoient à lui pour faire pénitence : mais il ne les
admettoit à la compagnie des moines, qu'après une
longue épreuve. Il leur montrait l’exemple , gardant
plus d’aufterité, quoique chargé du foin de tout le mo-
naftere. Il fervoit à table , il travailloit au jardin, il ré-
pondoit à ceux qui frappoient à la porte , il affiftoit les
malades jour & nuit. Ses trois premiers difciples furent
p-1; Pfentheffus, Suris & Obfis. Les plus diitinguez enfuite
4' furent Pécufe, Corneille,Paul,un autre Pacome & Jean.
Il chargea des foins du monaftere ceux qui en étoient capables.
Aux jours de fêtes ils appelloient les prêtres des
villages voifins, pourcelebrer chez euxlesfaintsmyfte-
res : car faint Pacome ne fouffroit point que les moines
fuifent élevez à la clericature;difant qu’il leur étoit plus
avantageux de retrancher toute occafion de vanité &
de jaloufie entr’eux. Il ne laiifoit pas de recevoir à la ^ ~ '
vie monaftique, ceux qui avoient auparavant été or- - 3 3 -
donnez par les évêques, & de fe fervir de leur miniftere.
Il les recevoir avec refpeél, quoiqu’ils fuffent foupçon-
nez d’être tombez dans quelque faute, laiilant aux évêques
à les juger.
Dans le grand nombre de ceux qui fe rangeoient fous *• jèj
fa conduite , il y avoit des vieillards, des enfans , des
perfonnes de toutes fortes. Auffi lesconduifoit-il différemment
, fuivant leurs forces Se leurs difpolîtions naturelles.
Les uns travailloient pour gagner dequoi vivre,
les autres fervoient la communauté: ils ne mangeoient
pastous en même temps, mais chacun félon fon travail
& fa dévotion : feulement il les exhortoit tous à l’obéif-
fance,comme au chemin le plus court pour la perfeétion.
Il établit pour le foulager,des fuperieurs particuliers
fur chaque maifon & fur chaque tribu , qui toutes en-
femble compofoient plufieurs* milliers de moines. Si
quelqu’un de ces fuperieurs particuliers étoit abfent, il
fuppléoit à fon défaut, comme ferviteur de tous 5& vi-
iitoit foigneufement ces monafferes.
Voïant dans fon voifinage de pauvres gens occupez *•ie-
à nourrir du bétail, & pri vez de la participation des fa-
cremens & de la leébure des faintes écritures ; il prit la
réfolution,de concert avec S. Aprion évêquedeTenty-
re , de faire bâtir une églife dans leur bourg,qui étoit
prefquedéfert. Et comme il n’y avoir point encore de
leéfeurs, ni d’autres clercs ordonnez pour célébrer l’of- •
fice dans cette nouvelle églife, il y alloit avec fes moines
àl’heure des affemblées ecclefiaftiques, & lifoit l’écriture
fainte , fans rougir à fon âge de cette fonélion ,
1 • « l’une des moindres dé ï églife. Il lifoit a v e c une attention f
& une dévotion qui le faifoit paraître aux- yeux du peu