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pour fa faintecé. Il le prend en particulier, 6c lui repre^
fenteavec douceur que les heretiques avotent été justement
condamnez par l’ordre des jugemtns , plutôt
qu’à la pourfuite des évêques. Qu’il n’avoit point de
caufederejetter la communion d’Ithace 6c de ceux de
fon parti : que Theognofte feul s’étoit Séparé d’eux ;
plûtôtparhainequeparraifon : que même un concile
tenu peu de jours auparavant avoit déclaré Ithace innocent.
Comme S. Martin n’étoit point touché de ces
raifons : l’empereur entra en colere, le quitta , & envoya
auifi- tôt des g en s , pour faire mourir ceux dont il
demandoit la grâce. S. Martin en fut averti , comme
il étoit déjà nuit : alors il court au palais : il promet de
communiquer, fi l’on pardonne à ces majheureux
pourvu que l’on rappellât auffi les tribuns, que l’on
avoit envoyez en Efpagne. Auili-tôt Maxime lui accorda
tout.
Le lendemain comme les Ithaciens dévoient faire
l ’ordination de Pévêque F élix, S. Martin communiqua
avec eux ce jour là, aimant mieux ceder pour un peu
d e tem s , que de ne pas fauver ceux qui alloient être
égorgez. Mais quelque effort que fiifent les évêques,
pour le faire fouferire à cet aéte en figne de communion
, ils ne purent jamais l’y réfoudre Le lendemain
il Sortit prortiptement de T r ê v e s , &c gémiffoit par le
chemin, d’avoir trempé tant foit peu dans cette communion
criminelle. Etant près d’un bourg nommé An-
dethauna, aujourd’hui Echternach en Luxembourg, à
deux lieues de T rê v e s , il s’arrêta un peu dans les bois,
laiffant marcher devant ceux de fa fuite. Là comme il
examinoit cette faute que fa confcience lui reprochoit;
un Ange lui apparut, 6c lui dit : Ton remors elt bien
fondé ; mais tu n’as pu en fortir autrement t reprens
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Courage, de peur de mettre en péril même ton falut.
Il fe donna bien garde depuis ce tems de communiquer
avec le parti d’Ithace , 6c pendant feizeans qu^ii
vécut encore, il ne fe trouva a aucun concile , & s e-
loigna de toutes les aflemblees d cveques.S. SevereSul-
pice le raconte ainfi , 6c il ajoute : Au refte , (entant
moins de grâce & de facilite a délivrer des pofledez, il
nous avoüoit de tems en tems avec larmes , qu il {en-
toit une diminution de puiifançe, a caufe de cette
heureuie communion , où il s’étoit engage maigre lui
pour un moment. Félix qui fut ordonne en cetteocca-
fion, étoit, comme l’on croit évêque de Trêve s: homme
de mérité, & compté entre lesfaints.
L 1 F R E D I X - N E V F I E ’ M E .
L’Empereur Theodofe fit de nouvelles impofitions,
pour fubvenir aux frais de diverfes guerres qu’il
eu. a foutenir, 6c pour faire des liberalitez aux foldats,
principalement à la dixième annee de (on regne , qui
commença en 388. Sc ia cinquième de fon fils Arcade,
qui fut la précédente. Ces impofitions donnèrent oc-
cafion à la fédition d A ntioche , que 1 on croit etre arrivée
en cette année 387. Le peuple voyant que 1 on met-
to ità la t o r t u r e ceux qui ne payoient pas, entra en fureur
, 6c commença par briler a coups de pierres les
images peintes de 1 empereurvpuisil renverfa fes lfatuës
d’airain, 6c non feulement les fiennes , mais celles de
fon pere, de fes enfans 6c de 1 impératrice Flaccille ou
Placille fon époufe , morte quelque tems auparavant ;
& recommandable par fes vertus , principalement par
fon humilité 6c fa charité pour les pauvres. Elle les vir
X x x i j
Martyr* Rom»
¿6, Mart.
I. « ;
Sédition d’An-
tioche.
Tbeod. V. e. 2-0«
Liban, in ElU-
bith.
P. 516. A.
P . 517. A.
X
heod. v. 1