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n o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
montrer combien écoit infenfé le deifein d’abolir le
5 H chriftianifme , il en releve les avantages. La force de la
prédication, qui n’étant que folie en apparence,a vaincu
les fages, & s’cftétendue par toute la terre : le courage
des martyrs qui ont fouffert comme s’ils n’aYoient
•77-r.. point eu de corps. Eu$ , ajoûte-il | dont ©n celebre
les fe te s , - qui chaiTent les démons , qui guériffent les
maladies, qui apparoiiFent & qui prédifent l'avenir :
dont les corps ont autant de pouvoir que leurs.faintes
ames , foit qu’on les touche ou qu’on les honore : dont
les moindres goûtes de fang , les moindres marques de
77. d. leurs foüffrances ont autant de pouvoir que leurs corps.
Il rej,|ve enfuite les-vertus des folitaires, qu’il oppofeà
celles des philofophes , des guerriers & des autres grands
hommes-de 1 antiquité profane : & il montre combien
ces fai-nts font au-deifus par le courage , la fermeté , le
79. s., mépris des richefles, des plaifirs ,de la vie même. Enfin
à ce petit nombre qui s’écoit diftingué chez les païens
par la doètrine & la vertu, il oppofe les milliers innombrables
de Chrétiens de tout fexe & de toute condition-
par toute la terre habitable , qui pratiquoient dès cho-
fes femblables, & encore plus merveilleufes. Non feulement
, dit-il, des gens de baffe naifïance, accoutumez'
au travail & à la frugalité : mais des plus riches & des
plus nob les, qui pour imiter J. C . embraffent desfouf-
frances qui leur font nouvelles, & pratiquent ces vertus
fans difeourir, mettant leur morale non dans les paroles,
mais dans les effets.
Pour montrer encore l’extravagance de cette»cntrc-
prife de Julien , il. ajoute : Il ne voïoit pas,ce grand po-
¿,8-e- litique , que les perfecutions précédentes ne pouvoient
exciter de grands troublcscparce que peu de gens con-
noiifoient la vérité , &c que notre doétrine n’àvoit pas-
L i v r e 1 n z 1 e’ m e . m
encore tout fbn éclat. Maintenant qu’elle s’eft étendue -
& qu’elle a pris le delfus : vouloir changer la religion J^ N-
chrétienne, ce n’étoitrien moins entreprendre que d’é-
branler la puiffance Romaine ^ &c mettre en péril tout
J’empire. Ce que S. Grégoire dit ici du petit nombre des
Chrétiens fous les perfecutions précédentes, fe doit entendre
par comparaifon du prodigieux accroiffement qui
arriva durant la paix fous Conftantin & Conftantius :
car au refte Tertulien faifoit bien voir dès fon temps
que le nombre des Chrétiens étoit très-grand en f o i , &
très-capable de réfifter aux perfecuteurs', s’ils n’euifent
été retenus par les ftintes maximes de l ’évangile.
S. Grégoire releve l’injuftice de la perfecution deju- p. ».
lien,en montrant la modération des Chrétiens dans leur
profperité. Avons-nous, dit il , jamais traité les vôtres
comme vous nous avez fi fouvent traitez? Quelle liberté
vous avons-nous ôtée ï Contre qui avons-nous excité les
peuples ou les magiftrars ? De qui avons-nous mis la vie
en péril? Qui avons-nous exclus des charges & des honneurs
dûs au mérite? Il montre enfuite l’abfurdité du def-
fein qu’avoit Julien de copier les pratiques du chriftianifme.
Nos maximes,dit-il,nous conviennent tellement,
qu’il eft impoihble à ‘d’autres de les imiter : parce qu’elles
ne fe font pas tant établies par l’induilrie des hommes,-
que parla puiffance divine &c par le temps qui les a fortifiées.
Enfuite,fuppofant l’extcution réelle du defTeinde
Julien : Qu’ïl y ait,dit-il,un théâtre magnifiquc:que les
hérautsappellent lepeuple, qu’il s’affemble,que ceux qui
pr-éfident foient les plus confiderables par l’âge, la vertu,
la naiffance, la fageffe mondaine. Ils feront ornez de
pourpres, de couronnes : car les païens font grand cas.
des marques de dignité , & de ce qui diftingué du vu lgaire.
Voudront-ils encore en ce point s’abaiffer juf