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er.f.t-m.c. lesintcrêcs de l’amitié , quand il s’agiffoic du fervice de
Dieu. La haute idée qu’il avoit de l’épifcopat l’empê-
ehoit de regarder aucun fiege comme trop petit : il
connoiiToit l’humilité defon ami, & ne craignoit point
de la mettre à de trop fortes épreuves. Son pere même
agifloit de concert avec S. Baille , pour lui faire accepter
l’évêché de Saline. Il reçut donc l’ordination, foûmet-
mr»t î.p. 134' ta n t, comme, il d it, plûtôt fa tête que fon coeur : &c
il prononça en cette occafion,fuivant la coutume , un
petit difcours , ou il traite de tyrannie la violence
qu’on lui a faite; & avoue lincerement le reiTentiment
qu’il a eu contre Baille : mais il condamne fes premiers
»mt.-j. mouvemens, & déclare qu’il eft lincerement reconcilié
avec lui. Peu de temps après il prononça un autre
difcours en préfence de fon pere, de faint Baille & des
autres évêques qui l’avoient ordonné , où il s’étend davantage
fur les raifons qu’il avoit eues de craindre l’é-
pifcopat , dont il reprefente les terribles obligations.
Enfuite S. Grégoire frere de S. Baille , & dès-lors évê-
que.de Nyife en Cappadoce , vint en un lieu où l’on
célébrait une fête de martyrs ,& faint Grégoire deNa-
zianze y fit un difcours devant le peuple : où il parle
encore de fon ordination, & de la peine qu’il a eue à
s’y foûmettre , fe plaignant que Grégoire eft venu trop
tard.
G-veg, ep.3. Cependant comme il ne fe preffoit point d’aller à
Saline, S. Baille lui fit des reproches de fa négligence.
Ma plus grande affaire, lui répondit S. Grégoire , eft de
n’en avoir point : c’eft ma gloire ; & fi tout le monde
faifoit comme m oi, Ieglife n’aurait point d’affaires. Il
ne laiffa pas de fe mettre en devoir d’entrer en poffef-
<t■ il- ilon : mais Anthime s’y oppofa , fe faififfant des marais
de Saiime ; & fe mocqua des menaces dont S. Grégoire
L i v r e s e i z i e ’me . % p
Voulut ufer contre lui. Anthime vint enfuite à Nazianze
voir l’ancien Grégoire, & fit tous fes efforts pour obliger
le fils à le reconnoître comme fon métropolitain ,
lui promettant de le laiffer paifible dans fon iîege. Saint
Grégoire ne put fouffrir cette propofition , & Anthime
fe retira en colere. Enfuite il lui adreffa une lettre
pourl appeller en forme afon concile , comme évêque
de fa province. S. Grégoire la prit à injure ;& Anthime
le pria de porter au moins S. Bafile à quelque accommodement.
Mais faint Bafile ne fut pas content que fon
ami fut entre dans cette négociation. Toutes ces diffi-
cultez achevèrent de dégoûter S. Grégoire de cet évêché
: & fans y avoir jamais fait aucune fonction,il s’en-h
fuit, fe retira enfoiitude, & s’appliqua à fervir & àin -
ftruire les malades d’un hôpital.
Le faint vieillard Grégoire ne laiffa pas long temps fon
fils dans cette retraite. Il le preffa d’abord d’aller Gouverner
fon eglife de Safime : mais le trouvant inflexible
fur ce point, il lui propofa de gouverner avec lui l’é-
glife de Nazianze pour le foulager dans fon extrême
vieilleffe ; & lepreffaâvec tant de force &detendreffe,
qu il ne put refiiter. Mais 1! ne prétendit point s'engager
par-la a gouverner après fa mort , n’y étant lié ni
par promeffe ni par élection canonique. En cette occa-
fion il prononça un difcours : où adrcflant la parole à
fon- pere, il dit : J’admire cette antique magnanimité
cjui vous a mis au deffus d un fcrupule qui conviendrait
a notre temps. Vous ne craignez point que l’on prenne
les motifs fpiriruels pour un prétexte, & que l’on nous
foupçonne d agir ici felcn la chair: puifque la plûpart
regardent le gouvernement des moindres troupeaux
comme quelque chofe de grand , & comme uneefpece'
de roiaume. Il déclaré enfuite qu’il ne s’engage qu’à;
Carm. p. y.
Car)», p. t
V i t a Greg.p,
I L
S. Grégoire goui-
Verne Nazianz-t
avec fou pere.
Carm. p.