
57^ H i s t o i r e E c c i i s i a s t i q t i e .’
^ " juftifié vôtre aétion ; au contraire, je me chargerais de
la haine de ce péché, fi perfonne ne vous difoit, qu’il
”‘ IU eft neceffaire de vous reconcilier à Dieu. Il lui propofe
enfuite les exemples des princes, qui ont fait pénitence
: principalement de David : puis il ajoute : Vous
etes homme , il vouseft arrivé une tentation, furmon-
tez-la. Le péché ne s'efface que par les larmes : il n’y a
ni ange ni archange, qui puifle le remettre autrement :
le Seigneur lui-même ne pardonne qu’à ceux qui font
penitence. Je vous confeille, je vous prie, je vous exhorte
, je vous avertis. Quelque bonheur que vous ayez eu
dans les combats, quelque loiiange que vous méritiez
dans tout le re ite ,la bonté a toujours été le comble de
vos vertus. Le démon vous a envié cet avantage , fur-
montez-le, tandis que vous avez encore dequoy le faire.,
N ’ajoûtez-pas à vôtre péché celui de vous attribuer se
que plufleurs fe font attribué à leur préjudice. Je n’ofe
offrir le facrifice, fi vous voulez y afllfter.Cequinefe-
roit pas permis après le fang d’un feul innocent répandu
, lefera-t’il après le fang de plufleurs î Ne ferois-
je pasbien-aife d’avoir les bonnes grâces de mon prince
, en me conformant à vôtre volonté , fi la choie le
permettoit î La fimple oraifon eft un facrifice : elle
attire le pardon en montrant de l’humilité, au lieu que
l'offrande attireroit l’indignation, en marquant du mépris.
Il finit ainfi : Je vous aime , je vous chéris, je prie
pour vous. Si vous le c ro y e z , rendez-vous*,, & recon-
noiffezla vérité de mes paroles : fi vous ne le croyez
pas,, ne trouvez pas mauvais que je donne à Dieu la
preference.
IL 5 Ambroife étant retourné à Milan, refufaà l’empereur
Theodofe l’entrée de l’églife. Comme l’empereur
seprefentoit que David avoit commis un adultéré &
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un homicide: S. Ambroife lui répondit aufll-tôt : Puif-
que vous avez imité fa faute, imité fa penitence. L’empereur
fe fournit, ôc s’abftint d’entrer dans l’églife pendant
huit mois.
La fefle de la nativité deN. S. étantvenuë, ildemeu-
roit enfermé dans fon palais, verfant des larmes. Rut-
fin le maître des offices, 8t le plus familier de fes courti-
fans lui en demanda la caufe. L’empereur redoublant fes
pleurs 8c fes fanglots, lui dit : Je pleure, quand je confi-
dereque le temple de Dieu eft ouvert auxefclaves 8c aux
mandians, tandis qu’il m’efl fermé, 8c le ciel par con-
fequent. Ruffin dit : Je courray , fi vous voulez i a
l ’évêque , & jeleprierai tant, queje lui perfuaderai de
vous abfoudre. Vous ne le periuaderez pas, dit l’empereur
; je çonnois la juftice de fa cenfure ; 8c le refpeét
de la puiffance impériale ne lui fera rien faire contre la
loi de Dieu. C ’eft que l’empereur bien inflruit fa v o it ,
qu’il n’étoit pas permis d’abfoudreles pecheurs,qu’après
qu’ils avoient fait la penitence canonique. Ruffin in-
fifta , & promit de perfuader faint Ambroife. Allez donc
v ite , dit l’empereur ; 8c fe flattant de l’efperance que
Ruffinluiavoit donnée, il le fuivitpeu de tempsaprès.
Saint Ambroife voyant Ruffin, lui di t , qu’il y avoit de
l’imprudence, de vouloir foûtenir ce maflacre, donr il
avoit été l’auteur par fes mauvais confeils. Comme Ruffin
le prioxt, lui difant que l’empereur venoir, faint Ambroife
enflammé de fon zele, lui dit : Je vous avertis R u ffin
, que je l’empêcherai d’entrer dans le veftibule iacre :
mais s’il veutchanger fa puiffance en tyrannie, je me
lailleray égorger avec,joye. Ruffin ayant oui ce diieours,
l ’envoya dire à l’empereur, 8c luiconfeilla de demeurer
dans le palais. L’empereur reçut l’avis au milieu de la
place ,8c dit: J’iray ,je re ce v ra y l'affront que je mérité.
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