
j p H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
facrez : il y employoit même une partie de la nuit. Il
paifoit toute la journée iàns manger, fouvent deux jours
&plus encore. Il dormoit dans un cilice , ayant trouvé
cette invention pour le lever promptement. Il n’eût
pu foufFrir que l’on- eût parlé au dehors de fa maniéré
de vivre : car il étoit folidement vertueux ÿ 8c ion
précepteur* lui avoit tellement imprimé le defir de
la perfection , que toute là peine étoit de le retenir, 8c
de l’empêcher d’aller dans lafolitude. Mais il attiroit à
Dieu plufieurs des jeunes gens qui étudioient avec lui.
S. Chryfoitome rapporte cette hiftoire, comme l’ayant
appriiè du moine même qui s’étoit renduprecepteur.il
regarde la vie monaftique comme une école de vertu
pour tout le monde : puis qu’il confeille à un pere d’y
engager fon fils, dès qu’il fera en âge de pécher, comme
à dix ans ; 8c de l’y laifler autant qu’il fera neceffaire ,
même dix ou vingt ans , après quoi il pourra le remettre
dans le monde. Ce qui fait voir que ceux qui vi-
voient dans les monafteres , n’y étoientpas tous également
engagez.
On voit toutefois par les deux difcours de iàint Jean
Chryioilome à fon ami Théodore , que l’on ne regar-
doit pas comme une choie indifférente , de quitter les
exercices de la vie monaftique , pour rentrer dans le
fiecle , 8c y mener une vie relâchée. Ce Théodore étoit
illuftre par ia naiftànce , poffedoit de grands biens ,
avoit beaucoup defprit,écrivoit & parloir parfaitement
bien : ayant fort étudié les rheteurs & les philofophes.
Quand il eut commencé à lire les livres iàcrez, & à fréquenter
les perfonnes pieufes ; il imita- leur maniéré de
vie , & fè fignala entre les fol ira ires. Mais'il fuccomba
bien-tôtà la tentation , il rentradansle monde, & pen-
fit ièrieuièment à le marier. Il prétendoit même juftifier
L i v r e b ï x - n e u v i e ’ me. j& fs t
fa conduite par des exemples tirez de Thiftoire dont il
avoit une grande connoilfance. S. Chryfoftome l’ayant
appris , lui écrivit avec tant de force, qu’il le fit rentrer
dans le bon chemin : il renonça au mariage, quitta tous
fes biens, & reprit la profeffion monaftique. Il n’avoit
encore que vingt-ans, 8c fut depuis évêque de Mopfue-
fte en Cilicie. Dans un de ces diicours , S. Chryfoftome
dit exprelfément que le mariage n’eft plus permis à
celui qui a contracté les noces fpirifuelles.
On rapporte aulîi au temsde la retraite les deux difcours
de la componétion, adreffez à deux iblitaires De-
metrius & Stelechius. Dans le premier, il dit: Quand
j’eus refolu de quitter la ville pour aller aux cabannes
des moines, je m’informois curieulèment , qui me four-
niroit les choies necelfaires : fi je pourrois manger tous
les jours du pain frais : lî on ne m’obligeroît point d’u-
lèr de la même huile pour la lampe 8c pour la table ;
de vivre de legumes, de faire des travaux rudes , comme
de bêcher la terre, de porter du bois ou de l’eau :
en un mot j etois fort appliqué à me loulager. Il fe corrigea
fi bien de cette foiblefle , qu’il tomba dans l’excès
oppofé : en forte qu’après avoir été cinq ans dans
le defert, fenrant là lànté affoiblie , 8c ne pouvant la
rétablir en celui-là, il futoblicjéderevenirà C* Antioche
& de rentrer au lèrvice de l’églilè : il avoit au moins
alors vingt-fix ans.-
Après qu’il eut lervi cinq arts à l’autel, apparemment
en qualité de foudiacre , S. Melece l’ordonna diacre à
l’âge de trente 8c un ans. On croit que ce fut en ce tems
qu’il compoiâ les trois livres de la providence : pour
la confolation d’un moine de fes amis nommé Stagire
poffedé du.malinefprit, 8c plongé dans une triftelTe extrême
depuis cet accident: qui ne lui etoit arrivé qu’après
Serin» t .
588. A.
* !*?•
c* 1 , p» 588. A*
c*6» i- ii. A,
Vallait, p. 4 t.
p. 41,