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■jfT ^ fait foit bon , fbn ouvrage ne peut eftre auffi bon que
N* jlf ’ lui: car il ièroit injufte‘& impertinent de croire, que la
créature foit égale au créateur. Puis il infifta fur le pai-
fage de l’Apôtre , que la racine de tous les maux eft la
cupidité ; & venant à la prétendue nation de renebres,
il dit : Si c’eft elle feule qui peche , elle feule doit eftre
punie, & non pas l’ame. Car il l’ame eft contrainte de
mal faire, n’eft-il pasconrrelarailbn,que la nation dé
tenebres peche, & que j’en faife penrtence; qu’elle péché
, & qu’on m’en accorde le pardon.
G*rT.m Fortunat allégua les paifages deS. Paul, qui marquent
lai &e, vu. H en nous un combu at dj e li a chu ai- r contre H1 elip rt• t : a■ quoi
S. Auguftin répondit: Le premier homme a eu le libre
arbitre j en forte que rien ne refiftoit à là volonté, s’il
eût voulu garder les commandemens de Dieu : Mais
depuis qu’il a péché par là volonté libre, nous qui descendons
de lui, avons été précipitez dans la neceffité.
Chacun peut reconnoître en foi - même , qu’avant que
d’avoir contracté une habitude, nous fommes libres :
mais quand par cette liberté nous avons fait quelque
chofe , la douceur pernicieuiè 6c le plaifir de le faire ,
nous engage de telle forte, que nous ne pouvons plus
vaincre i’habitude, que nous avons formée nous-mêmes
; & c’eft cette habitude formée dans la chair , qui
combat contre l’ame. C’eft ce queN. S. appelle le bon
arbre ou le mauvais: pour montrer que dans ces deux
Matoe.xu.)}. ar^res) h marque le libre arbitre , & non deux natures
différentes, il dit: Ou faites le bon arbre , ou faites le
mauvais arbre. Qui peut faire la nature ?
Ilrevinteniuireà ia première queftion, Si preffaFor-
». l4. ij. tunat de dire, pourquoi Dieu, à qui rien ne peut nuire,
nous a envoyé ici contre la nation de tenebres. Il répondit
par ce paflage de l’apôtre : Le vafe de terre
dit-il à l’ouvrier : Pourquoi m’as-tu fait ainii ? il dit
d’abord qu’il y avoit neceffité : puis il foûtint que Dieu • 3 / •
avoir envoyé l’ame volontairement. S. Auguftin fit lire i8
fes paroles precedentes, pour montrer la contradiébion :
car on écrivoit à meiure qu’ils parloient. Enfin comme »-31-3 3- é*.
il le preffoit toujours de répondre, pourquoi Dieu, à
qui rien ne peut nuire, a envoyé icy l’ame dans la mi-
fere, il fut réduit à répondre : Que dois-je donc dire?
n* 3*.
Je iç a i, dit S. Auguftin, que vous n’avez rien à dire : 6c
que quand j’étois difciple des vôtres, je n’ai jamais rien
trouvé à répondre fur cette queftion ; 6c c’eft par où
Dieu m’a fait revenir de cette erreur.Mais fi vous avoüez
que vous n’avez rien à répondre, j’expliquerai la foi catholique
, en cas que les afliftans le trouvent bon. Fortunar
dit : Sans préjudice de ma déclaration , je vous
dirai que j’examinerai vos objections avec mes Supérieurs
; & s’ils ne me répondent pas bien, ce fera à moi
à confiderer , fi je dois chercher ce que vous offrez de
me faire voir, car je veuxauffi fauver mon ame. S. Auguftin
dit : Dieu foit loué. Ainfi finit la conférence.
Elle fit voir à tous ceux qui avoient grande opinion de
Fortunat, la foiblefle de fa iècbe qu’il avoit fi mal fou-
tenue 5 & il en eut tant de confufion , qu’il iè retira en-
fuite de la ville d’Hippone , 6c n’y revint plus tmaisil
ne fe convertit pas.
Aurelius, auparavant diacre de l’églife deCarthage, r«tres des.
venoitd’en eftre Fait évêque après Genethlius f & tous «ifus,-touchât
les gens de bien avoienr conçû une grande efperance , lcs A§arrai
que Dieu1 le ferviroit de lui, pour remedier aux maux
des églifes d’Afrique. H étoit déjà lié d’amitié avec S. Auguftin
, 6c il lui écrivit pour lui demander le fecours
de lès prières & de lès conièils. S. Auguftin lui fit ré-
gonfe, le remerciant au nom d’Alypius, & tous ceux E0,n.ai.(^
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XLI.