
t i z H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
ques à nous imiter,& mettre la grandeur dans les moeurs,
N‘ |P *" plûtôc que dans l ’exterieur ? Car nous faifons peu d’état
de ce qui frappe les yeux : notre grande application eft
à former l’homme intérieur, & à porter le peuple que
nous inftruifons aux chofes fpirituelles.- Ceci femble
montrer que les évêques & les prêtres ne portoient pas
encore d’ornemens confiderables, & que l ’appareil des
aflemblées ecclefiaftiques étoit fort fimple.
S. Grégoire continue : Que ferez vous enfuiteîVous
ferez paroître des interprètes des oracles divins, vous
ouvrirez des livres de théologie & de morale. Quels livres
, de quels auteurs ? Il fera beau de faire chanter la
théogonie d’Hefiode,!es guerres des Titans & des Géants
avec leurs noms terribles. Enfuite il fait paroître Orphée
& Homere, parcourant les f bles les plus infâmes
io;\c. & les plusabfurdes. Il montre lesimpertinences des alle-
gories,par lefquelles on s’effor.çoiü de lés expliquer. Car,
d it- il, s’il y a chez eux une autre théologie rqu’ôn nous
la montre à nud , afin que nous les combattions. Mais
pourquoi prefenter au peuple à fi grands fra is , des objets
impies ¿cfcandaleux, dans les temples & fur les autels
? S’ils difenr que ce font des inventions des poëtes,
pour attirer le peuple par la fable & par la mufique :
pourquoi rendent-ils de fi grands honneurs à ces poëtes,■
qui deshonorent leurs dieux . au lieu de les punir, comme
des impies ? Nous avons auffi une doctrine cachée :
mais ce qui paroît n’a rien d’indécent, & ce que l’on
cache eft merveilleux: c’eft un beau corps dont l’habit
n’eil pas méprifable. Pour vos fables, leur fens caché
eftincroïable, & l'écorce pernicieufe. Apres ladoélrine
des païens, il attaque leur morale , & montre que leurs
fables renverfent les plus grands principes: comme l'union
entre les hommes, fondement de lafocieté civile,,
le
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le refpedt pour les parens, le mépris des richeffes, la
c h a f t c t é & la fobrieté : puis il oppofe la perfection de N' ^ 6
la morale Chrétienne.
Dans le fécond difcours contre Julien, S. Grégoire
marque les reproches ordinaires des païçiis contre les
Chrétiens ën ces termes : Voilà ce que nous difons nous f . 11%.
autrespauvres Galiléens adoraceurs du crucifié, difci-
p l e s des pêçheurs & des ignorans. Nous qui chantons
aifis avec de vieilles femmes,, confumez par de longs
jeûnes & demi-paons de faim i paifant la nuit en des
[ veilles inutiles. Et enfuite : Nous n’avions autres armes,
I autre muraille , autre défenfe que î’efperance en Dieu :
! ét mt entièrement deftituez de tout fecours humain ,
I montrant que les feules armes des Chrétiens perfecutez
I font les prières. Il conclut par deux avis importans qu’il ?. ns.c.
[ donne auxfidelles. Le premier de profiter du châtiment,
& ne pas oublier la tempêtp dans le temps du calmec
[ Témoignons notre )oïe , dic-il, non par la propreté du p.n,.c
f corps, la magnificence des habits, les feftins & les excès
. de bouche, dont vous fçavez les fuites encore plus hon-
| teufes. N ’ornons pas de fleurs nos places publiques, ou
les veftibules de nos mai ions sn’y allumons pasdes lampes,
& nc les deshonorons pas par le fon des flûtes, &
nos tables en y répandant des parfums. Ç ’eft ainfi que
les païens celebrent leurs nouvelles lunes ; mais ce n’eft
pas ainfi que nous devons honorer Dieu. C ’cft par la pureté
de 1 ame, par la joie intérieure, la lumières des fain-
tes pcnfées, l'onCtion myftique, La table fpiritu.elle. L’autre
avis qu il donne aux fi d elles, eft de ne pas fe préva- p ¡¡or?»,
loir du temps pour fe vanger des païens, mais de les
vaincre par leur douceur. Que pelui ,.d it - il, qui eft le
plus animé contr’eux les rcferve au jugement de Dieu.
Ne fongeons ni a faire eonfifqucr leurs biens,, ni à les.
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