
An. 3 9 2. ^ui vivoient avec lui en communauté, de l’amitié qu’il
leur témoignoit. Puis entrant en matière, il l’exhorte à
corriger l’abus qui s’étoit introduit en Afrique, dans
les feftins que l’on faifoit eh l’honneur des martyrs :
non-feulement les feftes, mais tous les jours, & dans
les églifes mêmes. Il lui propofe l’exemple de l’Italie,
& de la plupart des égliles de deçà la mer , où ces de-
fordres n’étoient point : foit parce qu’ils n’y avoient jamais
été, foit parce que l’application des évêques les
avoient abolis. Ce mal eft iï grand, ajoûte-t-il, qu’il ne
peut eftre guéri, que par l’autorité d’un concile: ou; fi
une églife doit commencer , c’eft celle de Carthage.
Mais il faut s’y prendre doucement : car on n’ôte pas
b!jU ces abus durement ni d’une maniéré imperieule : c’eft
plutôt en enfeignant qu’en commandant 3 plutôt en
avertiflànt qu’en menaçant. Car c’eft ainfi qu’il faut
agir avec la multitude ; & uièr de ièverité contre les
pechez des particuliers. Que fi nous faiions quelques
menaces, que ce foit avec douleur : propoiànt la vengeance
future par les écritures, afin que ce ne foit pas
nous & notre puifïànce , mais Dieu que l’on craigne
dans notre difcours. Ainfi les fpirituels feront touchez
les premiers ; & ils gagneront le refte de la multitude
par leur autorité. Mais parce que ces yvrogneries &
ces feftins dilïolus qui fè font dans les cimetieres , font
regardez par le peuple groiïier & ignorant, non-feulement
comme les honneurs des martyrs, mais encore
comme le foulagement des morts : je crois que l’on
pourra plus facilement les en détourner , fi en les défendant
par l’autorité des écritures, on prend foin en
même tems, que l’on ne faffè point trop de dépenfe
aux offrandes qui ie font fur les monumens des morts :
car l’on doit croire qu’elles leur font ¡véritablement;
L i v r e d i x-n e u v i e’ m e. ¿ 3 1
utiles, fi on les diftribuë de bonne grâce k tous ceux q u i —
en demandent. Ces offrandes fur les fepultures, font 3 9 3 *
marquées dans le livre de Tobie. r«b.u. 1%,
Le refte de la lettre de fàint Auguftin à Aurelius, contient
des avis très-iàges & très-modeftes, touchant la
maniéré de conferver l’humilité au milieu des honneurs
& des loüanges, fans préjudice de l’autorité. Aurelius
fuivit le confèil de S. Auguftin, & affembla à Hippone
un concile général de toute l’Afrique, où furent fairs uso. mc' f\
plufieurs canons qui fèrvirent de modèle aux conciles
fuivans. On en compte jufques à quarante-un, dont le
trente-uniéme défend à l’évêque & aux clercs de man- C‘J >
ger dans l’églife, finon par neceffité en paflant : & ordonne
d’empêcher auffi le peuple de faire de tels repas,
autant qu’il fera poffible. Ce concile fit auffi un décret,
touchant la réünion des Donatiftes , en ces termes :
Dans les conciles precedens, il a été ordonné que nous îiH8i.b,
ne recevrions aucunDonatifte en ion rang du clergé, O O
mais au nombre des laïques, en veüe du falut, qu’il ne
faut refufèrà perfonne. Toutefois à caufe du befoin de
clercs, qui eft tel dans l’églifè d’Afrique que quelques
lieux font entièrement abandonnez : il a été refolu, que
l’on exceptera de cette réglé, ceux dont on fera alluré
qu’ils n’auront point rebaptifë : ou qui voudront pafifer
avec leurs peuples à la communion de l’églife catholique.
Car il ne faut pas douter , que le bien de la paix
& le iàcrifice de la charité n’efface le mal qu’ils ont fait
en rebaptifànt, entraînez par l’autorité de leurs ancêtres.
Mais cette réfolution ne fera confirmée, qu’après a-
voir eonfulté l’églife d’outremer. Ce concile d’Hippone
fut tenu dans la fàle du concile de la Bafilique de la paix,
fous le confulat de l’empereur Theodofe avec Abon- | | | É j f
dantius, c’eft-à-dire, l’an 3 g 3. le huitième d’Oélobre. Conc» 164.1. Co