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permit d’être continuellement auprès de lui ; 8c après
qu’il l’eut inftruit pendant trois ans, il le baptiià, & le
fit lecteur. Jean attira à la retraite Théodore & Maxime,,
qui étudioitavec lui fous Libanius. Théodore fut depuis
évêque de Mopfuefte en Cilicie, & Maxime de Se-
leucie en Ifaurie. Tous trois s’exercèrent à la vie aiceti-
que,iousladiiciplinedeCartere , 8c de Diodore depuis
évêque de Tharfe.
Jean avoit encore un ami plus intime nommé Bafile,
avec qui il délibéra fur le genre de vie qu’ils devoienc
embraiTer j & ils conclurent pour la vie folitaire : Baille
s’y refolut fans heliter. Jean eut plus de peine à
quitter le monde, 8c fut retenu principalement par les
prières & les larmes de fa mere , qui pour toute recom-
penfe de ià viduité & des foins qu’elle avoit pris de ion
éducation , ne lui demandoit que de ne la pas abandonner
, lui laiiîânt la liberté de vivre après û mort comme
il voudroit. Baiile exhortoit Jean à s’élever audeiTus
de ces conilderations : lors qu’il courut un bruit que
l ’on vouloir les faire évêques. Jean en futfurpris, ne
comprenant pas pourquoi on penfoit à lui ; & craignit
qu’on ne l’ordonnât par force , comme il étqit alors afi
fez ordinaire. Baille vint le trouver en particulier,
croyant lui apprendre cette nouvelle 5 8c le pria d’agir
de concert avec lui en cette rencontre , comme ils fai-
foient en toutes leurs affaires. Car , d it-il, je prendrai
le même parti que v o u s , foitpour fuir l’épifcopat, foit
pour l’accepter. Jean ne crut pas devoir faire ce tort à
î’églife de la priver du fervice d’un homme capable ,
quoique jeune , de la conduite des ames :if diffimula
donc avec lui pour la première fois, &c dit que rien ne
preiToit, & qu’il étoit d’avis de remettre cette délibération
à un autre tems. Cependant il fe cacha 5 & peu de
L i v r e d i x - n e u v i e ’ m e . ^ 4 7
tems après, celui qui devoit les ordonner étoit venu. Bafile
qui ne iè doutoit de rien, fut mené fous un autre prétexte,
& fe laiiïa ordonner, croyant que Jean en feroit
autant. On le trompa même, en lui difànt, que celui qui
étoit le plus fier & le plus indocile avoit cédé au jugement
des évêques. Mais quand Bafile fçut que Jean s’é-
toit mis à couvert, il le vint trouver pour fe plaindre
amèrement de l’artifice, dont il avoit uie pour l’engager.
Jean lui expliqua fesraiions , & cette converiàtion
fut le fujet des livres du facerdoce, que Jean écrivit depuis.
On ne fait qui eftee Bafile ami de S. Jean Chryfo-
ftome, fi ce n’eft Maxime évêque de Seleucie en Iiàurie,
qui en ce cas auroit eu deux noms.
Cependant iâint Jean Chryfoftome après avoir été
ordonné leéteur, ne jugeant pas en ià confciencè que les
travaux qu’il pouvoit faire dans la ville , fulTent fuffi-
iàns pour dompter l’ardeur de ià jeunefle , Ce retira fur
les montagnes voifines d’Antioche ; & ayant trouvé un
vieillard Syrien , fort appliqué à la mortification , il
imita la dureté de fa vie ,< & fut quatre ans ious fa difi
cipline. Enfuite il fe retira ièul dans une caverne , cherchant
à être inconnu. Il y demeura deux ans" , fans
prefque dormir , & iàns jamais fe coucher ni jour ni
nuit, enforte que le froid lui rendit comme mortes certaines
parties du corps. Son occupation étoit d’étudier
l’écriture iàinte , 8c de compoièr quelques ouvrages de
pieté.
Ce fut donc pendant cette retraite qu’il écrivit les
trois livres pour la défenie de la vie monaftique. Car
plufieurs en regardoient l’aufterité comme exceffive ,
& employoient les menaces & les violences pour en empêcher
la propagation. Ce n’étoit pas feulement les
payens , mais des Chrétiens même ; & il y en eut un
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V. Hermant• U
1. c» I I .
Vallad, dialog.
t* 41*
vin. Défèniè delà
vie monaftique.
To. 4«