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Greg. or. lo.p,
MS. c. JU8.
itfS H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
re fa mémoire le trentième jour de May. S. Bafile fur
plus touché de cette mort, que fon âgé Sc fa vertu ne
fembloient lui permettre. Il fortoit d’une maladie qui
e‘‘Jjhi.Timo}!? 1 avoit réduit à l’extrémité, 5e que la rigueur exceffive
de l’hyver avoit rendue plus fâcheufe ; 5c l’état où il
voioit l’églife n’étoit pas propre à leconfoler.
S. Grégoire de Nazianzè perdit vers le même temps.
Cefaire fon frere & Gorgonie fa foeur que l’églife
compte auffi entre les faines. Cefaire avoit été glorieu-
fement rappelléà la cour par Jovien; 5c Valens l’avoit
fait queiteur ou tréiorier de la Bithinie où il demeu-
roit. S. Grégoire ,.loin de s’en réjoiiir, étoit affligé de le
voirembarraffé d’affaires temporelles, 5e l’exhortoit à
s’en dégager. Il fut déterminé par l’accident du tremblement
de terre , qui acheva de renverfer la ville de Ni-
id.curnrip. !4 c. cée le onzième jour d’Otffobre 3 ¿8. Cefaire fut prefque
lefeul homme de marque qui s’enfauva ; mais il perdit
une partie de fon bien, 5e demeura enveloppé fous les
ruines, dont il fe retira comme par miracle avec de légères
bleffures. Il réfolut donc de fe donner entièrement
a Dieu : mais il mourut peu de temps après, aïant auparavant
reçû le baptême , 5e laiffa fes biens aux pauvres
, n’aïant ni femme ni enfans. S. Grégoire fon frere
fit fonoiaifon funebre,en préfence de fon pere & de fa
mere. L’églife grecque honore la mémoire de Cefaire
le neuvième de Mars, ôe l’églife latine le vingt-cinquième
de Février. Sainte Gorgonie leur foeur mourut
quelque temps après, ôefaint Grégoire lui fit auffi une
oraifon funebre : où dépeignant fes vertus , il donne le
modèle de la perfeéàion chrétienne pour les femmes
mariées. Son recueillement 5e fa modeftie alloient juf-
ques à compter pour beaucoup le moindre fou ris : elle
mortiEoit fes jeux , fes oreilles 5c tous fes fens : elle
méprifoit
Oratalo. p .iJ i.C .
Qrat. j i .p . igii
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méprifoit la parure, dont les femmes font fi curieufes :
mais elle prenoit grand foin de la décoration des églifes.
Quoiqu’elle eût un grand efprit, une prudence qui la
rendoit le confeil detoi.it le pars, une connoiffance profonde
des myfteres de la religion ; tant par la leéàure
des livres facrez, que par fes propres méditations : elle
n’en étoit pas moins affectionnée au filence, 5e prenoit
grand foinde cacher fes bonnes oeuvres, & d'avoir plus
de pieté au dedans qu’elle n’en marquoit au dehors. Sa
maifon étoit ouverte à.toutes lesperfonnes vertueufes;-
elle avoit un refpeCt particulier pour les prêtres, une
compaffion tendre pour les affligez, 5c faifoit de grandes
liberalitez aux pauvres, particulièrement aux veir-
ves. Ses prières étoient ferventes 5e attentives, fes larmes
abondantes, fes génuflexions fréquentes : fes jeûnes,
fes veilles,fon application à lapfalmodien’étoient
pas moindres. Cependant elle ne fut baptifée que vers t-*ts-.'
la fin de fa vie : mais avant qiie de mourir,elle eut la cou-
folation de voir fon mari,fes fils 5c fes petits-fils recevoir
la même grâce. Sa confiance en Dieu étoit telle,qu’après une chûte dangereufe,elle ne voulut point par modeftie
emploïer le fecours de la médecine,&fe trouva miracu-
leufement guérie. Une autre fois dans une grande ma-
ladieoù les médecins defefperoient de fa fanté, elle mit
fa tête fut l’autel, & commença à prier avec des cris 5c /. 187.^.'
des larmes abondantes, dont elle fe fit une onélion , y
mêlant ce qu’elle avoir pû réferver des antitypes du précieux
corps ou du fang,c’eft- à-dire,>de la fainte Eucha-
riftie, 5c s en retourna auffi-tôt guérie parfaitement ;ce
qui ne peut être arrivé qu’après fon baptême , puifquc
1 on n’a jamais donné l’euchariftie qu’aux fidèles bapti-
fez. Telle fut fainte Gorgonie , dont l’églile honore la
mémoire le neuyiéme Décembre.
Tome IW.. 'ÿf