
iM H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
core ils lexonjuroient en foupirant 8c jettant des tor-
rens de larmes , de ne les pas abandonner à la merci des
loups. Pourreponfeg il leur lût le paffagede l’Apôtre
qui ordonne d’obéir aux puiiTanccs. Quand ils virent
quils ne pou voient le perfuader : ils lui offrirent pour
les beioins d’un fi grand voïage, de l’o r, de 1 argent ,
des habits & des efclaves. Il fe contenta de très-peu de
choie qu’il reçut de fes amis les plus particuliers ; 8c
il rortiha tous les aififtans par fes inftru&ions & par fes
pricres, les exhortant à combattre pour la doétrine
apoitohque. Enfuiteilpritle chemin aller au lieu de fon exil. du Danube , pour
Les Ariens envoierent a Samofate , pour remplir fa
p ace , un homme doux 8c modefte nommé Eunomius.
Mais perfonnede quelle condition que ce fut , ne ve-
noit avec luis’affembler dans leglife : on le laiffoit fcul,
ians vouloirlui parler, ni même le voir. Un jour étant
au bain , comme il vit que fes valets en avoient fermé
les portes, 8c que. plufieurs perfonnes attendoient dehors
: il fit ouvrir & invita tout le monde avenir librement
le baigner. Mais voïant encore que ceux qui
etoient entrez sarrêtoient, fans fe mettre dans l’eau, il
es pria cl y entrer avec lui'; 8c comme iis demeurèrent
en filence, il crut que c etoit par refpeèt , 8c pour ne
les pas contraindre, il fe retira promptement. Alors ils
firent ecouler l’eau où il s etoit lavé, comme infeôtée
de ion herefie, 8c s’en firent donner d’autre. Ce qu’Eu-
nomius aïant appris, il quitta la ville, jugeant qu’il y
avoit de la folie à y demeurer avec une telle haine des
a itaiis. A fa place , les Ariens envoierent un nommé
™.*rA Lucius hardi & violent. Comme il paffoit dans la rue ,
une balle que des enfans fe jettoient en jouant, paffa
entre les jambes de l’âne fur lequel il étoit monté. Ils
L i v r e d i x - s e p t i e ’me . I ipj
firent un grand cri,croïant que leur balle étoit maudite î
Lucius s’en apperçut, 8c commanda à un de fes gens ,
de voir ce qu’ils feroient. Ces enfans allumèrent du feu
& firent pafler leur balle au travers pour la purifier.Telle
étoit l’avcrfion du peuple de Samofate contreLucius.il
n’en fut point touché, au contraire il fie releguer plufieurs
ecclefiaftiques : entre autres le diacre Evcj:ius,
dans la ville déferre d’Oafis au-delà de l’Egypte : 8c le
prêtre Antiochus neveudeS. Eufebe 8c fils de fon frero,
en un coin de l’Arménie. Mais tout cela n’artiva pas en
même temps. Car Antiochus fut quelque temps avec
fononcle;& faint Bafile lui écrivant,le félicité de ceque
l’exil 1 ui donne occafion de le poffeder plus en repos, Ep.ié,.
que lorfqu’il étoit occupé avec lui du gouvernement de
l’églife.
S. Eufebe allant au lieu de fon exil paffa par la Cap- Soi ^
padoce;& faint Grégoire de Nazianze n’aïant pû le voir, pour les <
parce qu’il étoit extrêmement malade, lui écrivit 8c fe Gr‘s' tf'
recommanda à fes prieres, comme à celles d’un martyr.
S. Bafile lui écrivit auffi plufieurs lettres, 8c en reçut
plufieurs pendant cet exil ; 8c prit foin de lui faire tenir
les lettres qui venoient de Samofate. Il avoit correfpon-
danceavecOtréeévêque de Melitine dans la petite Arménie,&
apparemment fucceffeur d’Uranius. Il lui écrivit
qu’ils fe confoleroient l’un l’autre de l’abfence de
faint Eufebe : Vous,dit-il,en m’écrivant ce qui fepafie
à Samofate, & moi en vous mandant ce que j’apprendrai
de Thrace. Il écrivit au confeil public de Samofate,pour E?,1S4'
confoler & encourager la ville , à laquelle il rend ce témoignage,
qu’aucune ville de Syrie ne s’étoit tant fi-
gnaléc en cette perfecution. Mais il arriva quelque divi-
fion entre le clergé de Samofate : fur quoi S. Bafile leur
envoïantune lettre de S. Eufebe,leur en écrivit une trèsuu.
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