
i/a H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .’
---------------dans l’ifle de Chypre,après avoir inutilement cherché à
hLm'a fa^Zt' Gacher en divers païs. Il avoit demeuré un an dans le
defert d’Oafis, quandundefesdifciples nommé Adrien,
lui apporta la nouvelle que Julien étoit m ort, & qu’un
empereur chrétien regnoit à fa placé : l’invitant à retourner
à fon nîonaftere de Palefline. Le faint rejetta
bien loin cette propofition, & aïant loiié un chameau,il
vint à Paretoine où il s’embarqua pour paffer en Sicile
, avec un de fes difciples nommé Zanan. Au milieu de la
c. 30. mer le fils du patron fut faifi du démon , & commença
à crier : Hilarion ferviteur de Dieu, pourquoi ne nous
laiffe-tu pas en repos du moins fur mer ? Donne-moi le
temps d’arriver à terre. Il répondit : Si mon Dieu te le
permet, demeure. S’il te chaffe , pourquoi t’en prens-tu
à un pecheur &r un mendiant ? Il parloit ainfi , de peur
que les mariniers & les marchands ne le découvriflent
quand ils feroient arrivez. L’enfant fut délivré peu de
temps après ; mais le faint fit promettre au pere & à tous
les autres, qu’ils nediroient fon nom à perfonne. Etant
abordez à Pachin en Sicile, il offrit au patron pour païer
fon paflagê & celui de fon difciple, un livre des évangiles,
qu’étant jeune il avoit écrit de fa main. Le patron
le refufa, d’autant plus qh’il voïoit qu’ils n’avoient pour
tout bien que ce livre & les habits qu’ils portoient.
S. Hilarion craig'nant d’être découvert par les marchands
d’Orient, s’avança dans. les terres à vingt milles
de la mer, & s’arrêta dans un lieu defert , où ramaf-
fant du bois,il faifoit tous les jours un fagot,qu’il met-
toit furie dos de fon difciple, afin de le vendre au prochain
village & d’acheter un peu de pain pour eux , &
pour ceux qui venoient par hazard les trouver. Cepen-
dantun pofledé s’écria à Rome dansl’églife de S. Pierre :
..3«. Il y a quelques jours qu’Hilarion ferviteur de J . C. eft
entré
entré en Sicile ; il croit être bien caché : mais je m’en ^ '
vais le découvrir. En effet : il s’embarqua avec fes ef- ’ 3 • '
claves, aborda à Pachyn, alla fe profterner devant la
cabane du faint vieillard, & fut aufli-tôt délivré. Depuis
ce temps-làune multitude innombrable de malades
& de perfonnes pieufes vinrent à lui. Entr’autres un des
principaux qui étant guéri d’hydropifie, lui offrit de
grands prefens : mais il lui dit cette, parole de l’évangile
: Vous l’avez reçû gratuitement, donnez-le gratui- u«th.x.%.
tement.
D’un autre côté Hefychius fidele difciple de S. Hila- c. p;
rion le cherchoit par to u t, perfuadé que quelque part
qu’il fût, il ne feroit pas long-temps caché. Enfin à Me-
thone, aujourd’hui Modon à l’extrémité du Pelopo-
nefe , un Juif qui vendoit de vieilles hardes , lui dit ;
qu’il avoit paru en Sicile un prophète des Chrétiens, &
qu’il faifoit tant de miracles , qu’on le prenoit pour un «.
des faints de l’antiquité. Hefychius s’embarqua donc,
arriva heureufement à Pachyn ; Sc s'étant informe du
faint au premier village , il trouva que tout le monde
le connoiffoit : rqais ce qu’on admiroit le plus, c’eft
qu’après tant de miracles, il n’avoit rien pris de perfonne
, pas même un morceau de pain. Hefychius apprit
bien tôt de Zanan, que le faint vieillard étoit refolu
d’aller en quelque païs barbare, où l’on n’entendit pas
même fa langue : Il le mena donc à Epidaure en Dalma-
tie, où il fut bien tôt découvert par fes miracles. Il délivra
le païs d’un ferpent de grandeur énorme, qui dévo-
roit les troupeaux & les hommes mêmes ; & dans le Amm. zxn. m
tremblement de terre qui arriva le douzième des calen- neHUr.chr.
des d’Août, fous le premier confulat de Valentinien & ^
de Valens, c’eft-à-dire le vingt-uniéme Juillet l’an ^
la mer aïant paffé fes bornes, & menaçant la ville eod.p. ¿©1.
Tome IV'. ' V