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ï i 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
~ ■ regarda d’un oeil fevere,& dit : Cet habit n’eft pas à elle.
N- 3 ^3 - Le pere affûroit que fi ;& S. Pacome ajoûta : Je fçai
bien qu’il eft à elle , mais elle avoit confacré à Dieu fa
virginité , & ne l’a pas gardée : c’eft pourquoi j’ai dit
que ce n’étoit pas là fon habit. Qu’elle vous promette
en la prefence de Dieu de vivre déformais en continence
, & J. C . la guérira. Le pere affligé examina fa fille ,
que lui confeiTa fa faute, & lui promit avec ferment de
n’y plus retomber. Alors S. Pacome pria pour elle , &
lui envoïa de l’huile qu’il avoit benite : fi-tôtqu’elle en
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eut été ointe elle fut guérie.
Un autre homme aïant un fils poffedé, vint trouver
S. Pacome qui lui donna un pain b en i, lui recommandant
foigneufemenr d’en faire toujours prendre un peu
au poffedé avant fes repas. Le pere lui en donna -, mais le
démon ne lui permit pas d’en goûter : & aïant devant
lui d’autre pain , il en emplit fes mains, & commença
d’en manger. Le pere rompit le pain beni en petits
morceaux qu’il cacha dans des dattes, dont ilavoi't ôté
les noïaux, & ne donna autre chofe à manger à fon fils
que ces dattes: mais le poffedé les ouvrit, jetta les morceaux
de pain, & ne touchant pas même aux dattes, il ne
vouloir rien manger. Le pere le laiffa plufieurs jours fans
nourriture. Enfin preffé de la faim, il prit du pain beni,
s’endormit au ih -tô t,& fut délivré du démon. S. Pacome
guérit plufieurs autres malades ; mais quand Dieu
n’exauçoit pas fes prières, il ne s’en affligeoit pas ; per-
fuadé que fouvent il nous fait plus, de grâce de nous rc-
fufer ce que nous lui demandons,que de nous l’accorder.
<••39- Varus évêque de Panos écrivit à faint Pacome , le
priant de venir fonder des monafteres auprès de fa
ville. Il 1 ui accorda fa demande, ¡te vifita en paffant
tous les monafteres qui étoientfous fa conduite. Quand
il
L i v r e q j j i n z t e ’m e . i i
il fut arrivé à Panos avec fes moines, l’évêque le reçut -
avec un très-grand refpeét, firune grande fête à fa ve- ^ N* 363-
nuë , ôc lui donna des places pour bâtir les monafteres.
Le faint homme y travailla avec joie : mais comme on
faifoit un mur de clôture , quelques médians venoient
la nuit abattre ce que l’on avoir bâti le jour. Le faint
vieillard exhortoit fes difciples à le fouffriravec patience:
mais Dieu en fit juftice ; & ces méchans s’étant af-
femblez pour continuer leur crime , furent brûlez par
un ange & coniumez , enforte qu’ils ne parurent plus.
Le bâtiment étant achevé , S. Pacome y laiiïa des moines,
à qui il donna pour fuperieur Samuel , homme
d’une humeur gaïe & d’une grande frugalité. Et parce
que ces monafteres étoient près de la v ille , il y demeura
long temps lui-même , jufqu’à ce que ce nouvel éta-
bliflement fût bien affermi.
Il avoit le don de prophétie , & Dieu lui révéla en- '•
tre autres chofes quel feroit l’état de fes monafteres
après fa mort. Qu’ils s’étendroient extrêmement,&que
quelques uns des moines conferveroient la pieté & l’ab-
ftinence; mais que plufieurs tomberoient dans le relâchement
&i fe perdroient. Que ce mal arriveroit principalement
par la négligence des fuperieurs , qui manquant
de confiance en Dieu , ¡te cherchant à plaire à la
multitude,femeroient la difeorde, & n’auroient plus
que l’habit de moine. Que les pires s’étant une fois emparez
du gouvernement, il fe formeroit des jaloufies
& des querelles : on afpireroit aux charges avec ambition
, & le choix ne fe feroit plus par le mérite, mais
par l’ancienneté : les bons n’auroient plus la liberté de
parler , & fe tenant en filence & en repos , Ceroient'
encore perfecurez. Saint Pacome extrêmement affligé
de cette .révélation , fut confolé par une viilon ceicfte
Terne LF~. EL