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T ” ” Ton vifage majeflueuxôe la douceur de Tes moeurs , lui
N' ^ firent croire qu'il pourroit remplir dignement cette
place, & il s’arrêta à cette penfée. Il le mena doncàl’é-
vêque d’Antioche, c’eft-à-dire à F lavien, l'entretint de
ion mérité, & le pria d'y faire une ferieuie rt flexion.
Comme on propofoit plufieurs perfonnes très-confi-
derables pour cette place: la penfée de Diodore fit rire
Fiavien. Toutefois il fit venir Neélaire , & le pria de
retarder un peu fon départ. Peu de rems après, l’empereur
ordonna aux évêques d’écrire fur un papier les
noms de ceux qu’ils jugeroient dignes du fiege de C P.
fe refervant d’en choifir un entre tous. Chacun dreffa
fon mémoire, 6c l’ évêque d’Antioche ayant mis dans
le fien ceux qu’il voulut , y ajouta à la fin Neélaire ,
pour faire plaifir à Diodore. L’empereur ayant lû ces
noms , s’arrêta fur Neélaire ; 6c demeura quelque tems
à penfer en lui-même, tenant, le doigt arrêté fur lader-
niere lign e : puis revenant au commencement, il parcourut
encore tous les noms, &i choifit N eélaire. Tout
le monde en fut étonné : on demandoit qui étoit-ce
N aélaire, de quelle condition ôt de quel païs ; 6c quand
on fçûc qu’il n’ étoit pas même baptifé , on s’étonna encore
plus du choix de l’empereur. On croit que D iodore
lui même y futtrompé, que l’âge de Neêfaire lui fit jug
e r , qu’il écou baptifé, 6c qu’autrement il n’auroitpas
ofé le propofer pour I épifcopac. Quoiqu’il en fo it, cet
événement fut regardé comme ayant quelque chofe de
divin. Car quand l’empereur eût appris qu’ il n’étoic
point baptifé, il perfifta dans fon choix, nonobftapt la
réfiftancé de plufieurs évêques. Enfin ils cederent tous
à la volonté du prince, 8c au defir du peuple qui de-
¡,c r . j. c. s. mandoit aufli Neélaire: il fut baptifé, 8e portant encore
l’habit blanc de néophyte, il fut déclaré évêque de C Pd’un
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L i v r e d i x - h u i t i e ’m é .' 401 — — •— -
d’un commun confentement de tout leconcile. On a 5 ^I "
remarqué les deux Gregoires en particulier, c’efl-à-dire d™™, *p.
celui de Nazianze & celui de Nyflfe, comme ayant
concouru à cette éleélion avec Diodore de Tarfe. L’em- ’ * ’
pereur Theodoiè envoya des députez de ià cour avec des Bonif- '?■ *'•
i évêques,pour demander au pape fa lettre formée en con- iTont
firmation de l’éleétion de Neélaire. ' h I7°8'DNeélaire
apprit les fonétions épifcopales de Cyriaque Snom, TII.
évêque d’Adane en Cilicie : car il pria Diodore fon me- *•I0*
I tropolitain , de trouver bon qu’il demeurât quelque
r temps avec lui. Il retint plufieurs autres Ciliciens : en-
I tre-autres Martyrius fon Médecin , confident des de-
I fordres de fâ jeuneflfe. Neélaire vouloit l’ordonner dia-
I cre, mais Martyrius ne le fouffrit pas: affinant qu’il en
I etoit indigne, & prenant Neélaire lui-même à témoin
L du dereglement de fa viepaifée. Et moi, dit Neélaire,
I qui fuisàpreiènt évêque, n’ai-je pas mené une vie en-
I core plus defordonnée que la vô tre , & ne m’avez-vous
I pas fouvent lervi dans mes débauches ? Mais, répondit
I Martyrius, vous venez d’être purifié par le baptême, &
! vous avez reçu par deflus la grâce du facerdoce ; en-
■ forte que je ne trouve point de différence entre vous
I & les enfansnouveaux-nez : moi au contraire, j’ai re-
I çû le baptême il y a long-tems, & j’ai continué de
I vivre comme auparavant. Ainfi il demeura ferme à re-
I fuièr l’ordination.
S* Melece avoit d’abord prefidé au concile de C. P. sjlboi? de
H Apres fà mort, ce fut S. Grégoire de NazianA : après la c‘ p*
■ celîion de S. Grégoire, Timothée d’Alexandrie,& enfin
I Neélaire. Il eil difficile de marquer enquel tems précis,
V & fous quel prefident fe paflerent les aélionsdu conci-
I le: mais il eil certain que l’on y fit un décret fur la fo i ,
& quelques canons de difeipline. L’empereur Théo- s«;.
Tome I F . Eee